Dialogue avec les touaregs du Mnla et d’Ançardine : La fuite en avant des autorités de Bamako

Nov 19, 2012 - 18:40
Nov 20, 2012 - 06:34
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[caption id="attachment_103547" align="aligncenter" width="610"] Des membres du groupe islamiste Ansar Dine, lors d'une réunion à Ouagadougou, le 6 novembre 2012
© AFP[/caption] Alors que les groupes rebelles ont fait des concessions significatives pour convaincre de leur disponibilité au dialogue (même si ces concessions sont « à prendre avec des pincettes »), certains acteurs à Bamako veulent bloquer les voies du dialogue en misant exclusivement sur la perspective du déploiement de la force internationale dans le Nord.                                                                                                        Après que le Président français, François Hollande, eut souligné, la semaine dernière, la nécessité que le «dialogue politique s’intensifie entre les autorités maliennes et les représentants des populations du Nord du Mali qui rejettent le terrorisme», c’était au tour, jeudi dernier, du haut représentant de l’Union africaine (UA)v pour le Mali et le Sahel, le Major Pierre Buyoya, d’insister une nouvelle fois sur l’urgence de l’installation, par les autorités maliennes, de la Commission nationale pour le dialogue avec la rébellion du Nord. Ce rappel à l’ordre du haut représentant de l’UA s’explique par le fait que de lourdes incertitudes pèsent sur les assises nationales maliennes, prévues théoriquement à partir du 26 novembre. Des participants à ces assises, il  est attendu qu’ils élaborent une feuille de route comportant un calendrier électoral pour restaurer l’ordre constitutionnel et surtout, qu’ils définissent les Termes de référence (TDR) et la composition de cette Commission nationale qui sera chargée des négociations avec les représentants des populations du Nord. Ces incertitudes sont corroborées par les atermoiements observés du côté de certaines composantes des autorités de transition. De cette attitude découlent deux remarques. La première tend à confirmer que ces autorités sont profondément divisées et que certains leaders se projettent déjà dans la prochaine élection présidentielle. Partant de ce constat, de nombreux observateurs soutiennent l’idée que la situation a un besoin urgent de cohérence au sommet de la pyramide institutionnelle de transition, d’autant que ces autorités n’ont aucun contrôle sur les forces de sécurité et de défense.                                                                                                         En second lieu, alors que les groupes rebelles ont fait des concessions significatives pour convaincre de leur disponibilité au dialogue, on soupçonne fortement certains acteurs à Bamako de vouloir quelque part bloquer les voies du dialogue en misant exclusivement sur la perspective du déploiement de la force internationale au Nord. Par ailleurs, beaucoup de gens considèrent comme une avancée importante le fait qu’Ançardine (un groupe rebelle targui d’obédience islamiste) et  les nationalistes touaregs du MNLA se soient dits prêts au dialogue avec Bamako. Les calculs de Cheik Modibo Diarra Le 16 novembre, leurs représentants ont d’ailleurs été reçus ensemble à Ouagadougou par le Président burkinabé, Blaise Compaoré, Médiateur de la crise. Dans une déclaration commune, les deux groupes rivaux ont également appelé l’armée malienne à cesser les hostilités contre les civils. L’inconvénient, c’est qu’effectivement, à Bamako, autant qu’à Niamey d’ailleurs, on ne semble pas du tout prêt à négocier avec un quelconque groupe armé intervenant au Nord. Pourtant, depuis son retour de Paris en fin juillet, le Président Dioncounda Traoré a promis à plusieurs reprises de mettre en place une structure de dialogue avec les groupes armés du Nord. Mais trois mois plus tard, rien n’a toujours pas bougé. C’est justement ces tergiversations qui ont convaincu «Monsieur Sahel» de l’Union africaine (le Major Pierre Buyoya) de rappeler aux autorités maliennes leurs responsabilités dont l’une consiste justement à installer urgemment cette fameuse Commission du dialogue national. En tout cas, tous les acteurs engagés dans le règlement de la crise du Nord-Mali se disent persuadés qu’avec les dernières évolutions, les autorités maliennes ne peuvent pas faire fi du consensus international qui se dégage clairement en faveur du dialogue et de la négociation. Et ce consensus inclut également la France qui est pourtant en pointe concernant la question de l’intervention militaire au Sahel. Paul N’Guessan

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