Editorial : En toute impunité
Au Mali, être ministre, PDG ou directeur suffit pour bénéficier de l’impunité. Car on n’y accède pas fortuitement. L’exercice d’une haute fonction vous offre le ticket d’entrée dans le cercle vicieux des cadres véreux. L’impunité est le fait de ne pas risquer d’être puni, sanctionné pour une faute commise. Elle a mis notre pays dans l’agonie.
Avec la démocratie aidant, les fonctionnaires de la catégorie A, membres des partis politiques très influents admis à la retraite, travaillent toujours. Ils gèrent des projets financés par le PNUD ou autres structures. Du Mali de Moussa Traoré en passant par Alpha Oumar Konaré pour aboutir à ATT, c’est le même système de gouvernance, avec les mêmes cadres.
On pourrait qualifier les régimes UDPM, ADEMA, ATT ou PDES de gouvernements d’impunité. La volonté d’accaparement des richesses du pays par quelques hautes personnalités du Mali parait obsessionnelle. Toute activité, tout contrat fait l’objet d’un prélèvement important.
Les détournements de biens publics sont continuels. La mode chez les cadres véreux à Bamako, c’est d’avoir une maison à Dakar, Abidjan, en France au Canada aux USA. Ils ont construit de belles résidences dans les quartiers chics de la capitale. Le siège de la BHM à Paris était la propriété d’une personnalité du régime ATT. Les immeubles ABK 1 jusqu’à 6 appartiennent à un PDG du régime UDPM.
Le groupe Tomota exécute pour le compte d’une haute personnalité du Mali. Graphique Industrie détient le marché de fabrique des programmes du PMU-MALI depuis 1994 jusqu’à nos jours pour une société qui fait une recette de 250 millions de francs CFA par course.
Alors pourquoi la société du Pari mutuel urbain n’achète pas sa propre imprimerie ?
Dans un tel système où les plus hautes personnalités se sont muées en homme d’affaires, les scandales sont permanents. Nous n’en citerons que quelques-uns parmi les plus exemplaires. Trois projets très coûteux, dont l’utilité est au bas mot fort contestable : la cité administrative, la rénovation de l’aéroport de Bamako-Sénou, la construction du 3è pont de Bamako.
D’autres opérations ont défrayé la chronique : TM2, l’hôpital du Mali ; l’hôpital de Sikasso, l’usine de montage de tracteurs à Samé. Le tramway, qui devait être le joyau de la cité, n’a jamais vu le jour, mais tout l’équipement, dit-on, a néanmoins été acheté. Toutes ces réalisations ont constitué un moyen de se faire beaucoup de francs CFA pour quelques privilégiés des régimes maliens, quelques intermédiaires, voire certains partis politiques. Sans oublier les sociétés et banques qui ont profité sans vergogne de la situation. Quand la Banque mondiale a mis son nez dans les finances maliennes, les surprises n’ont pas manqué.
Amy SANOGO
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