Enlèvement et séquestration des hommes de medias : Pourquoi s’en prendre aux journalistes?

Juillet 19, 2012 - 18:50
Juillet 19, 2012 - 17:36
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Durant ces derniers temps, où sévit la terreur des putschistes de Kati, les actes de torture et d’intimidation contre les journalistes se sont multipliés dans notre pays, plus que pendant les dix dernières années. Le tableau est affligeant: enlèvement, séquestration, torture et extorsion crapuleuse de fonds appartenant aux journalistes. C’est le triste spectacle produit par la junte militaire, qui a choisi ses ennemis parmi les journalistes; des faits qui les rattraperont au détour de l’histoire dont le jugement est implacable pour ceux qui ne respectent pas le travail des journalistes. Enlever, molester, torturer et détrousser les biens des journalistes: les putschistes de Kati n’ont rien trouvé de mieux, depuis qu’ils sont entrés par effraction dans l’histoire du pays, en cette triste soirée du 22 mars 2012, pour faire taire, à leur manière, les journalistes qui ne font d’ailleurs que leur travail. Depuis deux à trois mois, le nombre de journalistes interpellés, enlevés, torturés ou spoliés de leurs biens s’est multiplié dans le pays. Le mode opératoire est le même: c’est un groupe de militaires armés jusqu’aux dents qui fait irruption devant le journaliste qui est ainsi capturé, jeté dans un véhicule et conduit en dehors de la ville. Il est séquestré, insulté et dépouillé de ses biens avant d’être abandonné à son triste sort. Le dernier exemple en date, c’est le cas de notre doyen, Saouti Haïdara, qui a été enlevé, brutalisé et violenté par des agents en uniforme lourdement armés. C’est un scénario digne d’une série hollywoodienne. Saouti se trouvait dans son bureau, loin de la clameur quotidienne, entrain de donner les derniers réglages à des articles phares de la rédaction, lorsqu’un groupe de militaires a fait irruption au journal, pour s’emparer de lui. La tension est vive, car les journalistes et les voisins, alertés, tentent de s’opposer. Surexcités, les militaires tirent en l’air pour disperser la foule. Depuis longtemps, c’est leur moyen d’intimidation sur de paisibles citoyens qui sont ainsi traqués et torturés. C’est la deuxième fois que notre doyen fait les frais de son engagement professionnel. La première fois, il y a quelques semaines, il avait été interpellé, sans raison, à la police politique du régime. Cette fois-ci, il a été enlevé manu militari par des hommes en uniforme qui l’amenèrent loin de la ville, quelque part sur la route de Ségou; à plus de 40 kilomètres de la ville, pour être torturé, agressé et brutalisé. Il s’en sort avec un dommage corporel terrible, avec une fracture de l’avant-bras et de graves blessures à la tête. Pour faire taire les journalistes; ces témoins de l’histoire, dont le rôle est de s’en tenir à la vérité des faits ( comme la question de savoir si oui ou non le coup d’Etat des mutins du 22 mars dernier a été désastreux pour le pays), la junte militaire a choisi la pire des méthodes; celle révolue des temps anciens et des impuissants, qui consiste à agresser les hommes de médias dans l’exercice de leur travail. Pour ce cas horrible, et pour d’autres qui l’ont précédé, comme l’enlèvement du journaliste Abderhamane Keita de Aurore, il y a quelques jours, il y a eu des condamnations à travers le monde. Car la conscience civilisée ne saurait s’accommoder de ces dérives contre les journalistes, à plus forte raison quand cela devient, comme c’est le cas au Mali, la règle chez une junte honnie, disqualifiée et hors jeu. Mais, au-delà de la condamnation unanime de l’agression de journalistes, il y a celle de l’histoire qui rattrapera au tournant les bourreaux de la presse: tôt ou tard et tous les agresseurs de journalistes. Ceux qui ne reconnaissent pas le travail des journalistes, qui les accablent et les poursuivent sans répit de leur inimitié, l’apprendront à leurs dépens, de manière inéluctable et implacable. Les putschistes de Kati ne feront pas exception. Déjà, en dehors de tout le mal qu’ils ont commis à leur pays, la communauté internationale retient à leur encontre qu’ils sont des bourreaux de la presse, car réfractaires au devoir de vérité que les journalistes ont face à leurs actes décriés et vilipendés par la communauté internationale qui ne retient plus du coup d’Etat, en ces temps modernes, que régression, recul et forfaiture. C’est dire alors qu’à l’heure du compte, il n’y aura point de circonstances atténuantes... F.M    Agressions de journalistes La  hantise au quotidien Dur, d’exercer le métier de journaliste dans la république des mutins de Kati. Les putschistes du 22 mars 2012 ne veulent plus aucune voix discordante, en tout cas, pas celle des médias qui font le sacerdoce d’informer le citoyen ordinaire de la marche du pays. Après avoir mis le pays à sac, les mutions de Kati, à leur tête le capitaine Amadou Haya Sanogo, ont décidé de s’en prendre à la liberté de presse. Une chasse aux journalistes est organisée pour faire taire tous ceux qui veulent informer l’opinion publique. Comme des bouc-émissaires, les  journalistes sont traqués, enlevés et torturés par des agents en uniforme encagoulés, armés jusqu’aux dents. Pourtant, à Kati, ils savent que les journalistes ne sont comptables d’aucune dérive. Ce n’est pas la faute des journalistes si le nord du pays est occupé par des groupes armés. Au contraire, les journalistes, depuis hier, ont mis le doigt sur les plaies du pays quand certains s’enfermaient sur leurs privilèges. Pourquoi les mutins de Kati cherchent-ils à faire l’amalgame et la diversion en envoyant des commandos tortionnaires en mission punitive contre des journalistes? En l’espace de deux semaines, les commanditaires du capitaine Amadou Haya Sanogo ont montré leur impuissance en s’attaquant sauvagement à des journalistes qui n’ont fait que leur travail. Abderhamane Keïta, Directeur de la rédaction du journal Aurore, et Saouti Labass Haïdara, Directeur de publication du journal l’indépendant, ont été agressés et blessés. Avant eux, plusieurs autres ont été intimidés. Des journalistes, désarmés, sont attaqués par des soldats armés jusqu’aux dents. Dans une république civilisée, ces méthodes sont condamnables. Une certaine psychose s’empare ainsi du métier de journaliste. Certains habitants de la capitale s’empressent, chaque matin, d’appeler des journalistes pour s’enquérir de leurs nouvelles, histoire de savoir s’ils n’ont pas été les victimes expiatoires des hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo. D’autres pensent que les journalistes sont entrés dans la clandestinité quand ils n’ont pas de nouvelles d’eux. Les mutins de Kati n’ont d’autre objectif que de semer la terreur dans la ville, en s’attaquant à des journalistes. Leur stratagème? Faire oublier le problème du nord du Mali. C’est le triste sort que le Mali vit actuellement à l’ère des mutins de Kati. Karamoko N’Diaye

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