Edito / Un gouvernement de défis

Avr 6, 2011 - 18:30
Avr 6, 2011 - 18:30
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L’équipe qui vient d’être désignée pour conduire, sans doute, les ultimes pas de ATT sera à n’en point douter plus qu’un gouvernement de combat. Malgré une vague impression de déjà vu, les défis auxquels elle devra faire face sont nombreux et urgents, des défis majeurs. Si ceux concernant les contours sont en cours de traitement, notamment la nomination d’une femme pour remplacer Modibo Sidibé , une nouveauté, dans un pays sahélien qui, s’il se veut de moins en moins machiste et sexiste en raison de la part active des femmes à l’avènement de la démocratie, n’en demeure pas moins, dans une large mesure, sceptique à la gestion féminine des affaires publiques à ce niveau de représentativité.

Deuxièmement, défi de pure forme ? Le choix des hommes composant l’équipe. A quelques exceptions près, la plupart des chapelles ont été au bord de l’implosion quand il s’est agi d’envoyer des représentants au gouvernement. Cela est symptomatique à la fois de la fragilité des formations et de la conception où l’on tient la mission de parti qui motive les choix vécus comme une aventure personnelle conduisant très souvent à se détourner du bercail. Enfin le retour de l’opposition dans le sérail, aux cotés des partis de la défunte ADP, dans des bancs longtemps désertés, n’est pas sans créer quelques émois. Ils devront réapprendre à travailler ensemble.

Sur le fond, autant on a une idée claire des enjeux qui attendent les nouveaux impétrants, autant la mise en œuvre des dossiers s’avère difficile et leur seule évocation donne le vertige. Si le traitement à réserver à ceux sur lesquels reposeront et la stabilité et le développement immédiats du pays ne souffre aucun marchandage - à savoir l’organisation consensuelle de bonnes élections et la nécessaire réponse à apporter en urgence au front social qui en pareilles circonstances rentre en ébullition - il n’en est pas de même sur les multiples effets secondaires qui ne manqueront pas d’affecter la bonne marche de la machine gouvernementale tout aussi occupée à lorgner sur 2012 et tout ce qu’il contiendra.

Les membres du gouvernement Kaïdama devront par-dessus tout résister à la tentation de travailler chacun pour sa chapelle au détriment du pays. S’obliger à regarder davantage aujourd’hui pour espérer être à demain, en entier. L’édifice est à ce point fragile que l’onde de choc et les effets collatéraux des conflits finissant en Côte d’Ivoire et en Libye constitueront des tests grandeur nature, dès demain, de la capacité à résister et à circonscrire ce qui pourrait être un danger quand des pays essentiels pour le Mali sont déstabilisés et que près du quart de notre population est, pour cette raison et pour d’autres, en situation de détresse humanitaire.

S. El Moctar Kounta

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