18h15 : Des médias locaux burkinabè,
dont Burkina24 qui en produit une photo, véhiculent un communiqué attribué à Mariam Sankara, signé à la main et daté du 1er novembre 2014. Il aurait été rédigé à Montpellier, en France. On y lit que l'ex-première dame, veuve du président assassiné en 1987, souscrit à l'idée d'une transition dirigée par des civils. Il s'agit par ailleurs d'une attaque en règle contre le successeur de Thomas Sankara. Ce matin,
le site Mondafrique rappelait que jamais Mme Sankara «
n’a cessé » de demander qu’une enquête soit menée pour déterminer les causes de la mort de son «
mythique » président de mari.
Extrait du communiqué : «
L'image de médiateur dans la sous-région dont s'était drapé (Blaise Compaoré) ne doit en aucun cas le disculper. Et dire qu'en 2012, il a même caressé l'idée d'avoir le prix Nobel de la paix comme s'il oubliait tous les crimes ourdis depuis 1987. Ce monsieur qui était sollicité comme médiateur dans les conflits était en réalité celui qui les attisait. Des pays comme l'Angola, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée, le Mali et la Côte d'Ivoire où il a trouvé refuge ont subi ses manœuvres de déstabilisation. Non, il ne doit pas couler des jours paisibles à Yamoussoukro. Il doit répondre de ses actes et de ses crimes de sang. »
17h40 : La rencontre entre le lieutenant-colonel Zida et les leaders de la coalition de l'opposition politique burkinabè est terminée. Aucune déclaration n'a été faite. Mais Ablassé Ouedraogo a laissé entendre, selon
Burkina24, que «
la rencontre a été satisfaisante ».
17h25 : Sont présents au siège du Conseil économique et social de Ouagadougou pour la discution en cours avec le lieutenant-colonel Zida : Zéphirin Diabré (UPC), l'ancien ministre des Affaires étrangères Ablassé Ouedraogo, l'ancien président de l'Assemblée nationale devenu opposant Roch Marc Christian Kaboré (MPP), et Bénéwendé Sankara, leader du parti sankariste. Saran Sérémé serait repartie.
17h20 : les revendications du peuple burkinabè rejoignent celles de la communauté internationale, qui demande l'instauration d'une transition civile, et non militaire. Mohamed Ibn Chambas est le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest. Il est à Ouagadougou. Il s'exprime au micro de RFI :
«
La Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, NDLR)
, l'Union africaine et les Nations unies sont engagées pour continuer les consultations avec les uns et les autres, les parties prenantes burkinabè, et trouver une porte de sortie conforme à la Constitution. Comme ça : mise en œuvre d'un organe constitutionnel avec un leader civil, tout faire en conformité avec les normes constitutionnelles. Nous voulons aussi insister sur la sécurité des acteurs politiques. Ça, c'est très important. Il faut tout faire pour assurer la sécurité de tous les acteurs politiques burkinabè. Ceux de l'ancienne majorité, aussi bien que les leaders de l'opposition. »
17h10 : Notre envoyé spécial au siège du CES de Ouagadougou relate que l'intégralité des leaders de la coalition de l'opposition sont présents à la réunion, en compagnie du lieutenant-colonel Zida, lui-même entouré de plusieurs hauts gradés. Saran Sérémé est sur place, mais elle n'est pas en salle.
16h43 : Alors que des discussions sont en cours au CES, le calme est revenu à Ouagadougou après un épisode houleux autour de la radio télévision nationale, où deux personnes se sont pratiquement proclamées chef de l’Etat en moins de trois minutes dans l'après-midi. Une foule s'était rassemblée devant le bâtiment dans la matinée, avant d’être dispersée par les forces de sécurité qui ont procédé à des tirs de sommation. La manifestation de la place de la Nation a également été dispersée.
Plus d'informations sur notre site.
16h30 : Une rencontre entre le lieutenant-colonel Zida et des représentants de la classe politique a commencé au siège du Conseil économique et social (CES), à Ouagadougou, relate
Burkina24. Après s'être entretenu avec les journalistes, Isaac Zida - chargé de la transition par les chefs d'état-major de l'armée - a rejoint une forte délégation politique, principalement des membres de l'opposition. Tout le monde est en salle.
16h10 : Selon notre correspondant en Côte d'Ivoire, le président Ouattara a rencontré son ex-homologue burkinabè Blaise Compaoré à Yamoussoukro, où ce dernier a trouvé refuge, pendant une heure samedi soir. Si l'on ne connait pas la teneur de leur entretien, on sait que les deux hommes sont amis de longue date.
15h30 : Notre correspondant Yaya Boudani relate que lorsque les militaires ont dispersé la foule réunie devant les locaux de la RTB, ces manifestants se sont alors dirigés vers la place de la Nation. Mais les militaires les ont suivis, puis ont finalement dispersé la manifestation sur la place. Pendant ce temps, d'autres membres de l'armée sont restés devant les locaux de la télévision publique, dont les programmes n'ont toujours pas repris.
