Entrenous : Candidatures indépendantes : ‘’J’accuse’’ les partis politiques
L’an 2012 marquera incontestablement une étape décisive dans le processus démocratique dans lequel notre pays s’est engagé en 1991 à la chute du régime dictatorial de Moussa Traoré. En effet, le président de la République, Amadou Toumani Touré qui arrive à la fin de son second et dernier et second mandat va céder son fauteuil à un président démocratiquement élu, le 8 juin prochain. A moins de sept mois de ce scrutin crucial, c’est le temps des grandes manœuvres car les uns et les autres commencent à préciser leur intention. Dans cette course de succession où chacun se croit investi d’une mission divine, les partis politiques notamment ‘’les prétendus grands ‘’ semblent être irrités par l’arrivée éventuelle d’un chef sans coloration.
Dans une démocratie où l’une des vocations des partis politiques est la conquête et l’exercice du pouvoir, les candidatures indépendantes constituent des avatars. Même s’il existait déjà, ce phénomène de candidature indépendante a connu une floraison exponentielle sous la gouvernance ATT. Spécialiste de droit public et homme politique emblématique, Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise, président de la Convention Sociale Démocrate (Cds Mogotiya) analyse les candidatures indépendantes comme « une anarchie inconnue de la doctrine des plus grands anarchistes de l’histoire ». Les indépendants ne peuvent pas se dire d’égale existence en droit et en action avec des partis politiques, des personnalités morales consacrées par la loi. Après l’exception d’ATT, les ‘’leaders politiques’’ jurent la main sur le cœur qu’un autre indépendant n’arrivera pas au pouvoir. Le président de l’Assemblée nationale, Pr Dioncounda Traoré, non moins candidat investi de l’Adema a déclaré lors du 20ème anniversaire de son parti qu’un indépendant se leurre en estimant qu’il va venir aux affaires après ATT. Pour Pr Younouss Hamèye Dicko du Rds, ça suffit avec le règne des indépendants.
Mais, en tout état de cause, les leaders politiques, eux-mêmes, ont largement contribué à encourager, par leurs faits et gestes, l’incursion des indépendants sur la scène politique. Et j’accuse les partis politiques. En 2002, l’appel du candidat de l’Adema à l’époque Soumaïla Cissé pour sauver la République n’a pas eu un écho favorable auprès des leaders du regroupement ‘’Espoir 2002’’. Et pourtant, l’Adema et ses alliés regroupés au sein de l’Alliance pour la République et la démocratie (Ard) avaient pensé que les barons d’Espoir 2002 étaient mûrs pour ‘’une alliance républicaine contre l’arrivée d’un militaire aux affaires.’’ L’acharnement autour d’une candidature indépendante n’est rien à côté du parjure de 2007 qui a vu de grands partis disposant de moyens colossaux refuser d’aller aux élections en jetant leur dévolu sur un indépendant. A l’heure actuelle, le vrai débat politique est de poser la question de savoir pourquoi les grandes formations politiques ont anesthésié ‘’la conscience politique en 2007’’ en soutenant le président ATT. A l’époque, leurs arguments de facilité ainsi que leur comportement ont fait frémir. Cette vision des grandes formations trahissait leur pensée profonde. Mieux, elle prouvait leur incapacité à présenter un porte-étendard contre un président candidat à sa réélection. Dans ce contexte, on s’était réduit à se demander si un parti politique valait la peine d’être animé et conduit. Mais en réalité en se mettant dans des situations compromettantes, de nombreux leaders politiques ont donné au président ATT la corde qui sert à les pendre. Le temps est venu pour les responsables politiques de parler des choses réelles, d’inventer de nouvelles idées au lieu de s’acharner contre une éventuelle candidature indépendante. Ils doivent tout mettre en œuvre pour redorer le blason de l’homme politique qui, pour une bonne frange de l’opinion, semble être un abonné au mensonge, à la corruption et à bien d’autres vices. A nos yeux, c’est la seule et intelligible façon d’accélérer l’indispensable « éveil de conscience » d’un électorat resté longtemps instable et volatile.
Par Chiaka Doumbia
Quelle est votre réaction ?
![like](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/like.png)
![dislike](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/dislike.png)
![love](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/love.png)
![funny](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/funny.png)
![angry](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/angry.png)
![sad](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/sad.png)
![wow](https://site.maliweb.net/assets/img/reactions/wow.png)