Les tensions, ces derniers jours, sont montées d’un cran. Et paradoxalement, même dans les rangs de l’ennemi. Les vieux démons, qui subsistent de part et d’autre, se sont réveillés de leur tombe. Le présumé serein et imperturbable Blaise Compaoré, pour une des rares fois, est sorti de sa réserve pour ‘’fustiger’’ le Mali et les maliens.
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Fousseyni Maiga, directeur publication "Le Flambeau"[/caption]
Les propos de l’homme n’ont pas été les bienvenus. Ils auraient même, aux dires d’un haut responsable, choqué la décence morale et diplomatique. Qu’à cela ne tienne, nous devons savoir raison garder dans la mesure où le président du Faso n’a fait que relater aux yeux du monde le comportement dont nos leaders ont fait montre durant leurs différentes ‘’lunes de miel ouaga-laise’’. Sans compter l’orgueil que l’intervention a fait naitre auprès des autorités de la transition, sans lequel un accord ne serait pas trouvé avec la Cedeao. Parlant de Cedeao, il faut dire également qu’elle ne devra pas s’attendre à être accueillie avec tous les honneurs en terre malienne. Qu’à cela ne tienne, il lui faudra savoir raison garder car tous les maliens ne partagent pas sa contestation et retenir que la mission qui lui reviendrait (au-delà de l’intérêt du Mali) est d’une cause internationale et doit être mise aux dessus des considérations individualistes et corporatistes. Que dire du silence, presque dolosif, de la grande muette ? Là encore, l’on devra savoir raison garder et éviter de tomber dans la passion et l’orgueil. Car ce qu’une seule personne peut faire, deux ou plusieurs ne peuvent en principe que parfaire ou accélérer cela. Quant aux mouvements politiques et autres agitateurs sociaux, abonnés à la politique du sabotage et aux bricolages anti-progressistes, il faudra aussi savoir raison garder et soutenir cet élan de ferveur internationale pour enfin donner une lueur d’espoir aux populations du nord et au Mali tout entier. Aux utopistes du Mnla, islamistes/intégristes d’Ansardine et du Mujao et autres terroristes d’AQMI : il faudrait qu’ils sachent, eux surtout, garder raison et éviter de nous distraire avec leurs balivernes. Le MNLA, comme bon lui semble, a le droit de se rallier à ses anciens partenaires à condition de pouvoir supporter une nouvelle raclée de leur part. Sauf qu’exempt certains, qui tentent de les ressusciter coûte que coûte pour des raisons jusque là peu catholiques, pour nous autres (maliens et observateurs) il ne vaut pas plus mieux que les autres ennemis du Mali. Iyad, lui, peut continuer à nous entretenir sur l’illusion d’une quelconque négociation. Quant aux Mujao et Aqmi, ils peuvent profiter du peu de temps qui leur reste pour collectionner leurs mains et pieds, valoriser et rentabiliser les quelques otages qu’ils détiennent encore ou liquider les stocks de drogue restants. Car, pour sa dignité, la stabilité et la paix internationales, le peuple du Mali et la Cedeao, sous l’égide des nations unies et d’autres pays concernés, s’apprêtent à riposter et libérer le Nord. L’armée malienne, quelque soit le temps que cela prendra, sauvera son honneur. Le monde entier, au regard des atrocités et flagrantes atteintes aux droits humains, leur fera répondre de leurs actes. L’islam, au nom duquel ils s’adonnent à des pratiques de tout acabit, leur contredira. Le dialogue et la négociation, qu’ils instrumentalisent au gré de leur humeur, finiront pas leur tourner le dos quand les canons commenceront à retentir. Malgré tout cela, ils devront savoir raison garder et retenir que les larmes d’enfants et de veuves, la dignité d’une nation et son avenir et la paix n’ont aucun prix. Pour la reconquête du Nord et l’organisation d’élections libres et transparentes : tous les maliens sans distinction aucune doivent savoir garder. Le débat houleux autour du port obligatoire des casques et anticipé avec sagesse par le gouvernement pour éviter d’autres grognes sociales, doit être oublié. Bien que salutaire et nécessaire sur le plan économique, cette décision était inopportune et souffrait d’ores et déjà de mesures d’accompagnements pouvant faciliter l’adhésion des populations à savoir la sensibilisation, l’accessibilité des casques à un coût raisonnable, la préparation psychologique des policiers face à toute tentative de corruption pour sa meilleure applicabilité, la justice dans la répression… Rappelons pour terminer que tous les acteurs (nationaux, sous-régionaux et internationaux) concernés par cette crise du nord, compte tenu de sa sensibilité et de la phase décisive que nous sommes en train d’emprunter, devront savoir raison garder.
FOUSSEYNI MAIGA