Après la gestion calamiteuse par le Général Amadou Toumani Touré, c'est la rébellion qui gagne davantage du terrain face au Capitaine Amadou Haya Sanogo impuissant comme.
Une carpe dans le filet. Qui dit que les Maliens ne devraient pas prendre leur mal en patience ?
Chassé du Palais présidentiel comme un malpropre, le Général Att apparaît comme sauvé par son homonyme. Il n'est d'ailleurs pas rare d'entendre que ce coup d'Etat n'est qu'un arrangement entre le Général et le Capitaine. L'on s'attend à ce que le Capitaine Bolly, comme on le nomme à Ségou, porte un démenti à cette thèse, dans les faits, en écrasant la rébellion au Nord Mali. Ce qui fera de lui un homme de parole, un patriote qui est venu au pouvoir pour le plus grand bonheur du Mali. Il ne suffit pas de jeter l'opprobre sur Att, en qualifiant son pouvoir d'incapable et désavoué, pour nous fournir le résultat abominable que nous connaissons aujourd'hui face aux rebelles, et pour se faire désavouer par l'ensemble de la communauté internationale. Nous n'avons rien à faire d'une révolution de palais entre les deux Amadou à un moment où le partant n'avait plus que deux mois pour s'en aller. Seul le Mali compte pour nous, et c'est sur Amadou Haya Sanogo que nous pouvons compter aujourd'hui pour sortir le Mali du gouffre. Alors nous l’interpellons, lui qui s’est mis au devant de la scène.
En son temps, nous avons sévèrement critiqué Att et ses acolytes qui ont fini par abandonner leur projet de troisième mandat puis de prolongation du mandat. Nous avons également dénoncé, dans notre dernière parution sous Att, la mauvaise gestion de la rébellion en reprochant à Att et à Sarkozy d'être à l'origine de cette catastrophe qui tire ses racines dans la crise libyenne. On peut continuer à égrainer les insuffisances du pouvoir Att concernant l'école malienne, la division de notre pays en un Mali des pauvres laissés pour compte et un Mali des riches corrupteurs et corrompus, sans compter l'impunité et le clientélisme qui faisaient légion. Mais nous ne saurions oublier les réalisations si nombreuses de Att, ni son acte élogieux du 26 mars 1991. Cependant, pour avoir raté sa sortie, et pour n’avoir pas créé une armée digne du Mali (équipée matériellement et bien formée à hauteur de souhait) Att a mis dans l'eau ses efforts et causé du tort au peuple malien.
Mais tout cela deviendrait un triste souvenir si Bolly parvenait à résoudre l'épineuse question du Nord pour organiser l'élection présidentielle afin de permettre le retour à une vie constitutionnelle normale. Mais depuis qu'il est là, il assite, impuissant, à l’avancée des troupes rebelles : Ansongo, Bourem, Gao, Tombouctou... C'est l'armée qui laisse du terrain devant les rebelles au moment où Bolly en appelle au soutien des pays voisins, après avoir manqué d'accueillir les Chefs d'Etat de la CEDEAO. Là-dessus il est à déplorer que le nouveau pouvoir ne puisse pas comprendre que la sécurité à l'aéroport doit toujours être de telle sorte que nul ne puisse franchir la porte de l'aéroport sans autorisation, sans badge. Il était indispensable que AHS puisse écouter ses hôtes et leur faire adopter une position convenable à la situation qui prévaut dans notre pays. Espérons que le Mali échappe à la prise de décisions drastiques par la CEDEAO contre notre pays. Et qu'elle nous aide dans le combat contre la rébellion. Car ce combat n'est pas celui du seul Mali, c'est un combat commun à tous les pays de la sous région. Autant nous avons tous subi les conséquences de la crise ivoirienne, autant tous, nous subirons les effets de la rébellion au Nord Mali. Une victoire du trio MNLA - AQMI - Ançar Dine donnera des ailes aux indépendantistes de conquérir le reste du territoire azawadien s'étendant au Niger notamment. Et cette victoire servira de levain à Boco haram du Nigeria, allié naturel de Ançar Dine, voire de AQMI. Cette longue et pénible guerre aura des conséquences dramatiques sur l'économie de nos Etats. C'est pourquoi la CEDEAO doit revoir sa copie.
C'est vrai que les putschistes ont mis en mal la démocratie malienne, mais une plus grande menace est celle de l'insécurité grandissante dans la sous région. Il faut dès lors laisser le minimum de temps aux Maliens de réussir un redémarrage collectif pour relever les défis de la paix et du retour à une vie constitutionnelle normale. Cette action commune ne se décrète pas, elle se prépare, au gré du dialogue et de la compréhension mutuelle. Or les esprits sont surchauffés actuellement, mais aucun Malien ne saurait oublier la nécessité de vivre ensemble dans la communion et l'unité d'action. Pour que vivent le Mali et l'ensemble des pays de la CEDEAO.
Arrêtons donc les manifestations populaires de soutien au CNRDRE qui n'a rien fait pour que l'on détruise notre pays en son nom ; oublions le pouvoir Att qui est enterré à jamais par ses propres erreurs ; pensons à défendre l'unité nationale et l'intégrité territoriale pour un Mali paisible et prospère. Appliquons la thérapie qui vaille pour sauver le Mali. Faisons l’union sacrée autour de l’intérêt supérieur de la Nation : le retour à une vie constitutionnelle normale. Après l’incapable, on ne peut laisser le Mali entre les seules mains de l’impuissant. Lui-même a d’ailleurs accepté l’ouverture.
Mamadou DABO