En rappelant son pouvoir de nuisance, le chef de l’ex-junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo, vient de nouveau saper du même coup les institutions maliennes.
"Le président Dioncounda Traoré est lui aussi en position de faiblesse face aux militaires. Le pouvoir de négociation du gouvernement se retrouve aujourd’hui considérablement affecté", déplore Philippe Hugon, directeur de recherches à l’Iri. Une situation que regrettent aussi les Maliens, à l’intérieur du territoire ou réfugiés dans les pays voisins, qui voient les perspectives s’assombrir chaque jour davantage. Pis, certains Maliens soupçonnent désormais le président par intérim d’être de mèche avec les putschistes.
La démission forcée de M. Diarra a été vivement condamnée à l'international, notamment par le Conseil de sécurité des Nations unies, la France et les Etats-Unis. L'ONU a renouvelé ses menaces de "sanctions ciblées" contre les ex-putschistes. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est déclaré lui "troublé" par le coup de force au Mali, dont le Nord est aux mains d'islamistes armés, et a "appelé une nouvelle fois à la fin de l'ingérence des militaires dans la politique".
Des voix se sont élevées également au Mali, où le Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR) a dénoncé une démission qui "rompt avec les règles du bon fonctionnement d'un Etat". Le FDR est une coalition d'une quarantaine de partis opposés au coup d'Etat du 22 mars au Mali et favorables à une intervention militaire africaine dans le pays.
Ce nouveau coup de force des ex-putschistes est intervenu au lendemain de la décision de l'UE d'envoyer dans le pays 400 militaires début 2013 pour constituer l'armée malienne en vue de la reconquête du nord du pays, occupé depuis huit mois par des islamistes armés.
Abdoulaye Diakité