Gestion au sommet de l’Etat : Ces démocrates qui nous gouvernent

Sep 13, 2011 - 18:30
Sep 13, 2011 - 18:30
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La situation que traverse aujourd’hui le Mali inquiète plus d’un.  Raison pour laquelle nous avons jugé bon de lever un coin de voile sur la mentalité des démocrates qui nous gouvernent ou qui veulent nous gouverner.

«J’avais peur durant les 23 années de collaboration étroite avec l’ex Président Ben Ali » ainsi s’exprimait le Premier Ministre Tunisien – « Je ne savais pas qu’il y avait autant de mécontents en Tunisie », ainsi s’exprimait l’ex Président Ben Ali après sa chute brutale et imprévisible, dans une confidence révélée par son Premier Ministre. Si le Premier Ministre avait peur, alors que diront les autres ministres de son gouvernement ? Et pourtant, la Tunisie sous l’ère de l’ex Président Ben Ali est un pays émergent, doté d’autoroutes urbaines et d’échangeurs à haut niveau de service, d’équipements et d’infrastructures aux normes internationales. Tous les indicateurs macroéconomiques sont au vert. Le niveau de vie en Tunisie est plus élevé que celui de la Lybie ou de la plupart des pays du Maghreb. Aucune des Institutions internationales de géostratégie politique n’a mesuré le degré de désespérance du peuple tunisien. Le Régime de l’ex Président Ben Ali a manqué de gouvernance, de libertés et d’une répartition équitable des fruits de la croissance à la satisfaction de son peuple. Le jeune Mohamed BOIZIZI, 26 ans a été le détonateur par son geste de désespoir ultime du 7 novembre 2010. Il est devenu le héros le plus célèbre de la révolution tunisienne. BOIZIZI est entré dans l’histoire de la Tunisie par la Grande Porte et l’ex Président Ben Ali en est sorti par la lucarne le 14 janvier 2011 et devient un homme errant et depuis lors infréquentable et indésirable et recherché par la justice internationale.

Combien sont-ils ces Présidents démocrates qui sont à l’écoute des cris de détresse et de désespoir de leur peuple et sont coupés de toutes les réalités des pays qu’ils « gouvernent »?

Combien sont-t-ils, ces ministres et collaborateurs immédiats de ces Chefs d’Etat qui n’osent pas leur dire la vérité ? Ils sont nombreux, ces ministres, ces conseillers techniques et autres chargés de missions, qui comme le Premier Ministre de l’ex Président Ben Ali, souffrent moralement et ont peur de dire la vérité au Chef dans ses élans et dérives dictatoriales. La Loyauté veut que les ministres et collaborateurs immédiats informent le Chef d’Etat de ses erreurs et dérives dictatoriales, des cris de détresse et de la misère du peuple. Misère morale ou misère matérielle, peu importe.          Au pays de Soundjata et de Soumahoro, le Mali, ils sont encore nombreux, ces ministres, ces conseillers et ces honorables députés qui malgré leurs souffrances et douleurs morales, sont à l’image du Premier Ministre de l’ex Président Ben Ali. Pourquoi le bon sens et l’intérêt général ne guident-ils pas nos actions citoyennes et républicaines ? Le Gouvernement dit « de mission », nous a fait croire à des prises de décisions importantes, au profit du peuple malien. La gratuité des césariennes et la gratuité des médicaments anti rétro-vitro en sont des exemples. Que de nobles ambitions. Mais à quoi assistons-nous ? Pourquoi nos hôpitaux et nos centres de santé, sont-ils paralysés ? Pourquoi y-a-t-il mort d’hommes, de femmes et d’enfants dans ces hôpitaux et centres sanitaires sans aucune forme de procès ? Les infirmiers, les sages femmes, les médecins et les agents de santé qui sont les acteurs clé du système des soins de santé, donc chargés entre autres de la mise en œuvre de la gratuité de la césarienne et la gratuité des médicaments anti rétro-vitro sont mal payés. Certains réclament des primes chaque année sous le régime dit « de mission » mais on ne peut malheureusement pas leur octroyer. La République assiste de façon impuissante à la mort de ses fils. Quel bilan faire de la gratuité de la césarienne et des médicaments anti retro-vitro? La chaîne des soins de santé ne se résume pas seulement à la construction et équipements des hôpitaux et des centres de santé mais aussi et surtout à la mise en condition des infirmiers, des sages femmes, des médecins et des agents de santé. Il s’agit d’une chaîne dont chacun des maillons doit être solide.                     Un gouvernement responsable qui aspire à la bonne gouvernance ne peut rompre le dialogue avec les travailleurs qui aspirent avec raison à une ascension sociale et qui prônent la juste et équitable répartition des fruits de la croissance, si croissance il y a. Le tout ne suffit pas de lancer à l’opinion publique des idées et des décisions, mais encore faut-il disposer surtout de femmes et d’hommes capables de transformer ces idées en actions et réalisations concrètes et obtenir des résultats à la satisfaction du peuple en général et des bénéficiaires en particulier. La responsabilité de l’échec incombe après tout au Chef de l’Etat.

