Focus : Ni le Gabon, ni le Togo
Les exemples ne sont pas légion, mais en Afrique, à une période non lointaine, le pouvoir d’Etat avait tendance à s’ériger en héritage qui se transmet de père en fils. Cas du Gabon et du Togo où la succession se passe en douce.
Dans le premier pays, Ali Bongo Ondimba, a longtemps évolué dans l’ombre de son père Oumar Bongo Ondimba, avant de lui succéder au trône. Il a occupé pendant longtemps la fonction hautement stratégique de ministre de la défense.
Idem pour Faure Gnassingbé qui a été préparé avec minutie à la succession, lorsque son père Gnassingbé Eyadema était au pouvoir. Lui aussi fut ministre (travaux publics, mines et télécommunications) après avoir été député.
Tout près de nous au Sénégal, le scenario était en préparation par Abdoulaye Wade qui s’apprêtait à transmettre le flambeau à son fils Karim Wade. Echec et mat. Aujourd’hui, le fils Karim a maille à partir avec la justice sénégalaise. Il purge actuellement une peine de prison pour des déboires financiers engendrés par son long séjour dans les gouvernements successifs en qualité de super ministre (coopération internationale, aménagement du territoire, transports aériens et infrastructures).
Ici, au Mali, l’accession au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keita a, sans doute, donné des idées et des moyens à son fils, Karim. Inconnu sur la scène politique jusqu’à la victoire de papa en aout 2013, Karim se fait élire député d’une commune à Bamako.
L’appétit venant en mangeant, le fiston national est ensuite placé à la tête de la commission défense de l’Assemblée nationale, à défaut de le nommer ministre (de la défense ?). Et pour cause…
En outre, depuis quelque temps, des associations dites de soutien à Karim Keita naissent et s’agitent. Au point de provoquer chez le jeunot des ambitions démesurées. Pour preuve, ces multiples gadgets, cahiers et T-shirts à son effigie, confectionnés et distribués par lui-même.
Questions : Ceux qui s’agitent tant auprès du fiston national veulent-ils son bien ? Mesurent- ils la portée de certains actes et propos qu’ils tiennent de plus en plus ouvertement? L’entourage immédiat de Karim (sa famille) cautionnerait-t-il ces agitations et agissements ?
Ce qu’il faut savoir, c’est que le Mali est loin d’être le Gabon ou le Togo, et le cas de Karim est différent de ceux de ses grands frères Ali et Faure. Ces deux sont nés pendant que leurs pères sont au trône, sous des régimes dictatoriaux où il n’y avait nulle place à la contestation quand le chef organise sa propre succession et intronise qui il veut. Oumar Bongo et Eyadema ont mis au moins trois décennies à « préparer » leur fils. Tel n’est plus le cas sous les régimes démocratiques où les mandats des présidents sont limités à deux où cas où ils convaincraient lors du premier. Ceci expliquerait-il en partie l’échec de Wade à donner la place à Karim.
Karim Kéïta a de quoi méditer…
C H Sylla
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