Démis de ses fonctions par ATT le 30 mars dernier :Modibo Sidibé pourra-t-il rebondir, maintenant ?

Démis de ses fonctions, sans la manière, le jour même du Conseil des ministres, l'ancien Premier ministre, Modibo Sidibé, pourra-t-il se forger maintenant un destin politique afin d'affronter l'élection présidentielle de 2012 ? Quand on sait que le président ATT vient, en plus, de sortir ses amis du gouvernement qu'il vient de nommer avec à sa tête une femme, Madame Cissé Mariam Haïdama Sidibé.

Après la formation, sans les amis de Modibo Sidibé, du nouveau gouvernement dirigé par Madame Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, l'opinion nationale attend maintenant de savoir si Modibo Sidibé, ce grand commis de l'Etat, placide et impénétrable mais rusé comme un sphinx, pourra rebondir après le coup de massue qu'il a reçu suite à son départ humiliant de la tête du gouvernement le 30 mars dernier. En effet, c'est le sort de l'ancien Premier ministre, Modibo Sidibé qui alimente présentement les débats dans les grins et salons feutrés de Bamako.

Après l'annonce de sa révocation reçue en pleine figure, comme une balle de baseball, suivie de la nomination de Madame Mariam Kaïdama Sidibé comme nouveau Premier ministre, il ne restait plus à Modibo Sidibé qu'à remballer ses affaires à la primature pour une destination …presqu'inconnue. Lui, que la rumeur publique avait pourtant longtemps présenté comme le dauphin caché d'ATT.

Ayant quitté la résidence officielle des Premiers ministres, sise à l'ex-base aérienne, voilà Modibo Sidibé assidûment recherché par tous les chasseurs de nouvelles fraîches croustillantes le concernant. Va-t-il prendre un congé sabbatique et s'éloigner quelque peu du pays, ou bien va-t-il, au contraire, essayer de prouver, principalement à ses adversaires, qu'il est loin de penser prendre une retraite, fût-elle dorée ? Et que 2012 figure bien dans son agenda ?

De ce fait, ne va-t-il pas commencer par s'intéresser à la vie des dizaines de clubs de soutien qui se sont créés, par-ci par-là, avec pour ultime et unique objectif de soutenir une éventuelle candidature de l'Enfant de Wassala et du Wassoulou à la présidentielle de 2012 ?

Comme on le voit, pour le moment, c'est plutôt une masse d'interrogations que les Maliens se posent sur les éventuels projets de l'ancien Premier ministre qu'un sondage récent avait, pourtant, donné favori parmi les favoris à la présidentielle de 2012. A la condition indispensable qu'il porte les couleurs soit de l'ADEMA, soit du PDES.

C'est ce débat sur le sort de l'ancien Premier ministre qui défraie actuellement la chronique bamakoise. Alors que le principal intéressé, lui, demeure invisible et muet comme une carpe sur la question. Pourtant, pour sa propre survie politique, il doit sortir du bois et faire face à la réalité, voire à l'adversité. Si, toutefois, les intentions qu'on lui prête sont fondées. S'il nourrit de réelles ambitions pour la présidentielle de 2012. Si tel est le cas, l'ancien (à moins que les faits nous prouvent qu'il le demeure) homme de confiance d'ATT n'a pas d'autre choix que de se frotter à la réalité de la vie et de la chose politique. Lui qui, d'après certains, n'a jamais eu à mener aucun combat pour avoir tel ou tel poste. Né avec une cuillère dorée dans la bouche, la vie lui a toujours souri à pleines dents. Et cela à chacune des étapes qu'il a été amené à franchir. Toujours sans anicroche.

Aujourd'hui, c'est lui-même qui est désormais obligé de partir au front. Avec tout ce que cela réserve comme surprises, agréables ou désagréables. Au combat, c'est soit la victoire soit la défaite. Parfois même, c'est la mort…politique. Modibo Sidibé, fortement attendu sur le terrain réel par ses partisans, va-t-il opter pour la défaite ou la mort politique avant même d'avoir tâté le terrain des hostilités ? Cela ne lui ressemble guère. Surtout que ses sympathisants ont déjà pris les devants en créant des clubs prêts à mouiller le maillot pour lui.

Mais sans parti politique propre à sa dévotion et sans le soutien du président ATT, beaucoup d'observateurs pensent que l'ancien Premier ministre sera bon dernier parmi les favoris, si jamais il se présentait à la présidentielle de 2012.

De la façon qu'ATT l'a remercié, il est très peu probable que Modibo Sidibé puisse regagner la grâce présidentielle. A fortiori voir le Prince du jour soutenir une éventuelle candidature de l'Enfant de Wassala et du Wassoulou.

Mais la politique étant un terrain où des surprises peuvent à tout moment surgir, il serait imprudent d'enterrer vivant un homme, de surcroît Officier général de son état, qui, toute sa vie, n'a fait que gravir des échelons. Alors, prudence. L'ancien Premier ministre pourra rebondir. Et là encore, au moment et à l'endroit où l'on l'attend pas. C'est ça le mystère du sphinx, l'Inspecteur général de Police Modibo Sidibé. En fin tacticien, il donne toujours l'impression de somnoler afin de précipiter ses adversaires à sombrer dans les bras de Morphée.

Cette fois-ci, s'il ne se lève pas avant le réveil de ses adversaires, le risque est grand qu'il soit, lui-même, forclos. Ce serait alors un beau gâchis pour ses partisans et sympathisants qui se recrutent principalement au sein de ses clubs de soutien, de la Codem, de l'Adema-PASJ, de l'URD, du PDES, et d'autres formations lilliputiennes.

Mamadou FOFANA