Editorial : Diango, Dioncounda, Sanogo et le Mali

Jan 7, 2013 - 21:58
Jan 7, 2013 - 14:01
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Un vieux dicton mandingue dit : Si tu rencontres en marchant une tige de mil tombée sur le chemin, relève-là, un jour elle te nourrira ; si tu rencontres un arbre tombé sur le chemin, relève-le, un jour il te donnera de l’ombre pour t’y asseoir ; mais si tu rencontres un homme tombé sur le chemin, ne le relève pas, enjambe-le ou passe à coté ; si tu le relèves, il t’enlèvera, il t’injuriera, il te querellera. Cette maxime sied bien à ce qui passe actuellement au sommet de l’Etat. Le capitaine Amadou Haya Sanogo fait appel à Cheick Modibo Diarra et le nomme Premier ministre. Ce dernier saisira, en violation des dispositions constitutionnelles, la Cour constitutionnelle pour une prolongation de quinze jours du mandat de Dioncounda Traoré, menacé de quitter son fauteuil au-delà des 40 jours prévus par la Constitution et consigné dans l’arrêt de la  Cour. Du coup, le président par intérim bascule illégalement à la tête d’une «transition» pourtant politique. Ainsi, Dioncounda Traoré, appuyé par Diango Cissoko, conseiller spécial à la primature avec la bénédiction du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) paye en monnaie de singe le Premier ministre Cheick  Modibo Diarra. Des actes dignes d’un Etat mafieux. Dans un pays où la trahison est  une monnaie courante, lorsque l’Etat se fragilise, c’est le festival des brigands. Depuis l’injonction de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans les affaires internes de notre pays, c’est le système ADEMA-ATT qui revient au galop. Or sans l’immixtion de la CEDEAO ni Dioncounda, ni Cheick Modibo Diarra encore moins Diango Cissoko  ne pouvaient prétendre à quelque chose dans la gouvernance de ce pays. Dans un contexte de crise politico-économique décriée, seul un militaire patriote de la trame d’un Jerry Rawlings peut freiner le vagabondage politique qui sévit actuellement au Mali. Après plusieurs coups d’Etat dans son pays, le capitaine Jerry Rawlings, à l’époque âgé de seulement 34 ans, prend le pouvoir en 1981. En 1982, il promulgue une nouvelle Constitution  par référendum et  restaure le multipartisme. Jerry Rawlings sera élu à la tête de l’Etat  du Ghana lors de l’élection présidentielle au suffrage universelle. Il est brillamment reconduit en 1996 dans ses fonctions. Dès lors, on est tenté de se demander quelle mouche a-t-elle piqué le capitaine Amadou Haya Sanogo et les autres membres du CNRDRE pour se recroqueviller devant les chefs d’Etat mal élus de l’espace CEDEAO ? Nul doute que le capitaine Jerry Rawlings continue à être une référence en Afrique de l’Ouest. A la retraite politique, il veille sur la méthode de gouvernance qu’il a imprimé à son Ghana natal. Je voue une réelle admiration pour ce capitaine  respectueux de l’exactitude militaire. Ils sont nombreux ces capitaines d’armées à sauver leur pays des affres des hommes politiques. Parmi eux, il faut citer : les Mouammar Kadhafi (29 ans),  Thomas Sankara (32 ans), Dadis Camara (44ans). Selon le général ATT aujourd’hui en fuite : «les coups d’Etat trouvent leur réponse dans la mauvaise gestion des politiques». Ceci étant, le CNRDRE doit sévir et s’inspirer de l’exemple de Jerry Rawlings au lieu de se laisser absorber par le système Dioncounda-Django qui n’augure rien de bon pour les maliens déjà meurtris par divers actes de forfaiture. Django Cissoko est l’architecte du système Moussa, Alpha, ATT. Dioncounda, président par intérim du Mali, n’est pas étranger dans la mauvaise gouvernance des vingt dernières années ; mieux il est un acteur central de la situation que les maliens vivent aujourd’hui. Amadou Haya Sanogo a tout simplement été un observateur attentif du système. En ce jour de nouvel an 2013, les Maliens  souhaitent avoir un nouveau système débarrassé de tous ces délinquants à col blanc. C’est à cette bataille patriotique que j’invite le capitaine Amadou Haya Sanogo à relever ce défi. Nous souhaitons une année de paix à notre chère patrie le Mali. Et nous demandons à Cheick Modibo Diarra, ancien Premier ministre de présenter ses excuses au peuple malien pour avoir plongé notre pays dans une crise institutionnelle dont il est le principal responsable. Nous retenons de lui  un Premier ministre «Pleins pouvoirs», qui a saisi illégalement la Cour constitutionnelle pour une demande de prorogation du mandat du président par intérim Dioncounda Traoré. Cette demande fut accueillie favorablement par les neuf (9) sages nommés par ATT, Dioncounda et le SAM (syndicat autonome de la magistrature). Et depuis cette demande d’avis (n° 245/PM-CAB du 18 Mai 2012) adressée à la Cour constitutionnelle le PM Cheick Modibo Diarra inconsciemment plongea le Mali dans une crise profonde. Ce qui a abouti à un pouvoir à trois têtes : Cheik Modibo Diarra, d’un côté Premier ministre «Pleins pouvoirs» tirant presque sa légitimité d’un groupe d’associations islamiques, de l’autre côté Dioncounda Traoré, président nommé par la CEDEAO et enfin le capitaine Amadou Haya Sanogo, président du Comité de la réforme des forces de sécurité. Comme disent les bambaras, «une amitié entre trois personnes finit par monter deux contre un et ce fut le cas». Cheick  Modibo Diarra s’est finalement retrouvé seul contre  Dioncounda (porteur du bonnet du pouvoir) et le capitaine Amadou H. Sanogo (porteur du sabre). Dioncounda finira par résoudre son équation avec l’arrivée de Diango Cissoko Premier ministre de sa transition. Il est certain que la guerre de leadership est loin d’être terminée entre le duo Dioncounda Traoré- Diango Cissoko et Amadou Haya Sanogo. Les prémices d’une guerre sont perceptibles avec l’arrivée sur la scène d’anciens ministres nommés conseillers spéciaux dans les institutions de la République. Il est simplement dommage que le président par intérim et le Premier ministre continuent à tourner en bourrique toute la classe politique par rapport à la tenue des concertations nationales. Amy SANOGO

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