Equipée sanglante au Quartier Mali : Plusieurs blessés graves et d’importants dégâts matériels
Hier, mardi, 12 juillet, pendant une bonne partie de la journée, il était difficile pour les usagers d’emprunter la voie du quartier Mali. Les raisons ? Une violente manifestation des jeunes du quartier, qui ont occupé la voie, jusqu’en début de soirée. Les manifestants dénonçaient les conditions (abusives) dans lesquelles 13 jeunes du quartier ont été interpellés, jugés et puis déférés à la prison centrale de Bamako, suite à des démêles avec une dame qui serait une proche parente de Issiaka Sidibé, le président de l’Assemblée nationale.
De quoi s’agit-il ?
Le dimanche 10 juillet, une dame habitant le quartier et qui serait une proche parente de Issaka Sidibé, président de l’Assemblée nationale, avait accueilli à son domicile situé près du Lycée Castor, des invités pour prendre part à une cérémonie de sacrifice suite au décès d’un proche. Pour accueillir tout ce beau monde, la dame en question a décidé d’installer ses invités, en face, sur un espace vide qui se trouve être le terrain d’entraînement des jeunes du quartier. Quand ceux-ci ont voulu commencer leur réchauffement, ils ont été chassés comme des malpropres par les invités. C’est ainsi que les jeunes à leur tour leur ont envoyé un émissaire pour aller les informer qu’il s’agit de leur terrain d’entraînement habituel. L’envoyé, un certain Adama, (qui ne jouirait pas de toutes ses facultés mentales) a été accueilli par des insultes ; et alors qu’il était entrain de dire aux invités de laisser les jeunes faire leur entraînement, quelqu’un se leva du milieu des invités écrasa une chaise sur l’avant bras du nommé Adama. Il s’en est suivi des scènes de disputes entre les jeunes et l’agresseur de leur émissaire. Résumant la situation à une fronde contre sa personne, l’organisatrice, (la fille du Président de l’Assemblée pour les uns, sa jeune sœur pour d’autres) décida alors de montrer à ceux qui veulent la défier de quel coté se trouve la loi, la force. Elle aurait ainsi déclaré aux jeunes du quartier-Mali que s’ils sont des «drogués » ils vont rencontré des gens qui consomment du fiel ; elle passa alors un coup de fil au niveau de son quartier d’origine (Bagadadji) et évoqua son agression par des jeunes drogués du quartier-Mali. Elle sollicita l’appui de jeunes qui sont arrivés les minutes qui ont suivi, armés de couteaux, coupe-coupe ; Certains membres du groupe détenaient même des armes à feu, selon plusieurs témoins interrogés par maliweb.net.
Une fois sur place, le groupe venu de Bagadadji se rendit près de la résidence de la dame. Ici, sans chercher à comprendre, les «gros bras» comme on les surnomme, se sont mis à frapper tous ceux qu’ils croisent sur leur chemin. Leur première victime serait un jeune qui était simplement venu voir les raisons de l’attroupement lorsque au sein de la foule quelqu’un l’indexa comme faisant partie des meneurs de la fronde ; sur le champs, selon des témoins, quelqu’un lui trancha une main à l’aide d’une coupe-coupe. Et alors que le jeune courait pour se sauver, on a tenté à l’abattre ; mais le fugitif a pu s’engouffrer à temps dans une famille voisine. Ses agresseurs n’ayant pu pénétré dans la maison y ont tiré quelques coups de feu avant de repartir. Au même moment, un détachement de policiers a été également dépêché sur les lieux. Les agents sautent de leur véhicule et se positionnent tout autour du domicile de la dame. Après avoir gazé tout le secteur, ils rentrent famille après famille pour passer à tabac jeunes, femmes et vieilles personnes. Suite aux jets de gaz lacrymogène, le domicile d’une vendeuse de tomates a été incendié Dans certaines familles où ils voulaient extraire des jeunes, les policiers se sont heurtés à une farouche résistance de certaines personnes. C’est notamment le cas au domicile de l’imam du quartier. Deux policiers y étaient rentrés pour arrêter l’un des petits fils du chef religieux. Mais l’enfant s’était solidement agrippé à sa mère qui a fait face aux agents. Finalement elle a réussi à sauver son fils des «griffes » de ses agresseurs. A la suite de cette opération punitive, 13 jeunes du quartier Mali avaient été interpellés par les forces de l’ordre ( ?). Il s’agit, entre autres, de Zoumana Cissé (fils de l’ancien chef de quartier), Ibrahim Diakité (blanchisseur), Hama Guindo (soudeur), Kamaté…Tous ont été conduits au commissariat le dimanche en début de soirée. Le lundi dernier, ils ont comparu devant le tribunal de la commune V où, jugés, ils ont été tous déférés à la maison centrale d’arrêt. Un verdict qui révolta les habitants du quartier. Et le lendemain, mardi, pour dénoncer ce qu’ils appellent une justice à deux vitesses, les habitants du quartier sont sorties massivement et occupé, des heures durant, le tronçon menant à l’échangeur du quartier Mali.
Au moment où nous passions sur les lieux, nous avons trouvé une population sous le choc et très déçue de l’attitude qu’affichent ces derniers temps les forces de sécurité vis à avis des populations civiles. Un témoin qui a requis l’anonymat nous a confié : «Ce qui me surprend dans l’attitude des autorités, c’est qu’à la moindre des choses ils font sortir les policiers qui vont brutaliser les gens jusque dans leurs maisons, verser leur sauce et tout ce qu’ils trouvent sur leur chemin; ils n’épargnent ni femmes, ni jeunes, ni vielles personnes. Ils frappent tout le monde avec le même bâton; Si les autorités veulent une guerre civile contre les porteurs d’uniformes qu’ils nous le disent ; dans le Mali d’aujourd’hui, nous avons tous des armes ; si les autorités ne peuvent pas prendre leurs responsabilités, en tant que civils, nous pouvons nous charger de notre propre sécurité, il n’est plus question que nous continuons à nous laisser humilié par des porteurs d’uniformes…». Voilà qui en dit long sur l’opération punitive menée au quartier Mali par un groupe de «gros bras» venus de Bagadadji à la demande d’une prétendue fille ou sœur du président de l’Assemblée nationale.
Papa Sow / maliweb.net
Quelle est votre réaction ?