Escalade de la violence au septentrion : Le processus de paix à rude épreuve !
En dépit des alertes données faisant signe que l’épée de Damoclès des djihadistes plane sur le processus de mise en œuvre de l’Accord, les partenaires engagés dans notre pays ne semblent pas mesurer la gravité de la situation. A y regarder de près, l’on est tenté de croire que le véritable enjeu du nord est autre chose que le souci de ramener la paix dans l’immédiat au Mali.
Décidemment, le chemin du retour à la normalité dans le septentrion de notre pays est devenu plus que jamais bourbeux. Car, les espoirs suscités au lendemain de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale sont en passe de fondre comme beurre au soleil. Tout le processus menant à la stabilité végète. Car, les démons de la terreur ont signé leur retour au grand dam des artisans de la paix. Et pourtant, l’alerte a été bel et bien donné par certains acteurs, non des moindre, du processus de mise en œuvre de l’Accord à la faveur de la conférence débat du Parti pour la renaissance Nationale (Parena) tenu le 12 décembre au Cicb sous le thème «Ensemble, sauvons le Mali ». Au cours de cette conférence, Sidi Ali Ould Bagna, président des jeunes du mouvement arabe de l’Azawad (MAA) a tiré la sonnette d’alarme à travers un témoignage poignant du retour des djihadiste au Nord du Mali. « Il y a d’autres acteurs sur le terrain qui ne sont pas négligeables. A dix kilomètre de Tombouctou, ceux qui gèrent, ce sont ceux qui ne sont pas signataires de l’Accord. Les populations du nord sont frustrées», avait-il déclaré. Et Me Harouna Toureh de la Plateforme de renchérir en confirmant cet état de fait « Les djihadistes sont entrain d’occuper le terrain. Ils participent à des réunions publiques, ils font des déclarations publiques .Ils se font filmer et diffusent des images selon lesquelles ils sont contre le Mali, tous les alliés du Mali, la Plateforme et la CMA », avait –il alerté. Ces signaux d’alertes, visiblement, sont tombés dans l’oreille des sourds. Car, de cette date à aujourd’hui, la bête a pris du poil. Les djihadistes sont passé à l’offensive en multipliant des attaques sporadiques à l’encontre des forces armées maliennes ainsi que des forces partenaire de notre pays. Le vendredi 5 février, l’ex-base de la Minusma a été la cible d’une attaque terroriste qui a non seulement couté la vie à un soldat des forces armée maliennes mais a aussi occasionné trois blessés dans leurs rangs. Et une semaine après, le 12 février, trois soldats maliens ont trouvé la mort vendredi dans une embuscade dans la région de Tombouctou. Cette attaque intervient le même jour que celle d’une base de la Minusma à Kidal. Cette dernière s’est soldée par la mort de six casques bleu du contingent guinéen et une trentaine de blessés. Il faut le dire l’attaque de Kidal a eu lieu après une visite de quarante heures du nouveau patron de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif comme pour dire que c’est eux qui sont les véritables maître du terrain. Conscient de la détérioration de la situation sécuritaire, le Ministre des Affaires Etrangères, Abdoulaye Diop qui a, lors de l’examen du rapport trimestriel du secrétaire général des Nations –Unies le 11 janvier à New, alerté la communauté internationale sur la menace djihadiste qui plane sur le processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. « Les djihadistes ont réinvesti le terrain, agissent désormais à visage découvert pour intimider les communautés. La recrudescence des attaques terroristes constitue la principale entrave à la mise en œuvre de l’Accord » a-t-il soutenu. Par ailleurs, il a invité le Conseil de Sécurité à envisager, dans le cadre de la relecture du mandat de la Minusma, le renforcement de sa capacité opérationnelle en vue de l’adapter au contexte sécuritaire actuel.
Les partenaires du Mali ont-ils d’autres agendas que la paix?
En dépit des alertes sur l’épée de Damoclès des djihadistes qui plane sur le processus de mise en œuvre de l’Accord, les partenaires engagés dans notre pays ne semblent pas mesurer la gravité de la situation. Car, aucun plan n’est entrain d’être envisagé au niveau de l’Organisation des Nations Unies pour extirper cette vermine afin de donner une chance à l’accord de tenir toutes ses promesses. De plus en plus les observateurs de la crise malienne s’interrogent sur l’agenda réel des partenaires qui sont au chevet de notre pays. A y regarder de près, l’on est tenté de croire que le véritable enjeu du nord est autre chose que le souci de ramener la paix dans l’immédiat au Mali. Car, le constat amer sur le terrain contredit les discours mielleux. Il n’est un secret pour personne que le sous sol du nord de notre pays est réputé riche en ressources naturelles de toutes sortes. La gestion de la crise du nord est-elle devenue un fond de commerce ou stratégique? La question vaut tout son pesant d’or. Surtout quand on sait que l’effectif déployé par l’ONU, dans le cadre de la stabilisation de notre pays s’élève à un total de 12 893 avec un personnel en uniforme de 11 511 personnes et qui peine à faire face à sa mission .Et que le Conseil de Sécurité a la possibilité de renouveler le mandat de la Minusma en tenant compte des enjeux réel de l’heure. Au même moment, certains pays annoncent l’envoi de leur contingent. Il faut le dire même si les différents représentants du secrétaire général des Nations Unies ont la même rengaine qu’ils n’ont pas pour objectif de combattre les terroristes, l’une de leur mission fondamentales consiste, quand bien même, de stabiliser les grandes agglomérations. La réalité du terrain commande aujourd’hui que la stabilisation du nord passe par la neutralisation des forces du mal.
Boubacar SIDIBE
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