Grande négociation d’abord avec les islamistes : La petite négociation ensuite entre les communautés

Mar 9, 2013 - 04:36
Mar 8, 2013 - 10:40
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Est-il normal que les minarets soient interdits en Suisse et que dans la ville des 33 saints, Tombouctou, le touriste suisse soit accueilli par un bar à l’aéroport ? Où donc se trouve véritablement l’extrémisme ? [caption id="attachment_131532" align="aligncenter" width="620"]Photo d'illustration © Mohamed Sifaoui / Sipa Photo d'illustration © Mohamed Sifaoui / Sipa[/caption] Qui est plus extrémiste : le dhihadiste ou le partisan du mariage pour tous ? Ceux qui ont interdit les minarets, le voile musulman (en tolérant celui des autres religions), engagé la campagne contre l’excision (l’honneur de la femme dans les pays où elle est pratiquée), voire la circoncision (qu’un tribunal allemand a condamnée), qui ont autorisé l’alcool en interdisant le tabac, même dans la rue, le déclarant plus nocif que la boisson de Bacchus ! Et, last but not least, le mariage homosexuel et l’adoption  par des couples homosexuels adoptée ! Si Hitler avait   poussé le bouchon un peu trop loin avec sa traque des homosexuels et ses expériences eugénistes, ses successeurs, qui sont ses vainqueurs, régnant aujourd’hui sur l’Europe, sont, eux, tombés dans l’excès contraire. Voilà un extrait de presse des débats (journal Le Point) à l’Assemblée nationale française le 4 février dernier sur le nouveau code de la famille français, portant sur la notion même de parents dans la famille :

« Difficultés techniques à la transmission du nom

L'UMP a continué sa longue bataille contre le texte, à coups notamment d'amendements identiques visant à supprimer plusieurs dispositions. Pour écourter quelque peu des débats tournant en rond à ses yeux, la gauche a voté à plusieurs reprises une disposition pour réduire la durée de la discussion générale sur chaque article, ce que la droite a dénoncé. De longs échanges ont porté sur une disposition du texte qui prévoit qu'en cas de désaccord ou d'absence de choix des parents, les noms de chacun d'eux, accolés dans l'ordre alphabétique, seront donnés à l'enfant, alors qu'actuellement c'est le nom du père qui est attribué. "Une révolution", selon Bernard Accoyer (UMP). Accusant gouvernement et majorité de "tromper les Français", Hervé Mariton (UMP) a notamment souligné qu'à l'avenir, "en l'absence de déclaration conjointe, s'il n'y a pas de démarche des parents, l'enfant ne prendra pas le nom du père". Favorable politiquement à la disposition sur la transmission du nom, le radical de gauche Alain Tourret s'est inquiété de son aspect "technique", évoquant la possibilité qu'un enfant adopté se retrouve avec trois noms.

"Les choses ne sont pas figées" (Bertinotti)

La ministre déléguée à la Famille Dominique Bertinotti a affirmé dans les couloirs que "les choses ne sont pas figées" et que le gouvernement allait "essayer de trouver quelque chose de satisfaisant", peut-être à la faveur de la navette parlementaire. Autre critique récurrente à droite : la future loi va "fragiliser les adoptions à venir", notamment internationales. Argument récusé par Dominique Bertinotti, qui a reproché à l'UMP "à nouveau de jouer sur les peurs". Très débattues aussi, les modifications du Code civil sur les mots "père" et "mère". L'article 4 réécrit du projet de loi (dit "balai"), constitué d'une longue série de coordinations visant à remplacer les termes de père et de mère par parents, indique que les dispositions du Code civil s'appliquent "aux parents de même sexe lorsqu'elles font référence aux père et mère", etc. "Un tour de passe-passe mettant 170 fois à la trappe les termes "père" et "mère" qui transforme profondément le droit de la famille et de la filiation", a dénoncé l'un des principaux orateurs de l'UMP, Philippe Gosselin. » La loi sur le mariage homosexuel a fini par être adoptée, ainsi que l’adoption d’enfants par des couples issus de tels mariages. La plénitude des autres droits sera accordée après  réexamen des articles concernés, assurent les députés socialistes, qui entendent exécuter jusqu’au bout cette promesse électorale de François Hollande. La petite négociation C’est celle qui doit se passer entre communautés maliennes. Le sénateur français Jean-Pierre Chevènement en visite à Bamako ce 25 février insiste bien que la réconciliation c’est d’abord entre les gens qui doivent être réconciliés. Une réconciliation entre les Touareg, très minoritaires, et les autres communautés du Nord, comme le demandent les élus, à commencer par ceux du Nord, ou ce citoyen songhaï, qui regrette que les Touareg aient majoritairement soutenu l’occupation ? Une réconciliation entre Touareg et populations du Sud, comme le réclament les actuels des accords de1991 (Le Pacte national) et de 2006 (Accord d’Alger) ? En tout cas le représentant de la communauté Bella (anciens esclaves des Touareg) s’est étonné, il y a quelques jours, que les autorités négocient chaque fois avec ceux  qui ont pris les armes, leur accordent des avantages, ignorant les laborieuses et pacifiques  populations Bella. Négocier, c’est aussi le retour des Touareg dans l’armée nationale : si 80 à 85% ont régulièrement déserté à l’appel de rébellions successives, sans compter l’indiscipline chronique et les faveurs qui leur étaient réservées, est-il possible de les réintégrer aux côtés de ceux qui ont tant souffert de leur comportement, que l’adjudant-chef Bakari Berthé qualifie d’apatride dans la « Ligne de front » (une émission de la télévision malienne) du 26 février ? Car le bataillon Gamou, s’il a sauvé l’honneur tamashek, ne suffira pas à calmer à l’égard d’un ennemi considéré comme traître et raciste, la légitime répulsion d’une armée décomposée, et surtout atteinte dans son honneur, accusée qu’elle est d’avoir fui l’ennemi. Nous voilà dans une situation similaire à celle des Arabes israéliens, interdits de recrutement jusqu’à une date récente, du seul fait d’être arabes, un ostracisme aux antipodes de la notion de réconciliation ou de république tout simplement. C’est dire que cette réconciliation, déjà compliquée par l’irrédentisme et l’occupation, cache des pièges redoutables, et que la petite négociation risque d’être aussi ardue que la grande. Ibrahima KOÏTA 

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