Vous le savez tous, le 22 septembre est la date commémorative de l'indépendance de la République du Mali. Ainsi, si le pays était dans une situation normale, nous allions avoir droit, le samedi prochain, comme à l'accoutumée, à des défilés civiles et surtout militaires. Les troupes nous avaient habitués à des démonstrations de force qui font croire qu'elles constituent une armé forte, déterminée à mourir pour défendre la patrie alors qu'il n’en est rien. L'envahissement du nord par des bandits armés et autres mouvement djihadistes, après le coup d'Etat ignoble du 22 mars 2012, a démontré toutes les insuffisances de notre armée, qui n'est pas, en réalité, prête à mourir pour la patrie.
Aujourd'hui, pouvons-nous parler réellement d'indépendance tant que les deux tiers du territoire sont occupés (Tombouctou, Gao, Kidal et une partie de Mopti) par la faute de certains militaires désenchantés qui ont, le 22 mars 2012, perpétré le coup d'Etat le plus abject de l'histoire de l'humanité. Ainsi, depuis cette malheureuse date, les Maliens ne savent sur quel pied danser non seulement dans les régions occupées du nord (Tombouctou, Gao, Kidal et une partie de Mopti) ainsi qu'au sud. Dans le premier cas, ce sont les djihadistes qui font la loi. Ils font toutes sortes d'exactions à tous ceux qui violent les principes de la charia (la loi islamique) qu'ils veulent imposer aux populations. Dans le second cas, nous avons une milice qui ne dit pas son nom. Née des cendres d'un soi-disant comité national de redressement de la démocratique et de la restauration de l'Etat (CNRDRE) qui a fait le coup d'Etat du 22 mars 2012, celle-ci continue de se livrer à une chasse aux sorcières. Jusque là, certaines personnalités civiles et militaires sont sans trace.
Pire, ils passent à tabac tous ceux qui osent lever le petit doigt pour dénoncer leurs actes. Notre directeur de publication, El Hadji Saouti Haïdara, un vieux de 62 ans, en a fait les frais dans la nuit du 12 juillet 2012. Il a été sauvagement agressé jusqu'au siège de notre journal, avant d'être déporté en dehors de Bamako pour y être sauvagement battu comme s'il était un vulgaire bandit de grand chemin. Son agression lâche et barbare était, sans doute, un avertissement pour nous jeunes. Mais, ces criminels doivent savoir qu’ils seront démasqués un jour.
Dans ces conditions, nous devons commémorer l'anniversaire de "
l'indépendance" dans la douleur et la tristesse. Nous sommes abasourdis quand nous attendons que certains projettent d’organiser des cérémonies pour s'amuser en ce moment de désolation. Nous sommes surpris de constater que le gouvernement de transition, sous la houlette d'un Premier ministre de
"pleins pouvoirs" (sic) tergiverse encore sur la méthode à adopter pour bouter les ennemis hors du Mali. Au lieu de dégager une synergie d'action afin de constituer une foudre de guerre pour anéantir les djihadistes, le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra et ses sbires se complaisent dans la restauration en se livrant à un combat de positionnement et à mener un grand train de vie avec son récent achat d'une voiture de luxe 68 millions de FCFA et l'équipement de sa résidence privée avec adduction d’eau pour plusieurs centaines de millions de nos francs, sur le dos de l'Etat.
Pire, le capitaine Amadou Haya Sanogo, celui-là même qui est censé être le parrain du Premier ministre, semble être déçu du comportement du gouvernement qu'il accuse d'être l'auteur de l'immobilisme face à l'occupation du nord. Il a fait savoir son mécontentement, le mardi 18 septembre dernier, au cours d'un échange avec certains hommes de média de la place.
Cependant, ce que le capitaine Sanogo refuse d'admettre, c'est que le coup d'Etat du 22 mars 2012 n'a pas été fait dans le but de renforcer les positions de l'armée malienne pour qu'elle aille se battre au nord. Que non, Que non! mais plutôt pour l'amélioration des conditions de vie d'une bande de militaires. C'est pourquoi, on a vu toutes sortes d’actes de vandalismes à l'issue du coup d'Etat. Ceux qui s'apitoyaient sur leurs sorts sont aujourd'hui, les plus nantis. Ils se la coulent douce avec les biens de l'Etat et d'autrui au vu et au su de tout le monde. D'autres se battent entre eux pour des primes d'encouragement dénommées
"prime Haya" du nom du capitaine tristement célèbre à cause d'un coup d'Etat ignoble qui a ouvert la voie à toutes les exactions que nous connaissons de nos jours.
Ainsi, au regard de tout ce qui précède, nous devons commémorer l'anniversaire de l'indépendance de notre pays dans la consternation et dans le recueillement. Qu'une journée de deuil soit décrétée, sans télé ni radio. Une manière de dire qu'on en a marre. Marre des occupants du nord, marre de l'armée, marre du gouvernement. Vivement l'arrivée des troupes de la CEDEAO pour que le Mali retrouve son indépendance perdue!
Alassane DIARRA