Formation du Gouvernement de transition : Pourquoi la classe politique doit adopter un profil bas

Avr 26, 2012 - 18:31
Avr 26, 2012 - 13:55
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Exclue de la formation du Gouvernement devant conduire la Transition, la classe politique malienne se retrouve dans une position peu confortable. Elle ne peut, malgré les élucubrations d'Oumar Mariko,  engager la fronde contre cette équipe au risque de se faire reprocher un manque de patriotisme… S'il est aujourd'hui établi que le coup d'Etat du 22 mars 2012 a marqué, d'une manière peu souhaitable, l'aspiration à un changement  réel chez le peuple malien, il n'en demeure pas moins que le Gouvernement de transition marque un nouveau départ pour le pays. Il est unanimement admis que ce nouveau départ doit avoir pour objectif prioritaire la reconquête des régions septentrionales du pays, occupées depuis plusieurs mois par des groupes armés indépendantistes et djihadistes. Ces bandits armés ne cessent de faire vivre le calvaire aux populations de ces zones : des viols, des pillages, etc. A ce tableau peu reluisant, s'ajoute la crise alimentaire qui couvait  et qui est désormais exacerbée. A cela est venu s'ajouter la crise institutionnelle consécutive au coup d'Etat du 22  mars 2012 avec pour corollaire un embargo (heureusement abrégé) dont les effets, en terme de pénurie de divers produits, se font toujours sentir. Dans ces conditions marquées aussi par quelques séquences d'arrestations et intimidations orchestrées par les putschistes, on avait l'impression que tout avait été mis en œuvre pour que le pays se retrouve dans une extrême urgence à tout point de vue. Dans ce contexte, il n'était point aisé pour les acteurs politiques d'émettre des réserves par rapport à l'équipe gouvernementale qui a été  formée sans leurs " avis ". Par ailleurs, toute opposition à un tel Gouvernement ressemblerait à une " querelle d'intérêts mesquins" aux antipodes de l'urgence qui s'impose. Les observateurs verraient aussi dans une fronde engagée contre un tel Gouvernement une réticence avérée à la volonté de changement, bien partagée par une écrasante majorité du peuple. C'est ce qui a poussé à la prudente retenue du front anti-putsch (FDR) animé par des partis comme l'Adéma, l'URD, le PARENA, l'UDD, le PDES et d'autres "Le FDR n'entravera pas l'action du gouvernement, mais il sera particulièrement vigilant sur le respect de la Constitution de la République,  la préservation de l'indépendance nationale et de la dignité du peuple malien ", ea annoncé le communiqué des Iba N'Diaye, Tiébilé Dramé, qui avaient pourtant menacé de s'inscrire dans une opposition à un Gouvernement au sein duquel le Front ne serait pas représenté. Les anti-putsch soulignent que le FDR n'a été en aucun moment associé à la formation de ce gouvernement, qui " a été formé en violation flagrante de l'accord- cadre qui prévoit clairement la mise en place d'un gouvernement d'union nationale composé de personnalités consensuelles " (art.6, alinéa b.). Ce gouvernement  n'a rien de consensuel ; ce n'est pas un gouvernement d'union nationale ". Le FDR s'est résigné à " juger le gouvernement à l'acte, notamment au regard de ses missions fondamentales et brûlantes … " Oumar Mariko du MP 22, qui a applaudi la junte, est plus amer. " Le MP 22 estime que ce Gouvernement n'est en aucune façon capable de mobiliser l'énergie de notre peuple pour libérer le Mali, sécuriser notre peuple et nos frontières et répondre aux aspirations des populations ", fulmine la porte-parole, Mme Rokia Sanogo que certains annonçait comme ministre de la Santé. Les amis de " l'éternel insatisfait " décident, la mort dans l'âme, de «poursuivre le combat» pour le changement en brandissant leur éloignement du CNRDRE et du Premier ministre. En outre, les centristes de la Convergence Sauvons le Mali (CSM) des Moussa Mara, Me Tall, Housseinou Amion Guindo balbutient un satisfecit peu convaincant par rapport au Gouvernement qui les a superbement ignorés. Pendant ce temps, les inconditionnels d'IBK se sont murés dans un silence radio face à un Gouvernement qui ne comporte aucun de leur cadre. IBK doit se dire, comme d'autres ténors, que pour le Mali, aucune résignation n'est de trop. Bruno D SEGBEDJI djitosegbedji@yahoo.fr

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