Départ de Dioncounda Traoré : Des femmes s’expriment
Les 40 jours du mandat du Président de la République par intérim, le Pr. Dioncounda Traoré, prendra fin en principe le 22 mai prochain. Aussi, son départ fait la une des commentaires au sein des populations. Les avis sont plus partagés par les femmes dont certaines se sont prononcées sur le sujet.
-Mariam Maïga, commerçante :
Je suis du Nord. Ce qui se passe là-bas dépasse l’entendement. Ce qui nous a beaucoup touchées, après le coup d’Etat, on croyait être satisfaits. Pour nous, ils allaient libérer immédiatement le Nord. Les Maliens ont la folie du pouvoir. Que Dioncounda continue son intérim jusqu’à un an, je ne vois pas d’inconvénient. Si quelqu’un d’autre vient à sa place, c’est le recul du Mali. En tout cas, tout sauf les militaires. Ceux-ci doivent retourner dans les casernes. Ils nous ont beaucoup déçus. Les gens ont vu comment ATT est parti de Koulouba. Pourquoi ils se battent encore pour aller là-bas ? Et la CEDEAO veut nous aider, et les gens refusent cela. On demande à l’opinion de libérer le Nord, après, ils peuvent faire leur campagne pour Koulouba. Mais actuellement, leur priorité doit être le Nord. Nous les nordistes, nous sommes très fâchés de cette situation car le Sud n’a même pas le souci du Nord. On est vraiment mal à l’aise dans ce pays. Les gens sont en train de subir toutes sortes d’atrocités pour rien. Quand Sanogo a fait le coup d’Etat, il a dit que c’est pour le Nord. Depuis qu’il est là, qu’est-ce qu’il a fait pour le Nord ? C’est à cause de lui si la rébellion a avancé jusqu’à Douentza. Nous allons faire comme les jeunes de Gao pour libérer le Nord. Dès que cela est fait, il n’y aura plus de gouvernement là-bas. Les jeunes vont devenir les autorités là-bas. La division dont les gens ont peur, ce sera cela. On va attendre les derniers jours de Dioncounda.
-Fatoumata Guindo, ménagère :
Je ne maîtrise pas beaucoup cette situation sauf ce que j’entends dans les radios. Je crois que Dioncounda doit faire ses 40 jours d’abord. Après, si les Maliens veulent qu’ils restent, il n’y a pas de problème. Aujourd’hui, les Maliens veulent la paix, c’est tout. Les dirigeants actuels doivent faire tout pour ramener la paix au Mali en général et au Nord en particulier. On n’est pas là-bas, mais nous avons des parents qui viennent presque chaque jour, fuyant les atrocités. Nous sommes tous des Maliens. On ne peut pas permettre que certains souffrent alors que d’autres sont à la recherche de pouvoir.
-Mariam Dravé, communication prestation à l’AGETIC :
Dioncounda doit faire ses 40 jours selon la Constitution et s’en va parce que nous sommes en train de gérer une Constitution spéciale. Après ses 40 jours, les gens doivent se mettre d’accord sur quelque chose de concret. Mais si le choix des Maliens porte sur Dioncounda, tant mieux. Il faut laisser cette personne diriger le pays jusqu’aux élections, pour le bonheur des Maliens.
-Mme Baby Fatimata Coulibaly, chargée de prestation :
Je pense qu’il faut laisser Dioncounda continuer son intérim pour qu’il n’y ait pas d’interruption car nous avons besoin d’aller de l’avant. Déjà, le Gouvernement a été mis en place qui a même commencé à travailler. Avec le départ de Dioncounda, s’il faut que quelqu’un d’autre vienne, cela retardera les choses. Je pense que le départ de Dioncounda va créer des discordes. Déjà, des bruits sont autour de son départ, certains veulent qu’il reste, d’autres ne veulent pas. Il est temps de laisser les considérations de côté. Je pense que Dioncounda est une solution pour une sortie de crise. Ce qui va vraiment mettre les Maliens mal à l’aise, c’est cette convention nationale, parce que les gens ne vont jamais se mettre d’accord pour choisir un citoyen pour continuer la transition. Dans tout cela, le Nord doit être la préoccupation urgente. Ce que le Capitaine Sanogo a dit après le coup d’Etat, il doit tenir compte de cela. Il est venu pour mettre fin à la guerre au Nord, qu’il est là pour le Mali. Si réellement c’est le cas, lui et ses hommes doivent retourner dans les casernes sinon les populations du Nord se sentent oubliées car les gens sont là à s’occuper des problèmes de postes.
-Salimata Traoré, présidente du groupe d’action pour les enfants de la rue :
Tout est mélangé dans ce pays. Rien ne bouge, toutes les activités sont arrêtées. Le coup d’Etat n’a rien changé aux conditions de vie des Maliens : au contraire, cela a aggravé. Le pays est divisé en deux parties. Pendant que les rebelles occupent le Nord, à Bamako, les gens cherchent à s’installer au pouvoir. Si le coup d’Etat n’a rien changé, par contre il a permis à certaines vérités d’éclater. Beaucoup de choses étaient cachées aux Maliens. Aujourd’hui, nous sommes au courant. Depuis que Dioncounda est venu pour assurer l’intérim, il n’a posé aucun acte qui va dans le sens de résoudre la crise actuelle du pays. Même s’il n’a aucun pouvoir, selon ce qu’on voit, en longueur de journée et à la télévision, il a son mot à dire. Il y a beaucoup de choses dans cette histoire que les Maliens ne connaissent pas. Que cela soit lui ou quelqu’un d’autre, le Mali a besoin aujourd’hui d’un homme capable qui peut le sortir dans ce trou. Pour ce faire, tout le monde doit s’impliquer puisque la guerre n’arrange personne. On n’en a même pas besoin.
-Mme Diabaté Diombana Fatoumata, maire signataire, Baco Djicoroni :
La situation du pays est très difficile et très compliquée. On doit laisser Dioncounda poursuivre son mandat, surtout qu’il accepte de diriger la transition dans cette situation de division. On demande à Dieu de sauver le Mali et que les Maliens puissent choisir un homme qui dirigera ce pays sans problème. Les Maliens doivent s’entendre et savoir pardonner en laissant de côté cet orgueil pour qu’on puisse construire ensemble l’avenir de ce pays qui était un exemple dans la sous-région. Aujourd’hui, le Malien a perdu cette fierté d’être Malien, tout simplement parce qu’on n’arrive plus à se supporter les uns les autres. Les Maliens doivent savoir pardonner pour que le Mali puisse retrouver ce qu’il a perdu. On prie Dieu pour le retour de la paix dans notre pays, surtout au Nord.
Propos recueillis par Salimata Fofana
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