Election présidentielle du 29 avril 2012 : Pourquoi Modibo Sidibé se fait-il tant désirer ?

Nov 3, 2011 - 18:30
Nov 3, 2011 - 18:30
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Il continue de garder profil bas malgré le tintamarre et les agitations qu'a suscité et continue de susciter encore son éventuelle candidature. L'ex-Premier ministre Modibo Sidibé semble prendre un plaisir particulier en faisant piaffer d'impatience ses partisans et autres inconditionnels qui ne jurent que par lui. Ceux qui ne vivent désormais que pour sa candidature à l'élection présidentielle du 29 avril 2012 et qui croient, jusqu'au tréfonds de leur être, en sa capacité à se faire élire au Palais de Koulouba. On se demande aujourd'hui pourquoi Modibo Sidibé n'a, jusqu'à présent, posé aucun acte significatif d'un futur candidat à la magistrature suprême de son pays.

Cela fait déjà plusieurs mois que l'ex-Chef du Gouvernement, Modibo Sidibé, fait parler de lui dans les colonnes des journaux, sur les antennes des radios privées, voire dans les médias internationaux dans les " grins " et salons feutrés de Bamako à propos de l’ambition qui lui est prêtée de briguer la présidence de la République. Le premier tour de l'élection présidentielle de l'année prochaine aura lieu le 29 avril. Soit dans moins de six petits mois.

     Et il faut reconnaître que l'ancien Premier ministre n'a, au jour d'aujourd'hui, fait ni une déclaration sur «son» ambition présidentielle ni posé un acte significatif allant dans ce sens. L'homme s'est contenté, ces dernières semaines, de quelques timides visites à quelques notabilités religieuses et à des familles fondatrices de Bamako. Après avoir démissionné de sa fonction d'officier supérieur des forces de sécurité en septembre passé, l'ex-Contrôleur général de police semble dormir sur ses lauriers. Qu'attend-t-il pour afficher clairement son projet à travers, par exemple, une sortie médiatique ? Attendrait-il un signal encourageant du président ATT ? Il ne viendra certainement pas. Du fait de l'obligation de neutralité que s’est imposée  l'actuel locataire du Palais de Koulouba. En tout état de cause, si coup de pouce d'ATT il devrait y avoir, il interviendra le plus tard possible.

 La déclaration de candidature de Modibo Sidibé devrait avoir lieu à Sikasso le 29 octobre dernier. Sans aucune explication, cette date a été finalement reportée sine die. Tout se  passe comme si Modibo Sidibé et ses principaux lieutenants font preuve d'un excès de confiance pour ne pas se rendre compte que la course pour la présidence de la République est une course de fond. Elle doit commencer très tôt car " il ne sert à rien de courir, il faut partir à point ", nous conseille Jean de La Fontaine.

 

Joint par nos soins hier, un des anciens collaborateurs de l'ex-PM  fortement impliqué dans sa communication  a déclaré qu'il n'y a pas lieu de se presser. " Nous avons tout le temps. Nous sommes en train d'aller lentement mais sûrement. Ce qui est sûr, l'acte fondamental de cette candidature sera posé courant décembre prochain ".

Ce n’est pas notre point de vue. Nous estimons que, Modibo Sidibé, qui n'a pas de parti politique mais voudrait compter sur un rassemblement cosmopolite de cadres venant de plusieurs horizons politiques, a le temps contre lui. Il faut se rendre à  l'évidence que ses potentiels concurrents pour la succession à ATT ont des appareils politiques rodés qui ont suffisamment investi le terrain depuis déjà plusieurs années.

En effet, IBK du RPM, Me Mountaga Tall du CNID-FYT, Soumaïla Cissé de l'URD, Dioncounda Traoré de l'ADEMA et d'autres ont déjà une certaine avance en tant que leaders politiques ayant sillonné le pays à diverses occasions de compétitions électorales. Ils ont des sections de leurs partis, des députés et plusieurs élus locaux qui se battront pour leur compte. L'ex-chef du Gouvernement devra déployer encore des efforts pour se constituer une machine électorale, même s'il peut estimer qu'ayant dirigé l'équipe gouvernementale pendant  3 ans, il pourrait en tirer quelques retombées  favorables sur son aura personnelle.

 

En comptant seulement sur la création d'associations, mouvements et clubs de soutien, souvent constitués majoritairement de jeunes opportunistes, l'enfant du capitaine Sidibé et ses principaux souteneurs pourraient se leurrer. Nous voudrions bien nous tromper dans cette lecture de la situation. Ayant proclamé que Modibo n'étant militant ni de l'ADEMA, ni du PDES et ne saurait donc être le candidat d'aucune de ces formations politiques, les responsables de ces partis bien représentés à l’Assemblée nationale mettront leur point d’honneur à empêcher l’ex-PM d’opérer des saignées dans leurs rangs à son profit. La "vigilance" et les mesures de dissuasion seront similaires au niveau des autres formations politiques comme le RPM et l'URD qui, à l’instar de l'ADEMA, prêchent la prééminence du fait partisan. C'est-à-dire faire tout pour empêcher un indépendant de succéder à l'indépendant ATT. Autrement dit, œuvrer à l'émergence d'une personnalité issue d'un parti ou d'une coalition de partis politiques pour diriger le pays après «l’exception ATT».

Par ailleurs, en cette période de mise en place des alliances politiques pour le soutien à des candidatures avec son corollaire de débauchages tous azimuts, les partisans de Modibo Sidibé, constatant le calme plat qui prévaut chez leur mentor, pourraient être tentés de voir ailleurs.

En rassemblant, pour le moment, autour de leur nom plusieurs partis pour soutenir leurs candidatures, IBK, Soumaïla Cissé optent pour le pragmatisme politique. Pendant ce temps, en véritable flic qui veut tout recueillir et analyser tous les faits et gestes avant d'agir, Modibo Sidibé traîne les pieds. A quoi, il faut ajouter la communication pusillanime, à la limite sélective de l'enfant du Wassoulou. Un communication qui tarde à prendre ses marques.

Ce qui est sûr, si l'ex-PM veut damer le pion aux vieux dinosaures du landernau politique local que sont IBK, Soumaïla Cissé, Dioncounda Traoré, Me Mountaga Tall et les autres pour la conquête du palais de Koulouba, il va devoir donner un sérieux coup d'accélérateur à son timing. Faute de quoi il peut toujours...rêver.

Bruno D SEGBEDJI

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