Gestion de la crise de l’école : Les syndicats des enseignants rejettent le recours à une commission de bons offices
Réuni le samedi dernier à la primature, le gouvernement a décidé de mettre en place dans un bref délai une commission de conciliation afin de trouver une solution à la grève des enseignants. Ces derniers rejettent les conclusions de cette rencontre et demandent au gouvernement de recourir aux textes juridiques qui régissent le monde du travail.
-Maliweb.net- Les retenues de salaires, les recours à des pratiques de divisions au sein des syndicats par certains autorités voire la nomination d’un nouveau ministre de l’éducation nationale ne semblent pas porté des fruits pour une réouverture des classes afin de sauver ce qui reste de l’année scolaire 2018-2019. Après l’échec de la grande rencontre du samedi passé où la société civile, les parents d’élèves et les partis politiques de l’opposition et de la majorité devaient se concerter pour éviter une année blanche à l’école malienne, le gouvernement a décidé de la mise d’un groupe de bons offices. Lequel sera dirigé par le Médiateur de la République afin de trouver une solution à la grève des enseignants. Les autorités semblent miser sur le recours de la médiation de la société civile pour prévenir le spectre d’une année blanche qui a commencé à planer sur l’école malienne, car, les enseignants sont en grève depuis plusieurs mois.
Devant les partenaires sociaux de l’école, les notabilités, les religieux et la société civile et en absence des syndicats des enseignants, le premier ministre Dr Boubou Cissé a fait appel aux ressorts culturels de la nation malienne et à la conscience collective de l’ensemble des acteurs. « Nous devons chasser, en puisant dans le fond de nous-mêmes, pour faire vibrer le sentiment d’appartenance au Mali, ce sens patriotique qui a permis à nos ancêtres de créer l’Empire du Mali, aux pères de l’indépendance de nous délivrer de l’emprise du colonialisme et d’acquérir notre indépendance, et aujourd’hui à nos vaillants soldats de protéger l’intégrité de notre territoire au risque de leur vie », a déclaré le Chef du gouvernement, qui il y a seulement quelques semaines devant les députés indiquait que le budget de l’Etat Malien n’était pas capable de couvrir toutes les revendications des enseignants qui s’élèvent à 161 milliards de FCFA chaque année.
Pour le chef de l’exécutif, c’est une impérieuse nécessité de permettre aux enfants de retrouver le chemin de l’école afin de donner une nouvelle impulsion à l’école malienne. L’importance, selon lui, n’est pas seulement de sauver l’année scolaire mais bien de sauver l’école malienne qui, aux yeux de beaucoup d’observateurs, ne produit pas en terme de ressource de qualité les résultats escomptés tant le niveau des enfants laissent à désirer.
Lors de cette rencontre, le ministre de l’Education Timoré Tioulenta, le Médiateur de la République ont affiché leur optimisme quant à la réouverture des classe en se fondant sur la nature des débats, la qualité des propositions et des engagements pris par les participants. « Il n’y a plus de blocage, il y a des pistes de solutions qu’il faut affiner pour que ce qui va être proposé soit accepté par les enseignants et soutenable par le budget d’Etat », Baba Akhib Haïdara, Médiateur de la République. En effet, les participants sont convenus en absence du syndicats des enseignants de la mise en place d’un commission de bons offices qui va utiliser les valeurs sociétales maliennes pour éviter la crise de confiance qui s’installe entre l’Etat et les composantes de la société.
« Les points de blocage sont en train d’être levés car le gouvernement a montré sa volonté d’aller au dialogue, mais également à des négociations dans le seul cadre de la loi et dans les possibilités budgétaires de l’Etat. Chacun doit comprendre aujourd’hui que l’Etat fait face à beaucoup de priorités liées à l’état même dans lequel le pays se trouve. Nous sommes un pays en guerre et le budget de l’Armée a été relevé à plus de 20%. Nous versons ces revendications des enseignants dans un ensemble de crises auxquelles le pays fait face », a déclaré le ministre Porte-parole Yaya Sangaré. Pour ce dernier, avec l’implication de tous les acteurs, notamment l’AEEM, l’AMS-UNEEM, les leaders religieux, les familles fondatrices de Bamako, la société civile, une entente va bientôt va être scellée pour sauver l’année en cours et même l’école malienne. Il s’agit de mettre en place d’une commission de conciliation pour la réouverture rapide des classes et une commission de bons offices pour gérer la question de l’école
Rejet de la commission de conciliation
Les syndicats signataires du 15 octobre 2016 qui ont boycotté cette réunion de haut niveau restent campés sur leur position. Pour leur porte parole, Amadou Coulibaly, les commissions de conciliation et de bons offices annoncées par le gouvernement ne sauraient en aucun cas être la solution au problème ». Il soutient que des textes juridiques existent pour gérer les litiges dans le monde du travail et l’État devrait s’y recourir pour trouver une solution. Rappelons que trois points de revendications constituent encore la pomme de discorde entre le syndicat des enseignants signataires du 15 octobre et le gouvernement. Ils portent sur l’octroi d’une prime de logement, prime des frais d’examens et l'accès au concours et la nomination des fonctionnaires enseignants des collectivités dans les services centraux de l’État.
Samba Sanogo /Maliweb.net
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