Désobéissance civile au Mali : Plusieurs manifestants du M5-RFP aux arrêts
L'horizon s'obscurcit pour le M5-RFP, qui en plus des querelles internes à cause de la ligne à suivre, fait face à une série d’arrestations au sein de son rang. De Bamako à Kayes plusieurs jeunes manifestants ont été arrêtés, certains jugés et condamnés à un emprisonnement ferme « pour entrave à la liberté de travail, attroupement et trouble à l'ordre public »
Le Président de la République Ibrahim Boubacar Keïta passe de la parole aux actes dans le cadre du rétablissement de l'ordre suite à la désobéissance civile décrétée par le M5-RFP, le 10 juillet dernier. En effet, il avait averti ses détracteurs que l’Etat s’assumera face aux violences qui sont entrain d'être perpétrées par les manifestants dans la capitale malienne et certaines capitales régionales.
Ainsi, sur instruction du ministre de la justice et des Gardes sceaux, Me Kassoum Tapo, plusieurs jeunes manifestants du M5-RFP interpellés à Bamako et à Kayes par les forces de l’ordre et de sécurité lorsqu’ils étaient en train de procéder à la fermeture de plusieurs services de l’Etat ont été mis à la disposition de la justice.
Le Mercredi dernier, en application de cette instruction, 5 jeunes du M5-RFP ont été arrêtés, jugés et condamnés à 45 jours d’emprisonnement ferme «pour entrave à la liberté de travail, attroupement et trouble à l'ordre public » par le Tribunal de la commune I du district de Bamako.
Sur le même sujet, le Procureur général près de la Cour d'Appel de Bamako annonce dans une interview télévisée que d'autres arrestations ont été opérées en commune II, IV et V du district de Bamako. Ces jeunes manifestants interpellés feront l’objet d'un jugement immédiat par les tribunaux de leurs communes respectives, selon le Procureur.
L’on apprend de source locale que d’autres militants ont été convoqués à Kayes par la Gendarmerie Nationale. Notre source de préciser que ces quatre personnes des leaders d'opinions dont l’un est un membre du Groupe Kayira de Kayes.
« Information Judiciaire Contre X »
Toujours dans le cadre de la désobéissance civile décrétée par le M5-RFP, le 10 juillet, et qui a dégénérée à des scènes de pillages contre les services publics et privés engendrant des morts d’hommes et des blessés, le Procureur du Tribunal de grande instance de la Commune III, Mamadou Kassogué, a aussi annoncé l'ouverture « d'une Information Judiciaire Contre X ».
« Au cours des manifestations du 10, 11 et 12 juillet 2020, il a été enregistré des morts et des blessés graves. Et sur la base de ces faits graves, sur instruction du Procureur général près de la Cour d'Appel de Bamako qui relayait les instructions du Secrétaire général du ministre de la Justice, une information judiciaire a été ouverte contre X au niveau du tribunal de la Commune III pour faits de meurtre, coups et blessures aggravés et mortels », a indiqué le Procureur Kassogué. Ajoutant que le juge d’instruction chargé de l’enquête a déjà commencé des auditions. Pour lui, à ce stade, il est prématuré de dire qui a fait quoi ? « Nous sommes à la phase de l’audition des victimes et des témoins qui peuvent nous apporter des informations à savoir : qui a fait quoi ? Qu'est-ce qu’ils ont entendu parler », a-t-il affirmé , ajoutant que les informations balistiques entreront en jeu dans cette enquête.
Il faut noter que, selon le jargon judiciaire, une information judiciaire contre X signifie simplement qu'aucune personne n'a été identifiée comme étant l'auteur des faits objets de l'information. Il s’agit d’une enquête qui est diligentée sous forme de commission rogatoire, sous la responsabilité d'un magistrat instructeur.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net
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