Le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'ouest de passage à Bamako et après une série de rencontres avec les plus hautes autorités du pays s'est prêté à nos questions. Saïd Djinnit aborde la résolution 2085 qui consacre l'envoi des troupes au Mali mais l'engagement de la communauté internationale à résoudre la crise du nord se fera courant 2013.
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Said Djinnit[/caption]
L'Indépendant : Vous êtes arrivé le jeudi dernier à Bamako. Quel est l'objet de votre visite et qui avez-vous rencontré ?
Saïd Djinnit : J'ai tenu à consacrer ma dernière visite de l'année 2012 au Mali, pays que j'ai le plus visité en 2012, et où j'ai effectué ma première visite cette année. J'ai tenu encore une fois à manifester toute l'attention qu'accordent les Nations unies et le Secrétaire Général à la situation du Mali et dire toute la solidarité des Nations unies à l'endroit du peuple du Mali. J'ai voulu également rencontrer les plus hautes autorités du pays, en particulier le Président de la République, le nouveau Premier Ministre et le Président de l'Assemblée Nationale pour leur transmettre le soutien et les encouragements du Secrétaire Général et des Nations unies suite notamment à la récente formation d'un nouveau gouvernement d'union nationale. Enfin, cette visite a coïncidé avec l'adoption de la résolution 2085 du Conseil de Sécurité sur la situation au Mali qui a répondu aux attentes des Maliens et de l'Afrique toute entière. J'ai été heureux de noter la satisfaction des autorités maliennes et de toute la classe politique et la société civile suite à cette résolution.
Justement, le Conseil de Sécurité a adopté une résolution hier. Quelles sont les perspectives qu’elle offre à la résolution de la crise malienne ?
Saïd Djinnit : la résolution du Conseil de Sécurité a fait l'objet d'intenses consultations qui reflètent l'attention et l'intérêt particulier que la communauté internationale porte à la crise malienne. Cette résolution s'inscrit en droite ligne des résolutions 2056 et 2071 du Conseil de Sécurité et s'inspire également du concept stratégique qui a été adopté ici même à Bamako le 19 octobre lors de la réunion du comité de soutien et de suivi de la crise malienne sous la coprésidence de l' Union Africaine, l'ONU et de la CEDEAO et avec la participation effective des autorités maliennes et de toutes les parties prenantes ainsi que de la communauté internationale. La résolution 2085 offre désormais un cadre d'action où toutes les parties prenantes, en particulier le Mali, la CEDEAO, l'Union Africaine, l'ONU, les pays voisins et les partenaires du Mali, ont chacun un rôle à jouer dans la mise en ouvre de cette résolution. Nous sommes d'ailleurs en concertation avec nos collègues de l'Union Africaine et de la CEDEAO pour convoquer rapidement au cours de janvier 2013 une troisième réunion du comité de soutien et de suivi de la crise malienne pour engager des discussions sur la mise en œuvre de cette résolution et évoquer la répartition des tâches entre toutes les parties.
L'année 2012 qui s'achève a été une année particulièrement douloureuse pour le Mali. Pensez-vous que l'année 2013 sera plus favorable pour notre pays ?
Saïd Djinnit : Je le pense absolument. Je suis convaincu que l'année 2013 sera une année de réunification du pays sur la base de la mise en œuvre de la résolution 2085. Je suis persuadé que le Mali exploitera toutes les voies de dialogue pour ressouder la nation et recouvrer son intégrité territoriale et son unité en 2013. Je suis également confiant que sur la base de la résolution 2085 une action déterminée et concertée sera engagée pour mettre hors d'état de nuire les groupes terroristes et les narcotrafiquants qui sévissent au nord du Mali et qui constituent une menace à la stabilité dans la sous-région et au delà. Pour le reste, et en dépit des souffrances énormes vécues par les populations maliennes au nord du pays, la nation saura puiser dans ses valeurs ancestrales pour ressouder le tissu social et retrouver l'entente et la fraternité séculaires très caractéristiques du grand peuple malien.
En tant qu'Africain ressortissant de la sous-région, quel regard portez-vous sur le Mali et la région du Sahel ?
Saïd Djinnit : Evidemment, j'ai été interpellé dès le début de la crise du Mali en tant que Représentant des Nations unies dans le cadre de l'exercice de mes responsabilités. Je me suis dépensé sans compter en coopération avec la CEDEAO, l'Union Africaine et les autres partenaires du Mali et en étroite consultation avec les responsables maliens pour mobiliser le soutien de la communauté internationale. A cet égard, la réunion du groupe de soutien et de suivi du 19 octobre à été un grand moment de cohésion et d'unité entre la communauté internationale et le Mali. Mais je dois avouer qu'en tant qu'Africain et ressortissant de la sous-région, j'ai été profondément interpellé par la crise qui a frappé le Mali et qui concerne toute la sous-région. Les peuples de la sous-région doivent êtres solidaires des Maliens et des Maliennes en ce moment difficile que traverse le pays. A la veille de l'année nouvelle mon vœu le plus cher est que la sous-région retrouve la stabilité, la paix et l'entente qui doit continuer a prévaloir entre les pays de cette région au grand bénéfice des peuples frères de tous ces pays qui ont toujours vécu de façon solidaire et fraternelle.
Entretien réalisé par Bandiougou DIABATE