Edito : La crise énergétique plombe totalement l’économie malienne
Depuis plus de 3 ans le Mali traverse l’une des crises énergétiques les plus gravissimes plombant totalement sa fragile économie. Tous les secteurs socioéconomiques du pays sont touchés. L’administration d’Etat censée être la vitrine du pays, fonctionnant au 1/3 de sa capacité est paralysée faute de courant. Les entreprises qu’elles soient publiques, parapubliques ou privées ferment leurs portes les unes après les autres, car elles sont en état de faillite à cause du manque d’énergie. Les industries agonisent si elles ne mettent la clef sous paillasson. Certaines industries ont essayé des solutions alternatives, comme les groupes électrogènes, elles ont fini par craquer car leurs maigres ressources financières ont pris un coup sérieux. Nous assistons aujourd’hui à des licenciements en masse des travailleurs des entreprises et industries. Que dire du secteur informel où des activités génératrices de revenus sont exercées par des millions de citoyens ? Ils sont des millions de maliens à dépendre du courant car exerçant des petites activités génératrices de revenus liées à l’électricité. Ces activités lucratives leur permettent de subvenir à leurs besoins vitaux. Tailleurs, menuisiers, soudeurs, blanchisseurs, revendeuses de glace, souffrent tous les martyrs à cause du manque de courant électrique. Nombreux sont aujourd’hui les maliens qui n’ont pas deux bons repas par jour. La crise socioéconomique bat son plein annihilant tous les efforts de résilience consentis par les citoyens. Ces derniers, dans leur écrasante majorité sont à bout de souffle. De l’espoir d’une vie meilleure, au désespoir, après quatre ans de transition, aujourd’hui ils sont animés d’un sentiment de colère et ne demandent pas mille solutions aux autorités, mais juste le minimum pour pouvoir survivre. Le courant hier une chose banale, est aujourd’hui un luxe pour les citoyens. La banale question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir si les autorités sont réellement conscientes de la gravité de la crise socioéconomique et surtout des conséquences ?
Cette question vaut véritablement son pesant d’or surtout quand on sait la prétention des autorités à s’éterniser au pouvoir envers et contre tout. Le fameux dialogue inter maliens vient de leur accorder un nouveau bail allant de 2 à 5 ans avec la possibilité pour le Président de la transition de se maintenir au pouvoir au-delà du délai que l’ancien premier Ministre Ousmane Issoufi Maiga et les autres délégués au Dialogue Inter maliens viennent de lui accorder. Le Colonel Assimi Goita est toujours attendu par son peuple après la remise des conclusions du dialogue inter maliens. Les maliens attendent de leur Président de la transition le traitement qu’il fera de ce document controversé qui ne fait non seulement pas l’unanimité, mais aussi qui laisse pantois plus d’un malien eu égard à la souffrance. Va-t-il faire fi de toutes les peines qu’endurent actuellement le peuple pour se donner un long timing encore à la tête de l’Etat ? Rien ne doit plus surprendre dans ce pays quand on sait que c’est au moment où les maliens broient du noir que les autorités se la coulent douce au sommet avec des budgets faramineux et un train de vie exorbitant. Aujourd’hui c’est un calme inquiétant qu’on observe en traversant la ville de Bamako. Sur les visages on ne pourrait lire que de l’angoisse, de la peine, de la colère et même de la haine. Il revient aux autorités de savoir lire les faits et de parer au plus pressé en trouvant des remèdes aux maux les plus graves et aux préoccupations les urgentes. Sinon cette accalmie ne présage pas d’un lendemain enchanteur.
Youssouf Sissoko
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