Esclavage par ascendance : 99% des victimes sont dans la région de Kayes
Dans la région de Kayes, des personnes sont considérées comme nées esclaves par ce que leurs ancêtres ont été capturés et réduits en esclavage, d’où le terme esclavage par ascendance (EPA). La CNDH dans sa lutte pour les droits de l’homme avec l’accompagnement d’Avocats sans frontière Canada (ASF C) a fait la restitution de l’étude le vendredi 20 mai pour quantifier le nombre de victimes de l’esclavage par ascendance. Elle a été menée par le Cabinet d’étude pour le développement en Afrique (CEDA).
Au Mali, la société traditionnelle de certaines ethnies comme les soninkés, les peulhs, les sonhraïs et Malinké est divisée en castes : nobles, artisans, griots et esclaves. Cet esclavage par ascendance (EPA) reste plus que jamais d’actualité dans la zone de Kayes et elle se manifeste par des discriminations profondes et variées alimentées par des communautés qui se disent « maitres » contre ceux qu’ils considèrent comme des « esclaves ». Amadou Yalcouye du CEDA explique la notion de l’esclavage dans certaines zones où l’EPA est pratiqué. « Dans les régions de Kayes, Diéma, Yelimané, Kita, Nioro du Sahel ; les supposés esclaves n’ont pas le droit de se marier avec les membres d’autres castes surtout ceux des nobles. Dans ces terroirs, il est très rare de voir un esclave devenir maire ou, occuper d’autres postes à responsabilité électifs ou de désignation encore moins participer aux assemblées villageoises. Toujours selon la conception dans ces terroirs, les esclaves ainsi que leurs biens sont des propriétés privées appartenant aux nobles. Ils sont nés esclaves et le demeurent éternellement. Et dans notre zone d’étude, 99 % des personnes enquêtées confirment avoir été victimes de l’EPA ».
En outre il ressort de l’enquête du CEDA, chez les soninkés une personne peut devenir esclave soit par le lien matrilinéaire c’est-à-dire par le canal de la mère, ou patrilinéaire par le canal du père soit par le lien tutoriel cet esclavage consiste à être considéré comme esclave par le lien hospitalier. « Il ressort des données que ce sont les hommes et les femmes adultes qui constituent le plus gros lot des principales victimes de l’EPA. Mais le nombre de femmes touchées est élevé à Kayes et Nioro du Sahel. En typologie de violations auprès des enquêtées, les violences subies sont principalement physiques et morales. Lorsque les personnes traitées esclaves ont pris conscience de l’ampleur des traitements qu’ils subissent, ils ont engagé une lutte contre la pratique, mais les maîtres ont quant à eux pris des mesures répressives. Et à Diéma la situation n’est guère meilleure ». Poursuit-il.
L’étendue des pertes causées par l’EPA est jugée très grave par les victimes à plus de 90 % dans le cercle de Yelimané. Du fait que les représailles ont entrainé des expropriations de terre, des destructions de biens matériels, les expulsions forcées des villages d’origine, des coups et blessures et mêmes des pertes en vies humaines.
Oumou Fofana
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