15h05 : Les médias burkinabè véhiculent un communiqué signé Zéphirin Diabré, président de l'Union pour le progrès et le changement (UPC). Le voici en intégralité : «
Le chef de file de l’opposition politique informe le peuple burkinabè, les militants et sympathisants de l’opposition et de la société civile, que les informations faisant état d’une réunion de l’opposition ayant abouti à la désignation de « présidents de la transition » sont fausses et non fondées. Les présidents de partis qui viendraient à s’autoproclamer « présidents de la transition » parlent en leurs noms personnels. Leurs propos ou actes n’engagent donc pas l’opposition Politique. Par ailleurs, le chef de file de l’opposition invite le peuple burkinabè à rester calme et serein. Il assure que l’opposition dans son ensemble est à pied d’œuvre, à côté des autres forces vives de la nation, pour une issue heureuse et très prochaine de la crise. Vive le peuple burkinabè ! Ouagadougou, le 02 novembre 2014. »
14h30 : Il semble que l’on se dirige à présent vers un retour au calme autour des locaux de la télévision publique. En revanche, la situation s’annonce très tendue place de la Nation, située à 2 km de la RTB, une zone où l’armée a pris position afin de s’en assurer le contrôle, rapporte une dépêche de l’Agence France-Presse. Les soldats ont barricadé la place pour en empêcher l'accès aux manifestants, qui protestaient à l'appel de l'opposition contre la prise de pouvoir de l'armée.
14h02 : La situation a subitement pris un tour nouveau et violent à Ouagadougou puisque des tirs ont été déclenchés à la RTB, l’Office de Radiodiffusion Télévision du Burkina. Selon l’un des envoyés spéciaux de RFI à Ouagadougou, les militaires ont procédé à des tirs de sommation alors que la foule se pressait dans le bâtiment. Cette situation est survenue après que le général Kouamé Lougué s’est présenté à la télévision pour dire qu’il prenait la tête de l’État. Quelques minutes plus tard, Saran Sérémé, une autre figure de l’opposition, n’a pas pu se présenter sur le plateau, ce qui a eu le don de mettre la foule en colère, les manifestants faisant le forcing pour pénétrer dans les locaux de la RTB.
14h00 : Malgré le soleil de plomb et alors que l’on pensait la manifestation terminée, de nombreux opposants continuent d’affluer cet après-midi vers la place de la Nation de Ouagadougou. «
Il y a du monde », rapporte le correspondant de RFI qui est toujours sur place. Les manifestants attendent en fait le retour des leaders de l’opposition qui sont partis discuter avec les militaires au pouvoir. Après avoir prôné une transition à laquelle prendraient part toutes composantes du pays, les leaders de l’opposition seraient maintenant déterminés à répondre aux aspirations de la foule et à demander le départ pur et simple du lieutenant- colonel Yacouba Isaac Zida qui détient pour le moment les rênes de l’exécutif. Cette position est d’ailleurs soutenue par les médiateurs de l’ONU, de la Cédéao et de l’Union africaine qui en appellent également à une transition conduite par un civil et souhaitent une sortie de crise conforme à la Constitution.
13h30 : Pendant ce temps, Blaise Compaoré coule des jours paisibles à Yamoussoukro, la ville ivoirienne où il a élu domicile, après qu’on l’ait cru au Ghana, puis au Togo. Le président déchu et sa compagne Chantal occupent une luxueuse villa baptisée le « Giscardium » car inaugurée autrefois par le président français Valéry Giscard d’Estaing. En ville, les réactions oscillent entre accueil enthousiaste et franche hostilité, rapporte l’Agence France-Presse. D’un côté, Blaise Compaoré est accusé d'avoir soutenu la rébellion ayant porté au pouvoir Alassane Ouattara, après la crise postélectorale de 2010-2011 qui fit plus de 3 000 morts en cinq mois. De l’autre, certains rappellent que M. Compaoré s'était imposé comme médiateur lors du coup d’Etat manqué de 2002 qui avait profondément divisé la Côte d’Ivoire.
13h00 : L'envoyée spéciale de RFI à Ouagadougou a pu recueillir de nombreux témoignages place de la Nation ce dimanche matin. Ils ne laissaient guère de doutes sur le sentiment de colère éprouvé par de nombreux manifestants. En voici quelques-uns :
«
On nous a confisqué notre victoire. Ça ne peut pas se passer comme ça ! Nous nous sommes battus nuit et jour », pestait un manifestant
. «
Nous avons veillé pour que les choses changent de façon radicale dans notre pays mais dans le sens de la positivité. Et voilà des gens qui sont restés chez eux, qui n’ont rien fait, qui ont tiré sur nos militants, et aujourd’hui qui s’accaparent le pouvoir ! »
«
On est déçus parce que apparemment tout ceux qu’on avait pris et mis en prison, l’armée a contribué à les libérer comme la majeure partie des ministres, même le frère cadet de Blaise Compaoré qui se retrouve présentement au Bénin », s’emportait un autre militant
. «
Mais nous, on ne peut pas digérer ça ! Ce sont des gens qui ont pillé l’argent de ce pays, il faut bien qu’ils payent ! Donc nous, on ne peut pas suivre cette armée. Ce n’est pas une armée républicaine, c’est une armée partisane ! ».
«
Nous sommes toujours derrière cette opposition politique et la société civile que nous n’abandonnerons pas »
, poursuivait un troisième manifestant. «
On voulait le départ de Blaise, il est parti. On n’a pas besoin d’un autre homme fort parce que c’est celui-là qui a les armes aujourd’hui qui veut imposer sa loi. Et il l’a imposée au sein de l’armée. Nous on ne veut pas qu’il l’impose au peuple ! »
.