Édito : Qui a créé le piège du tricephalisme ?

Déc 13, 2012 - 09:38
Déc 13, 2012 - 10:34
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C’est ceux qui ont dit que « Premier ministre de pleins pouvoirs » signifie « normal », « normalisé ». Or il n’en est rien ! Il y avait lieu de le considérer comme un Président de la République à part entière, puisqu’il n’y avait pas de président et qu’il ne pouvait pas y en avoir en quarante jours ! Amadou Haya Sanogo aurait dû, lui, se retirer dans les casernes, à défaut de s’imposer à la CEDEAO et à la France comme président légitime.

En 1941, De Gaulle, lui, avait lutté (il est vrai, avec l’appui d’un Churchill), pour obtenir la légitimité à la tête de la France. Le Mali récolte les conséquences d’une fuite en avant qui se terminera on ne sait quand, puisque le capitaine refuse de dire pourquoi il continue d’interférer brutalement dans la vie politique nationale. Le pays est en crise, certes, mais le coup d’Etat permanent, c’est autre chose, qui rappelle quelque peu ce qui se passe au Nord…

Après le 1er avril 2012, date historique du rétablissement de la Constitution de 1991, le Capitaine se trouvait en face d’une classe politique malienne et d’une coterie de chefs d’Etat de la sous-région qui n’avaient qu’une envie : le remettre à sa place. Celle de chef du comité de suivi et de réforme de l’armée, dont il se dit satisfait, fut la trouvaille des experts de la CEDEAO, un cadeau empoisonné, en l’absence d’une nomination à un grade de général, puisqu’il devrait, à terme, s’y retrouver en confrontation technique et administrative avec les officiers supérieurs.

C’est dans les régimes communistes d’antan ou chez les fascistes qu’on pouvait concevoir une telle aberration, vu que le grade dans le parti était supérieur à celui dans l’armée. On s’est donc servi du capitaine pour créer une situation ingérable, à moins qu’on n’ait, cyniquement, espéré une issue semblable à celle de l’autre…il y a quelques années. Il a eu le courage de renverser ATT, celui, encore plus grand, de rétablir la Constitution de 1991. Dans le premier cas, c’était au profit du pays ; dans le second cas, c’était au profit de la CEDAO. Il semble que son engagement, cette fois, soit à son propre compte. Il attend l’appel du pays, il l’a presque reconnu, en critiquent, bizarrement, l’ambition du Dr Cheick Modibo Diarra.

Comme De Gaulle en 1958, est-il en train de s’arranger pour qu’on l’appelle ? Quant à la CEDEAO, grâce au tricéphalisme mis en place, elle a presque réussi à tirer d’affaire les gens d’ATT, ce qui n’est pas pour déplaire à la France non plus. Dioncounda ira-t-il dans ce sens ? Ibrahima KOÏTA

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