De quoi je me mêle
La voisine a la pêche et plus on la jalouse plus elle perce et met en feu le cœur endolori des femmes du quartier qui la détestent profondément même si toutes rivalisent de leur plus beau sourire à son approche. Elle, c’est la classe.
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Adam Thiam (Le Républicain)[/caption]
Après le boulot -comptable dans un ministère juteux - elle s’enferme chez elle, les lave-garde montent la garde, les chiens aboient, et se répand dans l’air le captivant fumet d’un poulet braisé à l’ail contrastant avec l’odeur suffocante d’oseille ou de couscous cramé des maisons du voisinage. Elle ne voit personne la semaine et le week-end, elle va pour son footing au Parc Botanique. Et même vendue en seconde main, sa tenue de jogging peut financer des quantités de dîners de nos foyers. Mariage ou baptême ? Elle ne concède pas plus qu’une apparition-minute et encore c’est trié sur le volet. La haine envers elle est globale. C’est au vu et au su de tous, sauf elle-même. D’ailleurs le saurait-elle qu’elle s’en moquerait totalement. Car elle a la pêche et plus on la jalouse, plus Dieu lui donne. Tenez, le gosse d’une grosse mégère du quartier –il est chauffeur de Sotrama- avait réduit en ratatouille sa Rav 4 dernier cri et le sur lendemain, elle était dans un Touareg bleu marine flambant neuf. On ne parle même pas des petites gaietés que lui inflige l’imagination meurtrie des femmes du patelin : du rouge à lèvre promené sur son impeccable voile satiné, blanc et perlé Dubai, ou le coup de la bassine d’eau de vaisselle déversée devant sa maison. Tout ça ne l’a jamais émue. La seule fois qu’on l’a vu descendre de sa hauteur, c’est quand un garnement du quartier a ramassé son bulletin de paie qui affichait 82 545. Elle ne put se retenir en entendant une femme dire « non c’est pas possible, il doit manquer au moins trois zéros à ce bulletin. De quoi te mêles-tu, lui avait rétorqué la voisine jalousée. Un comptable ce n’est pour s’en laisser conter. Ou compter, c’est selon.
Adam Thiam
Adam Thiam (Le Républicain)[/caption]
Après le boulot -comptable dans un ministère juteux - elle s’enferme chez elle, les lave-garde montent la garde, les chiens aboient, et se répand dans l’air le captivant fumet d’un poulet braisé à l’ail contrastant avec l’odeur suffocante d’oseille ou de couscous cramé des maisons du voisinage. Elle ne voit personne la semaine et le week-end, elle va pour son footing au Parc Botanique. Et même vendue en seconde main, sa tenue de jogging peut financer des quantités de dîners de nos foyers. Mariage ou baptême ? Elle ne concède pas plus qu’une apparition-minute et encore c’est trié sur le volet. La haine envers elle est globale. C’est au vu et au su de tous, sauf elle-même. D’ailleurs le saurait-elle qu’elle s’en moquerait totalement. Car elle a la pêche et plus on la jalouse, plus Dieu lui donne. Tenez, le gosse d’une grosse mégère du quartier –il est chauffeur de Sotrama- avait réduit en ratatouille sa Rav 4 dernier cri et le sur lendemain, elle était dans un Touareg bleu marine flambant neuf. On ne parle même pas des petites gaietés que lui inflige l’imagination meurtrie des femmes du patelin : du rouge à lèvre promené sur son impeccable voile satiné, blanc et perlé Dubai, ou le coup de la bassine d’eau de vaisselle déversée devant sa maison. Tout ça ne l’a jamais émue. La seule fois qu’on l’a vu descendre de sa hauteur, c’est quand un garnement du quartier a ramassé son bulletin de paie qui affichait 82 545. Elle ne put se retenir en entendant une femme dire « non c’est pas possible, il doit manquer au moins trois zéros à ce bulletin. De quoi te mêles-tu, lui avait rétorqué la voisine jalousée. Un comptable ce n’est pour s’en laisser conter. Ou compter, c’est selon.
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