Des partis politiques dans l'assistance et les infrastructures : Quand l'ADEMA, l'URD et le PDES rivalisent d'ardeur aux relents électoralistes
Ils ont été prompts au chevet des populations de Tombouctou et de Mopti frappées de plein fouet par la récente épidémie de choléra. Si les responsables politiques de l'Alliance pour la Démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) et ceux de l'Union pour la République et la Démocratie (URD) puisque c'est d'eux qu'il s'agit, ont fait montre d'un salutaire élan de solidarité à l'endroit des populations concernées, ces gestes cachent mal bien de motivations électoralistes. Pendant ce temps, des responsables du PDES, avec à leur tête, le président d'honneur Hamed Sow lance la construction d'une route dans la périphérie de Bamako. Le moins qu'on puisse souhaiter est que ces zèles des politiques ne fassent pas l’effet de feu de paille !
L'Adema avait, il y a quelques semaines, dépêché une forte délégation dans les régions de Tombouctou et de Mopti pour apporter son soutien aux populations touchées par l’épidémie de choléra. Une enveloppe avait été remise aux représentants des populations.
Une délégation du Bureau exécutif national de l'URD, conduite par le 5ème vice-président du parti, l'ancien député Cheickna Hamalla Bathily, était dépêchée dans les régions concernées la semaine dernière. Elle a remis à chacune des régions touchées par cette épidémie une assistance financière d'un million de nos francs. Ce soutien, disait-on, devrait permettre de renforcer la lutte contre l'épidémie de choléra qui enregistrait 425 cas dont 16 décès à Mopti et plus de 298 cas dont 17 décès à Tombouctou. Et Dr Abdoulaye Touré de la Commission de conciliation et d'arbitrage du parti de la poignée de mains de souligner alors que "cette modeste somme de deux millions F CFA est un geste de solidarité. Ce geste citoyen est le propre du Malien dans des situations aussi graves".
Il faut souligner que de plus en plus de partis politiques se trouvent, ces derniers mois, une nouvelle vocation sur le terrain humanitaire. Ce qui, en soit, est à saluer si la chose n'était point mue par des calculs politiciens. Si, pendant longtemps, la plupart des formations politiques n'intervenaient dans le social (cas de maladie, décès, baptême, mariage, etc) qu'à titre individuel (quelques membres) en fonction des affinités existant entre tels et tels cadres et militants, en cet avant-veille des élections générales de 2012, plusieurs leaders n'ont pas hésité à envoyer des sacs de sucre, de lait, de dattes, des nattes, des bouilloires et autres dans plusieurs régions du pays. Certaines de ces actions ont été médiatisées comme les récents dons de vivres faits par le président de l'ADM, Madani Amadou Tall dans le cercle de Bandiagara. D'autres gestes de cette nature se font plus discrètement. De même, plus d'un député ont dû puiser dans leur compte bancaire pour payer des vivres afin de "témoigner leur solidarité à leurs …électeurs" en cette approche de la fin de leur mandat. Et surtout par ces temps où les informations relatives à la dissolution de l'Assemblée nationale défraient de plus en plus la chronique.
Comme on le voit, les acteurs politiques n'hésitent plus à envahir le terrain, non seulement de l'action sociale mais aussi de l'action de développement, des infrastructures. Ainsi, le Parti pour lé développement économique et la solidarité (PDES) se voulant véritablement héritier du "grand bâtisseur ATT" a décidé de mettre la main à la pâte à travers le lancement des travaux de construction de tronçons de route. Le week-end dernier, un président d'honneur de ce parti, Hamed Sow (dont l'ambition d'être dans la course pour la présidentielle de l'an prochain ne fait plus l'ombre d'un doute) lançait fièrement le chantier de la route n°127 de Kalaban Coura.
La CODEM, avec à sa tête l'honorable Housséini Amion Guindo dit Poulo, avait, elle aussi, il y a de cela deux ans, lancé les travaux de construction d'une piste rurale dans la région de Kayes. Pour sa part, l'ADM de Madani Amadou Tall vient d'envoyer à l'intérieur du pays, des "jeunes volontaires du parti pour apporter du sucre, de l'engrais, participer à des travaux communautaires…"
En somme, c'est le coup d'envoi de «l'action politique par le concret» qui vient d'être donné. Il est évident que ces actes sont posés dans le but de susciter la sympathie des électeurs. Et les acteurs politiques donnent l'impression que le plus offrant en termes d'assistance aux populations et d’actions de développement en tirera un avantage électoral. C'est ce qui transparaît dans la promptitude avec laquelle l'ADEMA et l'URD se talonnent dans la manifestation de cette générosité à l'endroit des populations.
On peut se demander si la popularité de l'homme politique se résume à sa prodigalité. Le bon leader politique est-il le bon Samaritain ? Certes, les dirigeants politiques marquent des points en compatissant aux malheurs des potentiels électeurs. Mais, le projet de société, la volonté de défendre les intérêts des populations ne sont pas nécessairement liés à une libéralité conjoncturelle venant d'un parti politique. Ceci, dans la mesure où il est établi que les acteurs politiques en général et les élus en particulier deviennent plus distants de leurs électeurs une fois qu'ils parviennent à leurs fins.
En outre, bénéficiant du financement public des partis politiques, le citoyen lamba doit s'attendre légitimement à un élan de solidarité venant non seulement des cercles du pouvoir mais aussi de ceux qui aspirent y arriver.
En clair, les formations politiques étant de véritables équipes dirigeantes à l'ombre (conformément à l'esprit du "shadow cabinet" des Britanniques) leurs responsables se doivent un devoir d'assistance à l'endroit de ceux qu'ils sont censés gouverner s'ils parviennent aux affaires. C'est pourquoi, les partis politiques peuvent descendre régulièrement sur le terrain pour organiser des séances de formations dans divers domaines, des journées de salubrité, des travaux communautaires tels la construction de salles de classe, de structures sanitaires, etc. Et ceci, qu’il y ait veillée d’arme électorale ou pas.
Bruno D SEGBEDJI
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