Que sont devenus nos hauts fonctionnaires et commis de l’Etat rompus à la pratique administrative vertueuse et qui ont jadis contribué au rayonnement du Mali?

La société civile subit aussi sa crise due à l’immixtion de certains de ses acteurs dans la scène politique. Il est de notoriété publique que les ONGs ont des champs d’interventions reconnus d’une part, par leurs chartes de création (statuts et règlement intérieur) et d’autre part, par leurs activités quotidiennes sur le terrain et qui leur confèrent pratiques professionnelles avérées, savoir-faire et reconnaissance. Ainsi, y-a-t-il des ONGs reconnues dans l’environnement, la micro finance, les droits de la personne, la lutte contre la corruption, l’habitat social, la médiation sociale, la gouvernance etc. La mise en place d’un cadre de concertation de la société civile par le « ministre des cris » n’est pas une mauvaise chose en soi. Toutefois, le bon sens veut que dans ce cadre de concertation, des sous-groupes thématiques soient constitués pour rendre visibles les champs d’intervention des ONGs et mieux profiter des opportunités qui leurs sont offertes. Certains acteurs de la société civile ont eu le mérite du peuple de part leur contribution professionnelle à la sauvegarde des acquis de la démocratie et des droits de la personne. Parmi eux, certains ont vite marchandé ce mérite social par des postes ministériels  ou de commis dans l’administration publique au grand regret de la société et au préjudice des ONGs en général. Cette situation est devenue incompréhensible aux yeux des citoyens et jette le discrédit sur les ONGs. La Société civile accepte de s’asseoir à la même table que les acteurs politiques pour partager des postes au sein d’une institution politique qu’est la CENI. Ne peut-il pas élire un représentant digne et irréprochable parmi les acteurs reconnus et crédibles et qui répond aux exigences et à l’esprit de la Loi et non à son interprétation? Nos valeurs traditionnelles et républicaines semblent ne plus avoir aussi de sens auprès de certaines franges de la jeunesse, avenir du Mali. Il est inconcevable, après 20 années du processus démocratique, que des Maliens de l’extérieur ne puissent pas participer dans leur immense majorité à l’élection de leur Président  de la République. Les élections présidentielles sont très sérieuses à l’ère démocratique et la liste électorale qui doit fait office de support fiable fait défaut en ce moment. Il est inconcevable à quelques mois de ces échéances que nous ne soyons pas si sûrs de savoir sur quelle liste aller aux élections de 2012. Il est regrettable de constater que la République ne dispose plus de Personnalités Fortes d’envergure nationale et jouissant d’une légitimité nationale et internationale à la dimension de l’ illustre Hamadou Hampaté Bah (Que son âme repose en Paix) et capable, contre vents et marrées, de s’adresser au peuple malien et à toutes les Institutions de la République et de ramener tous les acteurs au bon sens, à la mesure et à l’intérêt général pour la paix, la sérénité et la quiétude dans la conduite et la gestion des affaires de l’Etat. La prière ne suffit plus et nos démocrates élus doivent savoir gouverner et être à l’écoute du peuple.

P. N’guessan

 

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