Les éléments de la brigade de recherches du Commissariat de police du 13ème arrondissement que dirige le Commissaire divisionnaire Ntogou Niaré viennent de réaliser une jolie prise dans une affaire d’escroquerie. La qualité des acteurs (deux militaires exerçant au camp Soundjata de Kati) et le montant (un million d'euros soit 656 millions de FCFA) sont révélateurs. Sur dénonciation de leur victime, les cinq faussaires ont été cueillis comme des fruits mûrs par le chef de la brigade de recherches, l'Inspecteur de police Seydou Sanogo dit Paparê et ses éléments.
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![Issiaka Alassane Maiga](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2013/05/Issiaka-Alassane-Maiga.jpg)
Issiaka Alassane Maiga[/caption]
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![Bréhima Koné](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2013/05/brehima-kone.jpg)
Bréhima Koné[/caption]
La victime dans cette affaire s'appelle Souleymane Diabaté. En 2012, il tombe sur des malfrats qui lui proposent une opération de billets noirs dont le traitement lui permettrait d'obtenir plusieurs dizaines de millions de FCFA. Le goût de l'argent facile aidant, M. Diabaté mit séance tenante 14.800 000 FCFA sur la table. Il venait de se faire avoir car il perdit tout contact avec ses 'associés'. Après une déclaration à la police et à la gendarmerie, il garda l’espoir de pouvoir les retrouver un jour. C'est ainsi que le 11 mai dernier, selon lui, il reçut un appel téléphonique.
Son interlocuteur lui dit qu'il est militaire et qu'il possède une certaine quantité de billets noirs. M. Diabaté répond qu'il est intéressé. Sans tarder, il court à la police pour donner l'information. Sur les conseils des policiers il demande d'abord au militaire d'apporter un échantillon de billet qu'il présente à la police, puis il lui propose de faire venir le reste. L'affaire devrait être conclue à Niamana en début de nuit. Avant, les éléments de la brigade de recherches du 13ème arrondissement, des policiers très compétents, investissent discrètement les lieux. A l'heure indiquée, la bande arrive et tombe de façon très banale entre les griffes des limiers.
A leur audition, les policiers se rendent compte que deux des cinq malfrats sont des militaires (hommes du rang) exerçant au Camp Soundjata Kéita de Kati. L’un s'appelle Brahima Koné, il est propriétaire des billets noirs et l'autre Issiaka Alassane Maïga. Les trois autres civils se nomment Touma Camara, Yacouba Coulibaly et Yacouba Diarra.
Interrogé sur la provenance des billets noirs, Brahima Koné, principal accusé, opte pour une fuite en avant. En effet, selon lui, c'est lors de la bataille de Konna qu'il a pu prendre ces billets dans un véhicule appartenant au MUJAO. Se disant canonnier tireur de BM21, le soldat Brahima Koné soutient que la cargaison contenait, outre les billets noirs, une somme en FCFA, que ses autres camarades ont emportée. C'est ainsi qu'il décida, à ses dires, de se saisir des billets noirs afin de les laver à Bamako. Pour ce faire, il se serait offert les services des trois civils qui, de toute vraisemblance, seraient ses complices impliqués dans la première affaire au cours de laquelle Souleymane Diabaté s'est fait soulager de 14.800.000 FCFA. Quant au second militaire, il a opté pour une ligne de défense très classique : " Je ne suis au courant de rien. Je ne savais pas du tout de quoi il s'agissait ". Cette version est assez bancale car, nul ne quitte Kati pour se rendre à Niamana afin de conclure une affaire de plus d'un demi-milliard de FCFA et dire après qu'il ne sait rien. Dans tous les cas, les enquêteurs sauront faire la part des choses.
A l'analyse des faits, il apparait que c'est un réseau qui vient d'être démantelé car le simple fait de s'adresser à quelqu'un qui a perdu près de 15 millions de FCFA dans une affaire similaire, il y a moins d'un, est troublant. Ensuite, comme le soutient le soldat Koné, les billets noirs retrouvés dans un véhicule du MUJAO devraient être remis à la hiérarchie et non gardés par lui.
Après l'audition des militaires, la police militaire est venue les récupérer. Quand aux civils, ils sont gardés à vue pour les besoins de l'enquête et seront conduits devant le Procureur du Tribunal de la Commune VI.
Cette affaire met encore à nu la moralité de certains porteurs de tenue qui, au lieu de respecter leur serment de défendre la patrie, les citoyens et leurs biens, sombrent dans la délinquance et ternissent l'image des autres porteurs d'uniformes. C'est le lieu de dire bravo à l'Inspecteur principal Seydou Sanogo, aux inspecteurs Moïse Baya et Boubacar Sissoko, à l'Adjudant-chef Modibo Traoré, au Sergent-chef Sékou Coulibaly et au Sergent Saoudatou Dembélé qui, malgré la modicité des moyens, réussissent au quotidien à débarrasser notre société des éléments pourris.
Diakaridia YOSSI