Du dialogue avec des bandits armés à la guerre de libération du Mali : Quand une cacophonie entretenue vient pourrir l'atmosphère

Déc 4, 2012 - 18:51
Déc 5, 2012 - 06:56
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Certaines informations ont circulé à Bamako en ce début de semaine faisant croire que la délégation officielle malienne, qui s'est rendue à Ouaga, le lundi 3 décembre pour  un début de dialogue avec les groupes armés et terroristes du MNLA et d'Ançardine n'est pas mandatée par le Gouvernement du Mali. On ne peut que tomber des nues en apprenant de telles allégations. Lorsque ces opinions proviennent du Directeur de Cabinet du Premier ministre, on ne peut que conclure que le ver est dans le fruit ! [caption id="attachment_85452" align="alignleft" width="315"] Pr Oumar Kanouté, Directeur de cabinet du PM[/caption] La délégation malienne comprend le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Tiéman Hubert Coulibaly, le  Haut fonctionnaire de défense auprès du ministère de la Défense, le Colonel-major Ali Camara, représentant le ministre de la Défense, le colonel-major Yamoussa Camara, l'ancien ministre des Affaires étrangères Tiébilé Dramé, très engagé sur le dossier du Nord à travers plusieurs colloques (organisés par son parti, le PARENA et la Coalition pour le Mali dont il est le 1er vice-président,), l'ancien Gouverneur de Kidal et natif de cette région, Al Hamdou Ag Illiène, Consul général du Mali à Niamey au Niger, maîtrisant le dossier du nord malien. Ainsi, la délégation est conduite par le chef de la diplomatie malienne, département de haute souveraineté, sollicité dans tout processus de réaffirmation des positions d'un Etat moderne dans le concert des nations. Le titulaire de ce portefeuille est véritablement le ministre chargé de gérer les questions concernant la place et la forme d'un Etat en Droit international. Or, l'enjeu de la crise sécuritaire du Nord du Mali porte aujourd'hui sur l'existence même de l'Etat malien. Et le ministre des Affaires étrangères est toujours très proche du président de la République, dépositaire de la souveraineté internationale. C'est apparemment le chef de l'Etat qui pilote cette délégation, en partenariat avec le médiateur, le président du Faso, Blaise Compaoré. Le représentant du ministre de la Défense a également toute sa partition à jouer dans ce début de dialogue. Comment face à ces représentants de l'Etat malien des voix peuvent-elles s'élever pour dire que cette délégation n'est pas mandatée par le Gouvernement ? Lorsque ces rodomontades proviennent du Cabinet du Premier ministre et relayées dans la presse, on se perd en conjectures. Le chef du Gouvernement veut-t-il être personnellement le chef de la délégation avant de reconnaître la légitimité de celle-ci ? En faisant croire que le Gouvernement malien n'est pas représenté par cette délégation, le Directeur de cabinet du Premier ministre, certainement mandaté par son mentor, le chef du Gouvernement, commet une faute grave. Il discrédite encore l'Etat malien à l'extérieur de ses frontières. Selon plusieurs observateurs, le Mali ne pouvait constituer une délégation restreinte de meilleure expertise que celle-là. Surtout que cette équipe dépêchée à Ouagadougou par le chef de l'Etat n'y est pas allé pour entamer des négociations avec les bandits armés ; mais seulement pour officiellement rencontrer et écouter les égarés et fous de Dieu, en présence du Médiateur.  En clair, il n'est question pour aucun membre de cette délégation de prendre un quelconque engagement au nom de l'Etat malien. Le ministre Tiéman Coulibaly a, du reste, été clair à ce propos. " Nous sommes venus dans le cadre de la Constitution de la République du Mali " qui prône clairement l'unicité et la laïcité du pays. " Nous sommes là pour réaffirmer la souveraineté du pays sur chaque centimètre carré du territoire national ", avait martelé un autre membre de la délégation. Comme pour dire que cette démarche diplomatique équivaut quasiment à une mise en demeure à l'endroit des terroristes et islamistes afin qu'ils déposent les armes et retournent au sein de la République. Se rendre dans la capitale burkinabé pour prendre le pouls des bandits armés du MNLA et d'Ançardine ne sera, pour le Gouvernement malien, qu'une prise à témoin de la communauté internationale sur la bonne foi de l'Etat malien à régler cette crise par la voie diplomatique. Mais, comme rien ne semble bouger dans le camp des criminels si ce n'est la renonciation à la charia sauf à Kidal et l'autonomie à la place de la sécession, il y a fort à parier que l'ultime solution sera irrémédiable. Au moment où tous les interlocuteurs demandent que les " Maliens parlent d'une seule et même voix ", les autorités maliennes gagneraient à savoir raison garder, taire leurs petits égos pour sauvegarder la face du pays. Surtout en ces moments cruciaux de prise de contact avec les ennemis de la République. Et dire que c'est en ce mardi de prise de langue que les dernières armes et équipements militaires bloqués au port de Conakry, en Guinée, sont accueillis avec ferveur à Bamako ! Que Dieu aide le Mali !                                   Bruno D SEGBEDJI

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