Gouvernance et crise politique : Pourquoi Emmanuel Macron n’inspire pas nos dirigeants
La gouvernance politique sur le continent africain en particulier en Afrique francophone est caractérisée par un mimétisme souvent décrié par rapport à Paris ? Mais l’on se demande pourquoi dans des situations de crise majeures, nos dirigeants ignorent éperdument l’exemple français.
- Maliweb.net -Il est de notoriété publique que les systèmes politiques dans nos pays découlent du moule de nos ancêtres colonisateurs, les Gaulois ! C’est ainsi que les Constitutions des pays d’Afrique francophones sont de lamentables plagiats ou même de simples copier-coller de la Constitution française de 1958, celle actuellement en vigueur au pays d’Emmanuel Macron. Même les textes d’importance régissant la vie des nations comme les codes des personnes et de la famille, les codes fonciers, les codes des impôts, des douanes, etc ne sont souvent que de pâles copies de ce que le législateur français a fait pour régir la France.
Et ce n’est un secret pour personne que le néocolonialisme français est le plus encombrant sur le continent, avec des dirigeants prêts à faire la courbette, comme des élèves devant le président français lors de divers « sommets Afrique-France ». Seulement là où le bât blesse, ce sont les contextes de crise sociopolitiques, où nos Etats affichent un certain ostracisme.
En effet, avec la crise des gilets jaunes, l’on a vu comment les dirigeants français se sont montrés réceptifs par rapport à cette révolte populaire. Le président Emmanuel Macron a presque écourté sa participation à une conférence internationale, le sommet du G 20 en Argentine, pour venir donner des consignes et instructions afin d’éteindre le feu ainsi allumé par ces milliers de ses compatriotes plus que mécontents. Le locataire du palais de l’Elysée, après avoir envoyé son Premier ministre Edouard Phillipe au charbon, a dû, avec diligence, décidé de s’adresser à la nation pour calmer les ardeurs des gilets jaunes. Ce qui fut fait malgré les réticences des mécontents. L’exécutif français s’est aussi empressé d’ouvrir des consultations avec la classe politique et la société civile (syndicats, associations professionnelles, partenaires sociaux, etc). Et les mesures annoncées ont quelque peu dé crispé l’atmosphère et aidé à démobiliser une partie non négligeable des révoltés. Emmanuel Macron ne s’est jamais prévalu de son statut de « bien élu » pour ignorer le cri de détresse des Français. Il a même regretté certaines de ses actions qui ont pu causer des torts à ses compatriotes…
Dans nos pays, c’est la stratégie du « chien aboie, la caravane passe ». Au Mali, en Guinée, au Togo et ailleurs sur le continent, c’est curieusement l’option de réprimer systématiquement les contestations sans aucune proposition d’alternative.
Si au Mali, les partis politiques de l’opposition et une partie de la société civile crient leur ras-le-bol par rapport à la gouvernance, au projet de découpage territorial, à la prorogation du mandat des députés, le gouvernement est dans une posture d’ignorer constamment ces cris de protestation et use de méthodes fortes pour étouffer ou empêcher les manifestations de rue.
Qu’est-ce qui empêche le président de la République de faire une adresse à la nation pour expliquer la démarche de son gouvernement ? Qu’est-ce qui dissuade le chef de l’Etat à rencontrer les partis politiques, les mouvements et associations de travailleurs sur les questions de vie chère, de front social en ébullition. Au lieu de ces démarches, le Premier ministre annonce une conférence sociale pour le mois de janvier prochain, rencontre que la plus grande centrale syndicale, l’UNTM, projette d’ailleurs de boycotter avec un certain nombre de revendications.
En Guinée et au Togo, le pouvoir est dans la stratégie de se maintenir au pouvoir malgré les vives protestations d’une partie non négligeable du peuple ? Et la répression ne cesse de se faire forte avec plusieurs blessés et des morts. Ces cas ne sont pas exhaustifs. L’on peut citer d’autres pays comme le Cameroun, la Tunisie, l’Algérie, la Côte d’Ivoire, etc où les dirigeants ignorent superbement la gouvernance d’écoute du peuple de l’ex-colonisateur. Dommage pour un continent qui mérite une meilleure gouvernance !
Boubou SIDIBE/Maliweb.net
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