Le cafouillage qui prévaut Mali, et particulièrement dans la ville de Bamako, est tel que nul ne doit se faire l'illusion d'être à l'abri d’un enlèvement. La nouvelle directrice de l’Apej, dernière victime en date, l’aura appris à ses dépens. En effet, ceux qui se présentaient en «redresseurs» de la démocratie et en «restaurateurs» de l’Etat ont réussi, en l’espace de huit mois, à transformer notre pays en un no man’s land.
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![](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2012/05/patrouille-police.jpg)
une patrouille de police (photo archive)[/caption]
Le Mali est devenu une vraie scène de théâtre. C’est le sentiment de beaucoup de Maliens qui ruminent toute leur désolation, pour ne pas dire leur déception face aux scènes inqualifiables, mais devenues quotidiennes. Et ce, depuis les évènements du 22 mars dernier. Enlèvement par ci, arrestation arbitraire par là. Des journalistes sont enlevés et battus. Des commissaires de police séquestrés et agressés. Et un directeur de service vient d’échappe à un rapt. Le cas de la pauvre Sina Damba, directrice de l’Apej et ancienne ministre, en dit long sur la capacité de nuisance de ceux qui se prêtent à de tels actes aussi ignobles que honteux. Elle qui n’a dû sa liberté qu’à la témérité du personnel de son service. Alors, que nul ne se fasse plus d’illusions : personne n’est à l’abri de pareils actes. Et dire que ce comportement est celui de gens se réclamant de nos forces armées et de sécurité. Il y a de quoi avoir peur.
A chaque enlèvement ou tentative, c’est presque la même remarque. A la différence d’Aqmi et son clic d’alliés, les ravisseurs du Sud ne posent pas leur acte pour réclamer une quelconque rançon. Mais, c’est la victime qui est sauvagement molestée et sommée de ne plus aller à contre courant des intérêts de la République de Gondouana, plus précisément contre ceux du président fondateur et ses proches.
Mais le président-fondateur avait lui-même donné le ton, il y a quelques jours, à la faveur de la cérémonie d’ouverture des travaux du forum des religieux musulmans. En effet, il s’exprimait en langue bambara en ces termes: «Je vous promets, au nom de l’ensemble de l’armée, que nous ne boufferons pas nos salaires pour rien». Voilà ce qui était bien dit car nos hommes et nos armes ne chôment vraiment pas. Sauf qu’ils n’ont d’ennemis que ceux pour la protection et la sécurité desquelles ils sont formés et entretenus. Que doit-on réellement attendre d’une telle armée ? En attendant d’avoir la réponse à cette interrogation, les Maliens, ceux du Nord notamment, peuvent continuer à méditer sur leur sort parce que vivant dans l’insécurité et le désordre le plus total. Cette chienlit dans laquelle nous vivons est malheureusement imputable à ceux qui chantaient sur tous les toits, au lendemain du coup d’Etat du 22 mars, leur volonté de mettre un terme au laisser aller et à l’impunité qui gangrenaient le régime «incompétent» d’Amadou Toumani Touré.
Au moment où la communauté internationale se désolidarise de plus en plus d’une intervention armée au nord d notre pays, nos «hommes» ne semblent pas avoir encore pris toute la mesure de leur responsabilité. Il importe de rappeler que de tels actes ne font honneur ni à nos forces armées et de sécurité encore moins au Mali, quand on sait surtout que notre pays, de plus en plus, bénéficie de la confiance de la communauté internationale en terme de stabilité institutionnelle.
Mais ce qui fait encore mal et que beaucoup de Maliens ont du mal à comprendre, c’est qu’à chaque fois que de tels actes sont posés, le Gouvernement se contente de communiqués laconiques, condamnant l’acte et promettant de diligenter des enquêtes pour identifier les auteurs et les punir conformément à la loi. Et au finish, rien. Comme si ceux qui se rendent coupables de tels comportements étaient irréprochables.
B.S.