Film anti-islam : deux cinémas incendiés au Pakistan
Craintes occidentales
Les Occidentaux, Paris en tête, craignent que la publication des caricatures en France n'accroisse les tensions et n'entraîne de nouveaux débordements vendredi. Des petits rassemblements ont eu lieu jeudi à Kaboul et à Téhéran. Quelques centaines d'Afghans se sont ainsi rassemblés sans violence pour protester à la fois contre le film et contre la publication, mercredi, par l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo de caricatures très crues de Mahomet. La représentation du Prophète est strictement proscrite dans la religion musulmane. À Téhéran, une centaine de manifestants se sont rassemblés jeudi devant l'ambassade de France en criant "mort à l'Amérique", "mort à Israël" et "mort à la France", mais ont été maintenus à distance par la police. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a invité les ressortissants français dans les pays musulmans à la prudence, leur conseillant "de préférence" de rester chez eux vendredi. Il s'est aussi dit "soucieux" pour les soldats français en Afghanistan et au Liban. Paris a ordonné la fermeture vendredi des ambassades, consulats et écoles françaises dans une vingtaine de pays musulmans. Les États-Unis ont, eux, annoncé jeudi avoir acheté des espaces publicitaires sur des chaînes de télévision pakistanaises pour diffuser des spots destinés à calmer la colère des musulmans contre le film. La justice américaine a rejeté jeudi la demande d'une actrice ayant participé au film qui réclamait son retrait du site internet de vidéos YouTube aux États-Unis, selon la Cour supérieure de Los Angeles. YouTube, détenu par Google, a restreint de son côté l'accès au film dans plusieurs pays, à commencer par l'Égypte et la Libye, où ont démarré les violences. D'autres pays, comme le Pakistan et le Soudan, ont bloqué eux-mêmes l'accès à la vidéo, qui dénigre la figure du prophète Mahomet. Le film anti-islam, de piètre qualité cinématographique, prétend raconter la vie de Mahomet et présente le Prophète et les musulmans en général comme immoraux et violents.Film "honteux"
Dans ce contexte, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a réaffirmé mercredi soir que le film était "scandaleux" et "honteux". "La liberté d'expression, qui est un droit fondamental et un privilège, ne doit pas être utilisée abusivement par un acte aussi scandaleux et honteux" que ce film, a-t-il déclaré. L'Organisation de la coopération islamique (OCI) a réclamé une action mondiale contre l'incitation à la haine. "Il est temps pour la communauté internationale de prendre au sérieux les implications dangereuses du discours de haine (...) et de barrer la route à ceux qui se cachent derrière la liberté d'expression", a déclaré son secrétaire général, Ekmeleddin Ihsanoglu. En France, un débat s'est aussi développé sur ce droit considéré comme fondamental dans les démocraties occidentales. "La liberté de caricature fait partie de ce droit fondamental", avait relevé mercredi le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls. Mais le chef de la diplomatie, Laurent Fabius, a jugé que ces caricatures jetaient de "l'huile sur le feu". À Paris, la sécurité a été renforcée autour de l'immeuble abritant la rédaction de Charlie Hebdo et toute manifestation de protestation contre le film ou les caricatures sera interdite, a prévenu le gouvernement. La France compte la communauté musulmane la plus nombreuse d'Europe, soit entre quatre et six millions de personnes, originaires pour la plupart d'Afrique et du Maghreb. Les États-Unis avaient également annoncé mardi "des mesures fortes" pour protéger ambassades et consulats, conseillant jeudi à leurs ressortissants de repousser tout voyage "non essentiel" au Pakistan. La Tunisie a annoncé jeudi qu'elle interdirait toute manifestation vendredi, à cause de risques "de violences". Le Point.fr - Publié le 21/09/2012 à 13:30Quelle est votre réaction ?