Fatoumata Keïta, écrivain : « Le livre est l'ami qui m'a sauvé la vie... ».

Juin 19, 2013 - 03:44
Juin 19, 2013 - 03:52
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Notre soif de lecture nous a orienté vers une écrivaine de talent du nom de Fatoumata Keïta. Passionnée de lecture et très cultivée, celle qui vient de lancer son tout premier roman : « Sous Fer », a bien voulu se prêter à nos questions ? Suivez plutôt l'entretien!     [caption id="attachment_153685" align="alignleft" width="296"]Fatoumata Keita Fatoumata Keita[/caption] Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Je m’appelle Fatoumata KEITA, écrivain chercheur, administrateur de l’action sociale au Tribunal pour enfants de Bamako.   Qu’est-ce que la lecture selon vous ? La lecture est un voyage merveilleux et éducatif qui permet à l’individu de se distraire, de se relaxer, d’apprendre, de découvrir des horizons nouveaux, des  savoir-faire et des savoirs être différents. Elle nourrit l’esprit tout en le conduisant vers des façons de penser nouvelles. Quand est-ce que vous avez commencé à lire ? Depuis l’âge de 6 ans. Chez mon père, pas de jour sans livre. Et tous les week end, le texte le mieux lu, c’est-à dire avec expressivité et fluidité, était lu par moi (puisque j’aimais que ma voix soit enregistrée) enregistré, écouté, réécouté et conservé sur des bandes K7 soigneusement gardées par mon père pour réécouter et rire.     Qu’est-ce que la lecture vous a apporté ? L’art de m’exprimer, la richesse dans le vocabulaire, la faciliter d’imaginer et d’écrire, une personnalité critique et très analytique, une grande capacité de discernement et de contradiction si nécessaire, la rapidité et la facilité dans la compréhension, la culture générale et une culture particulière, l’intelligence, la créativité, le savoir, un style particulier… Le livre a été l’ami qui m’a sauvé.     On a coutume de dire que les maliens ne lisent pas, selon vous, ce constat amer est dû à quoi ? Cela est dû au manque de culture du goût de lire  chez l’enfant, de façon autonome et avec plaisir  depuis  l’enfance.        Avec l’arrivée de l’internet, ne craigniez-vous pas la disparition du livre imprimé ? Le livre peut disparaitre en tant que support physique mais il règnera royalement de façon électronique et aura une diffusion plus facile. Ceux qui aimeront encore lire trouveront leur compte. Seulement il faudra une nouvelle réglementation plus structurée pour cette organisation nouvelle.     Quel appel avez-vous à lancer pour que les gens lisent beaucoup dans notre pays ? Aucun ! Parce qu’ils ne liront pas tout simplement parce que Fatoumata Keita leur a lancé un appel. Parce que tout simplement, ils ne sont pas habitués à lire, le goût de la lecture n’a pas été cultivé chez eux. Ce n’est pas grand qu’on apprend à lire mais tout petit. Ce n’est pas grand que le goût et la passion pour le livre se cultive. Et un adulte qui ne lit pas ne verra pas loin. Il devient taré et tari. Sa vision se limitera à ce qu’il voit de très près, sous ses yeux. Incapable d’imaginer, d’inventer, de prévoir, de se projeter avec prévoyance, il devient un inculte qui conduit sa vie au chaos ainsi que celle des autres s’il lui est donné de diriger. C’est la grande menace qui pèse aujourd’hui sur nous. Pour les générations à venir, faisons en sorte que les enfants du soleil de l’internet puissent lire, en imaginant des méthodes d’apprentissage actives pour l’enfant en phase d’apprendre l’art de la lecture, telles que l’imitation, la dramatisation, la possibilité laissée à l’enfant d’imaginer la suite de l’histoire avant d’arriver à sa fin.      Que les adultes arrivent à transporter loin l’imagination les enfants pour qu’ils s’aventurent dans les pays merveilleux de la lecture, de même qu’ils le font avec le conte. Pourquoi ne pas confier un enfant à chaque jeune qui aime lire pour qu’il lui lise chaque jour une page et le faire en lire deux ? Pourquoi ne pas motiver ces jeunes encadreurs d’enfants avec des petits concours encouragent l’enfant le mieux encadré et son encadreur ? Pourquoi ne pas construire des foyers de lecture de contes et d’histoires, des centres de lecture fonctionnels dans chaque commune et y mener une véritable politique de la lecture? Ces genres de choses ne seraient possibles que si nous ne serons plus gouvernés par des incubes qui n’ont jamais pu lire un livre en intégralité, qui n’ont lu que des extraits de livres sans souvent même les comprendre.     Votre dernier mot : Faisons différemment les choses pour qu’au moins le maximum de nos enfants soient de grands lecteurs, des dévorateurs de livres. Que les parents suivent et encouragent les enfants dans la lecture, en mettant des prix entre eux ; des prix qui seront emportés par l’enfant qui aurait le plus lu dans le mois et qui aurait rapporté ce qu’il a lu avec ses propres mots.   Dans un pays où les dirigeants s’enfichent éperdument de l’avenir des enfants, il importe que les parents veillent à trouver des moyens  pour réussir le savoir éduquer. Un enfant qui lit couramment est un enfant de gagné. Même s’il n’est pas premier, il ne se perdra pas. Interview réalisée par Mamadou Macalou     Les suggestions pertinentes de l'écrivain Fatoumata Keïta pour la promotion de la lecture:   A. Comment faire avancer un pays où les gens aiment employer leur temps de loisir à la danse et jamais à la lecture, ou les élèves et étudiants passent leurs vacances à s’amuser à Maxi jeunes ou Maxi vacance qu’à se cultiver en nourrissant leurs esprits avec de bon livre ? B. La danse dégourdit le corps, la lecture dégourdit l’esprit et le cœur. C. Le bonheur, c’est les yeux, le cœur et l’esprit dans un bon livre avec des personnages ou des idées qui font rire, pleurer, bondir, frissonner, réfléchir,  grandir, … D. Un enfant qui lit est un enfant qui ne s’éloigne pas longtemps du bon chemin. E. Un enfant qui lit est un enfant qui découvre et qui ne se perdra pas. F F. Un adulte qui lit est un adulte éclairé et avisé. Sa lumière le sert et sert ceux qui le suivent. G. Un adulte qui ne lit pas un adulte qui ne peut inventer ni s’inventer. Car il marche dans le noir et s’effrite de jours en jours.

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