Editorial : Avoir les moyens de sa politique

Fév 26, 2013 - 05:23
Fév 26, 2013 - 05:23
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De retour d’une mission sur la ligne de front (dans la région de Mopti), le procureur général Daniel Tessougué a tenu des propos qui font froid dans le dos. Nos militaires manqueraient de tout, y compris du minimum vital dans la mesure où ils n’auraient même pas à manger, selon le constat fait par le magistrat. Avant lui, des soldats avaient tenu sur les antennes de l’ORTM des propos du même genre. En fait, depuis le début de cette guerre au Nord, toutes sortes de rumeurs plus ou moins fondées circulent concernant l’armée malienne et concernant le moral des troupes. Il est clair que le début des événements et plus encore leur déroulement ont pris tout le monde de vitesse. Et personne n’est dupe. Les militaires maliens pas plus que leurs frères de la MISMA n’étaient prêts à se retrouver aux avants postes du jour au lendemain. Mais comme il fallait y aller, de peur de trainer ad vitam aeternam la mauvaise réputation de soldats ne voulant pas se battre, ils sont montés au front. A l’évidente impréparation des soldats maliens et au manque d’un équipement adéquat pour tenir la dragée haute à des terroristes qui les avaient fait reculer jusqu’à Mopti en abandonnant les 2/3 du territoire, les militaires maliens jouent la carte du cœur et du savoir-faire de quelques officiers. Mais palier les insuffisances et les incohérences d’un ensemble n’est pas chose aisée. Mais à l’évidence, le plus dur était devant les combattants. Il s’agit de faire face aux accusations de plus en plus répétées d’exactions contre les militaires maliens. Dès le lendemain du déclenchement de la guerre, elles ont commencé à pleuvoir comme si elles étaient inscrites dans une stratégie de communication de la part de ceux qui ont perdu pied sur le terrain mais qui disposent de bras longs et d’appuis multiformes. Il serait illusoire de croire que toutes les accusations sont infondées dans la mesure où une guerre propre, une guerre sans victimes innocentes n’existe pas. Mais de là à penser qu’il y a une volonté délibérée, une vision planifiée de liquider des Maliens juste parce qu’ils sont de couleur blanche, il y a un pas dans la propagande que la morale reprouve. Et parfois, en écoutant les mêmes gens donner la parole aux mêmes « victimes », souvent dans des conditions qui poussent à s’interroger (un berger de Gossi ayant abandonné femme et enfants pour se retrouver au Burkina Faso…avec son téléphone ou un commerçant qui a trouvé refuge en Mauritanie et joignable quand il s’agit de raconter son « calvaire » et porter des accusations, etc.), on pourrait penser qu’il y a une vaste entreprise de salir les militaires maliens et par-delà eux le Mali. D’où l’obligation pour eux, pour ceux qui sont sur le terrain, d’être vigilants et de ne pas céder à la tentation de la facilité. Les problèmes soulevés autour de l’impréparation des militaires posent la problématique de la réoccupation des régions du Nord. Une chose est de bouter les terroristes loin de ces zones, une autre est de se donner les moyens de les administrer en apportant des réponses simples aux sollicitations des populations longtemps abandonnées. Or visiblement, tout porte à croire que l’Etat n’est pas trop prêt. Akhimy Maïga

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