Focus : Achérif, une candidature à saluer

Plus on s'approchera de la date de l'élection présidentielle de 2012, dont la date du premier tour est fixée au 29 avril, plus les candidatures se multiplieront. D'autant qu'aucun  acte officiel n'est pris pour revoir  à la hausse le montant de la caution qui était de 10 millions de FCFA lors du dernier scrutin en date, celui de 2007. Chacun des candidats a ses motivations propres : certains-ils sont peu  nombreux-croient réellement en leur destin national, d'autres sont venus pour  enrichir leur CV et y mettre du lustre pour bonifier ultérieurement leurs affaires, d'autres pour amuser tout simplement la galerie, d'autres, enfin, pour faire passer des messages. Tout cela participe de la santé démocratique d'un pays même s'il  y a un coût  à payer.

Au nombre des candidatures déclarées jusqu'à présent figure en bonne place celle de Achérif Ag Mohamed. Elle est loin d'être fantaisiste, car l'intéressé peut se prévaloir  d'une carte de visite imposant le respect. Actuellement Conseiller des Affaires étrangères détaché à la présidence de la République, il a siégé pendant la Transition au sein du Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP) au compte des Mouvement des Fronts  Unifiés de l'Azawad (MFUA) le mouvement fédérateur de l'ex-rébellion arabo-touareg resurgie sous le règne finissant de Moussa Traoré. Achérif ui-même a  fini par comprendre qu'une République  touareg n'est que pure chimère, car, comme l'a déjà écrit dans les colonnes de L'Indépendant un Touareg bon teint de Tombouctou, avec une bonne dose d'humour et de réalisme, une telle République serait gérée par les corbeaux,  après que les protagonistes, qui sont loin de constituer une société monolithique, eurent tirés les dernières cartouches à l'issue d'une guerre fratricide des plus âpres pour le contrôle hégémonique.

 Ensuite, le discours qu'Achérif  prône est très positif, car il se propose de "mettre l'unité nationale au cœur de son projet pour le Mali" un discours rassurant et très responsable au moment où les oiseaux de mauvais augures  décrivent le septentrion malien comme un volcan sur le point de se  réveiller en plein cœur de la bande sahélo-saharienne. Ces prophètes de malheur, sorte de Nostradamus des temps modernes plutôt intéressés par la déstabilisation du Mali, fondent leur funeste prédiction sur les effets pervers de la crise libyenne qui a donné naissance à une recrudescence sans précédent de la circulation anarchique  des armes dans la bande sahélo-saharienne. Des armes issues des arsenaux de l'ex-guide la révolution libyenne, feu le Colonel Mouammar Kadhafi, déposé  avant d'être sauvagement assassiné avec la complicité très active de l'OTAN, le bras armé des puissances occidentales.  Cette  vision  apocalyptique est exagérée et dictée par des desseins inavouables, même s'il est vrai que, s'agissant  de ce dossier Nord-Mali, la vigilance et la proactivité doivent être de rigueur.

"Je ne suis ni le candidat des Touareg, ni celui des Arabes, mais celui de tous les Maliens et cela pour faire bouger les choses dans plusieurs domaines tant en politique  intérieure qu'extérieure" clame, urbi et orbi,  celui qui a créé le mouvement  l'Union Nationale pour le Travail et le Développement (UNTD). Voilà qui est, on ne peut plus, clair.

Achérif Ag Mohamed, qui a été investi, samedi  12 novembre, rejoint les chefs d'Etat malien de l'ère démocratique qui n'ont de cesse de répéter que le Mali n'est pas un pays de Noirs ni un pays de Blancs, mais un pays de Noirs et de Blancs, une vieille nation riche de ses diversités socioculturelles où  Bambara, Saracollé, Maures, Touareg, Arabes, Peuls, Dogon, Bobos, Miniankas, Bozos, Sonrhaï,  Sénoufo…ont appris à vivre ensemble en bonne intelligence à travers les vicissitudes de l'histoire.  Et il faut reconnaître que l'écrasante majorité des Touareg ne  cherche qu'à vivre en harmonie avec les autres composantes du Nord-Mali et  de la nation malienne, d'une manière générale : se nourrir et  se vêtir décemment, se soigner, éduquer leurs enfants et offrir un mieux-être à leurs familles. C'est vrai qu'il y a quelques brebis galeuses et des va-t-en guerre qui se laissent facilement manipuler par  certains pêcheurs en eau trouble. C'est aussi vrai qu'il y a davantage d'efforts à déployer par le pouvoir central en termes de mise à niveau de développement et la nécessité de faire un peu de discrimination positive envers cette partie du pays  à cause des rigueurs  de la nature. Une zone  possédant, cependant, de ressources naturelles insoupçonnées qui ne cherchent qu'à être valorisées au profit des populations.

A côté de l'unité nationale, le discours d'Achérif Ag Mohamed présente d'autres thèmes très porteurs comme la sauvegarde des valeurs familiales menacées par la mondialisation, la lutte contre l'hydre de la corruption qui est en train de gangrener l'ensemble du corps social, la défense des plus pauvres, cette immense couche marginalisée laissée sur le quai par le train du développement. C'est pour toutes ces raisons que la candidature du porte-drapeau de l'Union Nationale pour le Travail et le Développement (UNTD) doit être saluée et encouragée par tous.            

Yaya SIDIBE