Après s’être bien « gargarisé » (au temps de la France de Nicolas Sarkozy) de l’avancée des rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) dans le Nord-Mali, le Chargé de communication du mouvement, Moussa Ag Attaher, est aujourd’hui rattrapé par une affaire de trafic de drogue. Mis « en veilleuse » depuis un certain temps, ce dossier sur le trafic de drogue sera bientôt remis au goût du jour.
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Mossa Ag Attaher[/caption]
Cette affaire auparavant remisée aux oubliettes risque de sonner le glas du statut de réfugié de Moussa Ag Attaher sur le sol français : il pourrait donc être envoyé en prison avec ses complices. Elaboré dans les règles de l’art, ce dossier met à nu les contours pour le moins mafieux du trafic de chanvre indien, de cocaïne et d’autres activités illicites dont le porte-parole du MNLA s’était rendu coupable. Les enjeux de la crise du Nord-Mali sont énormes. Cette partie du pays fait l’objet de trafics en tout genre : entre autres, trafic humain, trafic d’armes et de drogue surtout. Depuis longtemps, les terroristes, islamistes, indépendantistes et autres bandits rebelles armés ont fait de cette zone du Nord une de leurs bases arrières, et cela, au vu et au su non seulement des pays limitrophes, mais aussi des puissances étrangères pourtant largement informées de toutes les activités, surtout illicites, qui se déroulent dans la bande sahélo-saharienne. Il faut remonter aux Accords d’Alger de 2006 intervenus à la suite des défections et attaques perpétrées par les touaregs intégrés dans l’Armée malienne. Dans le cadre de ces Accords, les autorités maliennes de l’époque, soit par complicité, soit par naïveté, avaient accepté de démilitariser ce vaste territoire du Nord. D’où l’épanouissement du commerce et divers trafics illicites dans le septentrion malien. Ainsi, plusieurs touaregs ont été pris la main dans le sac, en complicité avec de hauts responsables du pays et à différents niveaux de responsabilité au sein de l’appareil d’Etat. L’un des cas les plus spectaculaires et flagrants est celui de Moussa Ag Attaher, Chargé de communication du MNLA, qui a finalement reconnu les faits.
Tout débute le 3 novembre 2011 où Moussa Ag Attaher (né le 15 juillet 1978 à Bourem, sociologue domicilié chez lui-même à Gao au moment des faits) avait été interpellé à Gao. C’est un suspect arrêté surnommé « Zambla » qui, après son interpellation, avait cité le nom de Moussa Ag Attaher avant d’avouer qu’il est le collaborateur et le revendeur de ce dernier. Une perquisition opérée au domicile de Moussa a donné lieu à la saisie de deux briques de chanvre indien, soit deux kilos de drogue, selon les explications d’un expert. Interrogé sur la provenance du produit, Moussa Ag Attaher avait nié les faits en bloc. Mais il finira par déclarer que c’est un de ses camarades d’enfance qui, en se rendant au Niger, avait déposé à son domicile un sac contenant les deux blocs découverts. Mais il soutient mordicus que ce camarade n’était que de passage à Gao. Cependant, les deux malfrats (Attaher et son camarade) n’ont du leur salut qu’à l’intervention d’un élu de la région de Gao. Ils ont ainsi été soustraits de la procédure qui devait les conduire devant qui de droit. Pourtant, les autorités françaises étaient bien au courant de cette affaire qui implique Moussa Ag Attaher qui avait élu domicile en France pour éviter certainement des poursuites judiciaires. Mais on finit toujours par être rattrapé par ses forfaits. Quant à la France de Sarkozy, elle était complice et prête à pactiser avec le diable pour préserver ses intérêts. Mais avec l’élection de François Hollande, cette affaire risque de virer au cauchemar pour Moussa Ag Attaher.
Un scandale « fumant »
Selon nos sources, c’est cette affaire pour le moins accablante que les autorités françaises, en collaboration avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) s’apprêtent à sortir du placard. Pour les spécialistes de cette organisation, il s’agira de faire toute la lumière sur cette affaire de trafic de drogue de Moussa Ag Attaher et de ses complices, une activité dont les ressources avaient permis de financer la rébellion au Nord. Ce dossier épingle non seulement plusieurs responsables du MNLA, mais aussi de l’ADEMA dont des députés : celui de Bourem, Ibrahim Ag Assalek ; de Tin-Essako, Alhgabass Ag Intallah ; d’Abeibara, Ahmada Ag Bibi ; et du PDES à Tessalit, Deity Ag Sidimou. A ces élus s’ajoutent des cadres tels que l’ancienne ministre Mme Zakiatou Oualett Alatine ; Mohamedoun Ag, Directeur adjoint de l’OMATHO ; et le Colonel Meidou. Aujourd’hui, tous ces gens sont en cavale. Toujours à en croire nos sources, Moussa Ag Attaher se serait bine « beurré » au passage du magot. Si ces accusations s’avèrent fondées, elles risquent alors de sonner le glas de la fin de son séjour en France. Par ailleurs, nos sources indiquent que tous les groupes armés du Nord-Mali sont impliqués dans le trafic de drogue. D’où l’engagement de l’ONUDC à élucider une fois pour toutes cette affaire de trafic de drogue. En attendant, Moussa Ag Attaher risque gros, tout comme ses complices.
Jean Pierre James