Edito: Le 18e congrès du Parti Communiste chinois, l’UDPM et ATT
Il y a lieu de se demander, au moment où se pose à notre pays une crise institutionnelle au moins aussi grave que la crise politico-militaire, comment d’autres pays, entrés comme nous dans le système démocratique depuis deux décennies, ont passé le cap.
En Russie, après la mort de Boris Eltsine, le secrétaire du parti communiste qui était sorti dans la rue avec les manifestants contre le pouvoir soviétique, on a vu, depuis l’an 2000, Vladimir Poutine et son Premier ministre alterner au pouvoir comme en un jeu de rôles, le tout avec une forme démocratique impeccable. Au grand dam des pays occidentaux qui ont dénoncé là une démocratie de façade, la Russie a retrouvé pourtant, à la faveur d’une performance économique incontestable, son rang de puissance mondiale de premier rang. En Chine, le parti communiste a conservé le pouvoir, déjouant les pronostics des observateurs, qui ne donnaient pas cher de sa peau. Or, il vient de tenir son 18e congrès avec succès. Que peut-on d’ailleurs reprocher vraiment à ces pays, quand on sait que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis n’ont pratiquement que deux partis, que là-bas les Bush père et fils se sont succédé au pouvoir presque comme dans une monarchie, qu’en Inde, qualifiée de plus grande démocratie du monde, il y a toujours des Intouchables et la misère pour des dizaines de millions d’êtres humains. Dans le Mali dit démocratique, on compte plus de cent partis, et tous se sont effacés devant le consensus prôné par le chef de l’Etat, alors même qu’ATT déclarait ne se reconnaître en aucun d’eux. Cent partis formels donc, gravitant autour de celui qui a dit : « Le 26 mars, c’est moi ! », cent partis qui rappellent les différents courants antagoniques à l’intérieur de la défunte UDPM. Avec, toutefois, un avantage énorme sur le parti unique : désormais l’aide extérieure est assurée, vu que le régime est certifié démocratique. Avec des élections toujours financées par « les partenaires financiers » (comme celles, du reste, que les Nations Unies, viennent de commander pour 2013 au Mali), le moins qu’on puisse dire, c’est que la démocratie de la Troisième République était une création de l’extérieur. Quand on sait que l’Union Démocratique du Peuple Malien était beaucoup moins autoritaire que le Parti communiste chinois, que son seul problème, si l’on peut dire, comme au pays de Deng Xiao Ping, était la corruption, on se demande s’il n’y a pas lieu de reconnaître enfin la vérité, à savoir qu’il suffit changer de comportement pour que le pays avance à grands pas.
Ibrahima KOÏTA
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