Crise sociopolitique au Mali : Le départ d’IBK provoquera-t-il le tournant générationnel ?
L’autre défi de la crise sociopolitique malienne est la problématique du renouvellement du leadership politique. Après 30 ans de parcours démocratique parsemé d’embûches, le Mali réussira-t-il le tournant générationnel de sa classe politique taxée d’avoir échoué ?
maliweb.net - Avec la démission militairement assistée du président IBK le 18 août dernier, plus d’un observateur de la scène politique nationale table sur l’opportunité de mettre à la retraite les acteurs dits du mouvement démocratique. Certains, plus sévères, estiment que la crise multidimensionnelle que traverse le pays depuis 2012 est la preuve de l’échec cuisant de ce mouvement démocratique.
C’est dans ce sens que les vieux leaders politiques ayant participé à la chute de la dictature du Général Moussa Traoré en 1991 font l’objet de divers procès en laxisme, en complaisance voire en compromissions multiples ayant fragilisé la démocratie malienne. Des leaders politiques comme Me Mountaga Tall, Dr Choguel Kokalla Maïga, Oumar Mariko, Soumaïla Cissé (pris en otage depuis plusieurs mois) et autres sont critiqués et leur retraite réclamée par de nombreux jeunes leaders.
Même au sein du mouvement contestataire, le M5-RFP, qui a conduit au renversement du président IBK, ce procès en sorcellerie a cours en sourdine. Et l’un des jeunes de la nouvelle génération, Issa Kaou N’Djim n’a pas hésité la semaine dernière à déclarer publiquement que leur mission, après la chute d’IBK, est de travailler pour mettre à la retraite les « politiciens » qui ont obtenu l’ouverture démocratique dans le pays.
La question qui se pose, dès lors, est de savoir si le changement auquel aspire le peuple malien passe nécessairement par une marginalisation de cette première génération de la classe politique. Peut-on envisager que la refondation de l’Etat malien doit passer par un changement total des acteurs de la scène politique ? Les acteurs du mouvement démocratique ont-ils démérité en termes du bilan de la démocratie au Mali?
Il faut reconnaître qu’après la chute du Général Moussa Traoré, les dix ans de la gouvernance Alpha Oumar Konaré, les observateurs ont noté une forme d’enrichissement illicite au sein des acteurs de la classe politique. L’on a ainsi parlé des « milliardaires de la démocratie », qui ont, semble-t-il, injustement tiré profit de l’ouverture démocratique. Ce qui a traduit, dans une certaine mesure, une propension vers la mauvaise gouvernance. Surtout qu’à partir de ce moment et durant la gouvernance Amadou Toumani Touré, l’on va déplorer un déficit de renforcement des capacités opérationnelles des forces de défense du pays. La conséquence sera probablement la crise sécuritaire de 2012 avec le constat amer de forces amères sous-équipées, démotivées. Cela aboutira au coup d’Etat du 22 mars et l’effondrement de l’Etat malien. Ce qui ne se fera pas sans une décrédibilisation de la classe politique.
Sauf que ce discrédit ne devrait pas pousser à jeter le bébé avec l’eau du bain. Surtout que l’adage selon lequel c’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle est bien connu. Les acteurs du mouvement démocratique, même s’ils semblent vieillissants, peuvent mettre leur expérience au service de la nouvelle génération de leader politique. C’est donc à travers un savant dosage entre l’ancienne et la nouvelle génération que la refondation de l’Etat malien devrait s’opérer, quand on sait que les vieux dinosaures de la politique malienne ont posé les jalons inaltérables comme les libertés démocratiques, le pluralisme intégral et les bases des droits de l’homme.
Boubou SIDIBE/Maliweb.net
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