Débat africain sur RFI : La nouvelle génération pousse Oumar Mariko dans ses derniers retranchements

Déc 5, 2011 - 18:30
Déc 5, 2011 - 18:30
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Madani Amadou Tall de l’ADM, Ousmane Ben Fana Traoré du PCR, Sékou Diakité de l’Adéma/PASJ sont des loups de la nouvelle génération (entre 40 et 50 ans) qui ont animé le débat africain sur RFI avec Oumar Mariko du parti Sadi, incarnant, avec ses 50 ans, l’ancienne génération. Poussé dans ses derniers retranchements, Mariko a fini par piquer une colère.

Le débat était houleux hier sur les ondes de Rfi entre le quinquagénaire, Oumar Mariko, secrétaire général du parti Sadi et incarnant l’ancienne génération et ses cadets que sont : Madani Amadou Tall de l’ADM, Ousmane Ben Fana Traoré du PCR, Sékou Diakité de l’Adéma/PASJ. Dans le débat africain d’Alain Foka, ces protagonistes ont donné un avant-goût des discours qui vont prévaloir à la campagne présidentielle de 2012, c’est-à-dire le véritable débat de génération.

Les jeunes loups aux dents longues ont stigmatisé dans leurs interventions les insuffisances qui ont jalonné le parcours du Mali depuis les années 1960 et pensent que le moment est venu de réaliser le tournant générationnel pour amener le pays dans la modernité. Madani Amadou Tall de l’ADM, en sa qualité d’économiste, a expliqué que notre école a besoin d’être aujourd’hui adaptée aux besoins de l’économie, au lieu d’être une usine de chômeurs, conçue en son temps pour former des cadres au service de l’administration.

Sékou Diakité de l’Adéma a estimé qu’il y a un problème générationnel qui est posé aujourd’hui au Mali dans la mesure où ¾ de la population est jeune. 75% des Maliens ont moins de 25 ans. Donc, une nécessité pour cette couche majoritaire de prendre le destin du pays en main. C’est ce qui explique, selon lui, la création du MDG (Mouvement-devoir-génération) et le fait qu’il s’est présenté aux primaires de son parti l’Adéma. ‘’ Ce n’est pas une question de conflit, mais de solidarité générationnelle. Il faut qu’on accepte de céder le pouvoir et là ce n’est pas encore le cas’’, a souligné Sékou Diakité. Abordant dans la même logique, Ousmane Ben Fana Traoré a souligné que les jeunes sont aujourd’hui les exécutants et qu’on est toujours buté aux mêmes. ‘’ Le pays a besoin qu’on regarde vers l’avenir’’.

Appréciation différente chez Oumar Mariko qui pense que l’Afrique n’est pas accrochée à la gérontocratie comme tentent de le faire croire ses interlocuteurs. Il les a ensuite conseillés de faire attention au mot ‘’échec’’. Le secrétaire général du parti Sadi estime qu’au Mali ce n’est pas une question d’âge. Il a même jeté une pierre dans le jardin des vingt ans de la démocratie en affirmant par exemple qu’en 20 ans, la situation n’a changé que pour une minorité de Maliens. La preuve, dira-t-il, 64% des Maliens continuent de travailler avec la daba. ‘’ Ce sont les riches qui ont des tracteurs. La famine pointe à l’horizon et il n’y a pas d’école’’.

Ces propos de Mariko ont amené Madani Tall et Sékou Diakité à la réaction. En tant que conseiller aux affaires économiques du président ATT, Madani Tall a expliqué que le Mali a le plus grand parc de tracteurs après le Nigeria. ‘’Pendant 20 ans, des gens sont refusés par les Maliens. Mariko n’incarne pas le changement. Son combat n’est plus à l’ordre du jour’’. Pour Madani Tall, il ne s’agit pas d’une question d’âge mais de projet de société et de valeurs que l’on incarne face aux défis du futur qui sont : l’emploi, la sécurité et l’éducation. A ce titre, il estime que IBK qui, pourtant est d’un certain âge, incarne mieux le changement que Mariko que les Maliens ont refusé pendant 20 ans après qu’il ait politisé l’école. Sékou Diakité, comptable du bilan des 10 ans de l’Adéma, a souligné que l’école d’aujourd’hui ne doit pas être comparée à celle de 1960, car, n’ayant pas les mêmes vocations. Le 2e vice-président de l’Adéma a expliqué que monsieur Mariko doit changer de discours, s’il veut aller loin dans la présidentielle de l’année parce qu’il est difficile de concevoir qu’en 20 ans, le Mali n’a changé que pour une minorité.

Qui propose quoi ?

Pour Madani, il faut créer des entreprises et favoriser le financement pour que l’emploi soit créé. Il faut repenser l’école et mécaniser davantage notre agriculture. ‘’L’optimisation des revenus miniers et les instruments d’ingénierie financière vont permettre de lever des ressources pour l’économie malienne et rehausser le niveau de vie de tous les Maliens avec une attention particulière portée sur la revalorisation de la condition des professionnel de l’éducation et de toutes les forces vives de la nation’’, a expliqué Madani Amadou Tall. Pour Sékou, il s’agit de voir comment nourrir les 28 millions de Maliens dans l’horizon 2032. Ben Fana quant à lui indique qu’on ne peut pas parler de formation professionnelle alors qu’on a un seul lycée technique. ‘’Il y a lieu aussi de préparer les ressources humaines en vue de l’exploitation du pétrole qui se profile à l’horizon’’. A ce niveau du débat, Oumar Mariko a proposé de donner la terre aux paysans et Madani Tall, comme pour lui montrer qu’il n’a rien dit, a immédiatement répondu que cela est déjà fait au Mali. Il n’en fallait pas plus pour pousser Mariko dans la colère en cette fin d’émission. ‘’Vous êtes en train de faire en sorte que je sois énervé. Vous voulez me pousser à la colère, mais vous ne réussirez pas’’, a dit monsieur en criant au point que Alain Foka a du interrompre l’émission. On croyait que Mariko avait le sang froid face à de telles situations, ce qui n’a pas été le cas face à des cadets qui sont pourtant restés sereins.

Abdoulaye Diakité

 

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