Côte d’Ivoire : Ahoua Don Mello sort de ses réserves
Ahoua Don Mello, ancien ministre de Gbagbo, a rompu le silence. Depuis l’exil, il vient de lever un coin de voile sur la vérité de la crise post électorale en Côte-D’ivoire. L’ex ministre au forcing de Gbagbo s’insurge contre la France et l’ONUCI. Mais surtout contre l’Union Africaine, qu’il invite à prendre l’avenir du continent à bras le corps. Ahoua Don Mello parle aussi des « ponts d’une réconciliation durable, dans son pays ».
« Commencée en 2002 avec un seul visage, la guerre ivoirienne s’est terminée en 2011 avec tous les visages dont celui de la France en première ligne avec des bombes larguées sur nos têtes pour nous protéger ».
C’est en ces termes que l’ex ministre ivoirien entame sa version des faits.
A en croire Don Mello, au-delà de la résolution 1975 de l’ONU, en violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu conclu en 2003 et qui a justifié l’envoi des forces onusiennes, en violation de l’embargo sur les armes et de l’accord de fin de guerre conclu en 2005 à Pretoria, la Côte-d’Ivoire a vécu une page sombre de son histoire sous l’instigation de la France qui a réussi à diviser pour mieux régner en jouant au pyromane et au pompier et en se jouant de l’Union Africaine mise à la touche à la dernière minute.
Pour lui, il est temps que les Africains comprennent définitivement que notre salut ne viendra pas de l’extérieur et que ce ne sont pas les primes de guerre que les différents bailleurs de fonds vont annoncer les uns à la suite des autres qui développeront nos pays et ce continent : « Si certains y croient encore, c’est leur droit mais cela ne doit pas être l’occasion d’écraser ceux qui croient l’inverse ».
Selon l’ex ministre de l’Equipement et de l’Assainissement, porte-parole du gouvernement, le faux prétexte qui consiste à dire que la guerre a été déclenchée par le refus du Président GBAGBO de quitter le pouvoir après avoir perdu les élections doit aussi être abandonné. Car, argue-t-il aucune déclaration de GBAGBO ne peut être brandie pour prouver de telles affirmations ayant fait du silence sa méthode de gestion de cette crise.
Il explique : « GBAGBO a souhaité un recomptage des voix comme en Haïti au lieu de la guerre. Mieux, l’institution compétente pour faire d’un candidat le vainqueur des élections présidentielles n’est pas GBAGBO mais bien le Conseil constitutionnel qui l’a proclamé vainqueur du 2ème tour des élections comme cela s’est passé au 1er tour ». Il ajoute : « après la décision de l’Union Africaine, malgré le non-recomptage des voix, il a pris acte des propositions faites par cette dernière à travers un communiqué du gouvernement et a donné son accord pour la désignation d’un haut représentant pour entamer les négociations qui devaient démarrer le 5 avril. Une adresse à la nation, plusieurs fois reportée, devait être faite après la désignation du haut représentant pour préciser les conditions de mise en œuvre des propositions de l’Union Africaine en accord avec plusieurs de ses pairs Africains auprès de qui il a dépêché des délégations après le sommet de l’Union Africaine ». Avant de poursuivre que c’est dans cette attente de la désignation et de l’arrivée du haut représentant de l’Union Africaine, que le Président français Nicolas SARKOZY, en violation du cessez-le-feu et de l’accord de fin de guerre, a déclenché la guerre avec l’appui de l’ONUCI et des rebelles lourdement armés en violation de l’embargo sur les armes.
Pour cette raison, Ahoua Don Mello s’insurge contre le jeu trouble de la France. Car aux dires de ce dernier, les négociations de l’Union Africaine qui devaient commencer le 5 avril 2011 étaient donc inacceptables pour SARKOZY, c’est ainsi que les besoins en matières premières ont primé sur la méthode de règlement pacifique de l’Union Africaine et l’ordre de violation du cessez-le-feu a été donné le 28 mars 2011.
Aussi, il soutient que face à l’impossibilité des rebelles de prendre les institutions de la République, malgré l’appui aérien français et onusien, dans la nuit du 2 au 3 avril 2011, 17 avions cargo de l’armée française ont débarqué un régiment de bérets verts de la Légion étrangère et du matériel de guerre après avoir braqué l’aéroport.
La suite, assure-t-il, on la connaît : « en violation flagrante de la résolution 1975, 50 des bombardements sur la résidence du chef de l’Etat et une colonne de 30 chars de l’armée française ont eu raison sur le Président GBAGBO le 11 avril 2011 ».
Bien plus, il soutient qu’après ce coup d’Etat inédit, l’heure est venue de faire la paix.
Pour Don Mello, vouloir passer outre ce traité et agir en éternel ‘’vainqueur’’ en traquant à tous les coins du pays les ‘’vaincus’’ serait une erreur car la nation ivoirienne ne pourra que s’effriter davantage et en plus les éléments constitutifs d’un Etat disparaissent par des pillages.
C’est fort de cette thèse qu’il croit dur comme fer que le gouvernement illégal et illégitime de rebelles formé à Bouaké de 2002 à 2010 n’a pas plus de légitimité que le gouvernement de l’honorable professeur AKE NGBO formé selon les lois et règlements de son pays ; les 10.000 morts de cette rébellion pendant cette période de 2002 à 2010 et le génocide Gueré en 2011 par le fait des rebelles doivent être soumises à la même justice que les victimes alléguées au camp Gbagbo.
Pour Ahoua Don Mello, le jeu trouble de l’ONU est à clarifier d’autant que selon la commission spéciale mise en place par l’ONU sur les trafics en zone rebelle, plus de 250 milliards de FCFA de ressources par an soit plus de 2000 milliards en 8 ans (diamant, cacao, bois, coton, anacarde, vente illégale de carburant, moto, vélo, pagne, sucre, lait, huile, casses d’agences BCEAO etc.) ont été détournés par les rebelles sans qu’aucun compte n’est été fait à l’Etat : « les auteurs de tous ces crimes ne peuvent pas être en liberté tandis que ceux qui ont permis à l’Etat d’exister malgré ces manques à gagner sont en prison ou poursuivis », explique-t-il. Avant de conclure : « si le souci du nouveau pouvoir est véritablement de bâtir un Etat de droit, alors il est important que la loi ne soit pas à double vitesse et qu’elle soit la même pour tous au risque de faire de la justice un instrument d’injustice qui entraverait pour longtemps la paix et l’unité nationale ».
Paul N’guessan
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