Entretien avec Daouda Yattara : . ATT a déjà choisi un président pour 2012 . L’Union Africaine et la Ligue arabe n’ont aucune raison d’exister /Le cadavre de Kadhafi vaut mieux que Sarkozy et de Barak Obama

Presqu’effacé de la scène médiatique depuis l’épilogue de l’affaire d’assassinat qui l’avait conduit en prison, Daouda Yattara que nous avons rencontré dans son «temple satanique» n’a pourtant perdu ni son style ni son langage franc et sincère. Des élections présidentielles de 2012, à la mort de Kadhafi, l’enfant terrible de Markala nous dit tout. Entretien avec un «Diable personnifié ».

Le Prétoire : Qu’étiez vous devenu depuis tout ce temps ?

Daouda Yattara : Vous avez en face de vous le même Daouda Yattara. Je n’ai jamais changé. Je suis féticheur et je le resterai jusqu’à ma mort. J’ai fait un périple au Bénin très récemment. C’était une autre  école, un autre enseignement et de nouvelles pratiques. L’expérience était enrichissante. Je suis initié au rite Vodou. Je vous dit que  je suis le féticheur malien qui possède le Vodou. Je suis l’unique et le seul détenteur de ce fétiche à travers tout le pays.

Quels sont vos projets immédiats ?

Particulièrement, j’envisage de construire un village de 80 maisons pour mon maître de géomancie. Pour le démarrage effectif de mes activités,  j’ai fait  un sacrifice le vendredi surpassé de 13 bœufs, 17 chèvres, plus de 1000 poulets et 9 chiens. A rappeler également que j’ai construit deux maisons pour ma mère dans mon village. Je suis invité dans le cadre de mon travail dans trois pays notamment la France, le Sénégal et le Burkina Faso, mais je compte d’abord terminer ce projet.

Qu’est-ce que vous avez comme appel à lancer aux autres féticheurs dans le cadre du développement du pays ?

(N’ganan). Au Mali, tout le monde se dit musulman, mais en réalité, ils sont tous des hypocrites et c’est d’ailleurs ce qui fait que je ne partage pas la même vision que les féticheurs de Bamako. Ce que je ne comprends pas, c’est que nulle part tu ne verras un vrai féticheur commettre  l’adultère. C’est totalement contraire à notre religion.  Depuis le jour où j’ai été initié au fétichisme, je n’ai pas connu une femme. J’ai aussi fait trois serments à Dieu qui sont: je ne trahirais jamais un prochain, je ne commettrais jamais d’adultère et je n’humilierai jamais quelqu’un durant mon existence sur cette terre. Je n’ai ni femme, ni enfant et je ne m’en prends à personne sur cette terre. Par ailleurs toute personne qui ose se mesurer à moi que parce que Dieu existe, je lui ferai savoir que moi, Satan, je suis sur terre. J’ai toujours honoré mon engagement et je n’ai jamais été en contradiction avec mes principes.

Vous avez eu des difficultés et des trahisons ces derniers temps.  Quelle leçon en retenez-vous ?

Je dirais que ce n’est pas grave, car ce sont des aléas de la vie. Quand on m’a arrêté, je pratiquais le fétichisme et je vais mourir sur cette voie. Beaucoup de gens disent que j’ai été arrêté dans mon local. Même si on vous donne la clé du paradis, vous n’oserez jamais venir chez moi avec l’intention de m’arrêter.

Je respecte beaucoup l’autorité malienne, surtout les policiers, car ce monde est plein de mystère. J’ai été accusé de meurtre sous prétexte qu’un inconnu a appelé pour dire que j’ai exécuté une personne. Ce témoin fantôme n’a jamais été retrouvé. Voilà une raison de plus pour moi de remettre en cause la crédibilité totale de l’appareil judiciaire du Mali. C’est après l’arrestation de Van que les autorités sont venues chez moi pour m’arrêter, mais la suite de cette histoire, ils vous le diront elles-même. Je vais vous expliquer comment j’ai été arrêté. En effet, j’ai été informé que j’avais des invités à l’aéroport. Quand j’ai été là-bas, ils m’ont donné une convocation pour le Camp I. C’est de là que j’ai été mis en examen pour homicide sans fondement. Ce jour-là, pour me convaincre, ils ont fait appel à mon grand-frère qui m’a supplié de ne pas en faire une histoire et d’accepter de me rendre à cause de notre mère ayant plus de 80 ans. Les éléments du Camp I m’ont fait savoir qu’ils avaient un témoin et je peux vous assurer que jusqu’à présent, personne n’à retrouver ni le numéro de téléphone, à plus forte raison la personne qui a appelé. Une histoire à dormir debout et montée de toutes pièces.

Vous étiez un pro Kadhafi. Sa mort vous a affecté ?

J’ai admiré Kadhafi, car il incarne certaines valeurs. C’est vrai, je suis un pro Kadhafi. C’est pour moi l’occasion de dénoncer l’Union Africaine et la Ligue Arabe qui n’ont pas pris leur responsabilité dans cette affaire. Ce qui est arrivé à Kadhafi interpelle toute l’Afrique et particulièrement le monde arabe. L’UA et la Ligue Arabe n’ont pas leur raison d’exister.

 Cet homme, qui nous a quittés en héro, était un Homme de caractère et plus encore il a toujours lié sa parole à l’acte. Un homme, quel que soit sa religion, doit rester toujours sur sa position. Je vais prier pour Kadhafi et pour tous ceux qui ont milité à ses côtés. J’ai fait beaucoup d’offrandes pour lui et je remercie tous les musulmans qui l’ont soutenu. Je ne cesserais de le dire : le cadavre de Kadhafi vaut mieux que  Sarkozy et de Barack Obama.

Nous sommes à l’approche des élections, vous avez certainement votre mot à dire ?

Je ne veux pas trop parler sur les élections de 2012 dans la mesure où les jeux sont  faits d’avance. Ils disent également que les élections sont entre les mains des musulmans. A ce titre, sachez que tout musulman ou féticheur qui se lance dans la politique est indigne. Parlant des élections, je ne vais pas parler. ATT est seul à connaître son successeur.

Le Vaudou est un fétiche qui est pratiquement méconnu par la population, est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?

Ce que je peux vous dire concernant le vaudou, c’est que d’abord au Mali, personne  n’est en possession de ce fétiche. J’ai passé cinq ans huit jours en prison et une chose est sûre, j’ai plus de plus de pouvoir et de connaissance aujourd’hui qu’avant. C’est tout ce que je peux vous dire concernant cette histoire de vaudou. On m’a accusé de tout ici au Mali. D’autres disent que je suis un narcotrafiquant ou encore un trafiquant d’organes humains. Les musulmans également pensent que je suis contre eux. Faux, mais je ne suis contre les musulmans hypocrites. A noter que dans ce pays, il y a  aussi des dirigeants honnêtes qui exercent leur métier convenablement. Je ne cesserais de remercier le Commandant et régisseur de prison, Mamourou Doumbia, que j’ai connu pendant mon séjour carcéral, qui n’a jamais pris un seul centime de qui que se soit. C’est un cadre exemplaire.

Entretien réalisé par Abdoulaye NIANGALY

Vous pouvez le contacter au (Daouda Yattara) : 66 11 69 67./   76 03 92 86