Édito : Que faut-il craindre du "Takokélen

Juillet 31, 2013 - 01:40
Juillet 30, 2013 - 17:48
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Terme fréquemment employé en période de campagne par les candidats favoris pour annoncer une victoire à un seul tour, le "Takokélen" devient un point d’achoppement et souvent source du pépin pour les présidents élus. Lumière sur un concept et ses contours !       [caption id="attachment_161697" align="alignleft" width="344"]IIbrahim Boubacar Keïta. AFP IIbrahim Boubacar Keïta.
AFP[/caption] Le "Takokélen est un concept Bambara (principale langue nationale du Mali) désignant en milieu politique comme la victoire en un seul tour. Cette année ce mot revient dans les discours des partisans d’un candidat favoris, Ibrahim Boubacar Keita.     L’hypothèse de ce "Takokélen" fait l’objet d’une vive contestation de plusieurs partis en lice. Les résultats provisoires attendus du côté du ministère de l’Administration territoriale devront permettre de départager les deux protagonistes ou de les renvoyer devant les électeurs pour une seconde consultation électorale (ce qui est improbable selon le colonel Moussa Sinko Coulibaly).       Mais si les premières tendances, annoncées largement à la faveur du candidat Ibrahim Boubacar Keita, venaient à être confirmées, on aura assisté à un remake de la présidentielle de 2007 où le candidat soutenu par l’Alliance pour la démocratie et le progrès (une plate-forme politique forte de plus 43 partis politiques) et plusieurs dizaines d’autres associations et clubs de soutien, qui ont assuré la victoire à Amadou Toumani Touré face au même IBK.     Comme l’ancien président déchu par une mutinerie mal négociée le 22 mars 2012, IBK pourra se targuer d’être parvenu à Koulouba par un vote du peuple. Son score qui pourrait, si l’on s’en tient à ceux avancés çà et là, pourrait également avoisiner le plébiscite  du chef d’orchestre du Programme de développement économique et social (PDES) avec 70% en 2007.     Mais ce "Takokélen" qui a reconduit l’ancien chantre du consensus politique s’est soldé par un coup d’Etat à moins de 5 ans plus tard.     En Tunisie, le président Zine El Abdine Ben Ali a été contraint en exil (le 14 janvier 2011) suite à une révolution dite du printemps arabe. Pourtant il avait été réélu pour la 9e fois consécutives avec 89, 62 % des voix. Son homologue d’Egypte Hosni Moubarak a connu le même sort après avoir été élu avec un score pharaonique.     En Centrafrique, François Bozizé a été poussé à l’exil par la coalition de la Séléka après avoir été proclamé vainqueur au premier tour de l'élection présidentielle de 2011 avec 64,37 %.     En Lybie, le roi des rois d’Afrique a été déboulonné du haut de son trône alors qu’il se croyait chouchouté et par son peuple et par la communauté africaine au sein de laquelle il se faisait passer pour un messie de la paix et de l’unité africaine. Mouammar Kadhafi n’a même pas survécu  à la chute de son régime.     Ce n’est pas tout. Tout près de chez nous au Niger, Mamadou Tandia, un officier-président a été déposé par un coup d’Etat alors qu’il s’apprêtait à un "Takokélen" à la Nigérienne après avoir pu forcer la modification de la Constitution pour se maintenir au pouvoir trois années supplémentaires.   En passant dès le premier tour, le candidat du RPM ne doit-il pas craindre le spectre de l’effet boomerang plus tard. En tout cas comme le dit Regeaman ivoirien, Alpha Blony "On applaudit pour porter au pouvoir, mais de même pour te déposer".   Bienvenue au chef et vive le peuple !     Markatié Daou    

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