Guerre au Mali: nos ennemis, ces "terroristes"

Jan 15, 2013 - 12:11
Jan 15, 2013 - 12:20
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[caption id="attachment_118688" align="aligncenter" width="610"] MALI - "Eradiquer le terrorisme où qu'il se trouve", tel est l'objectif du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dans le cadre de l'intervention militaire française.
afp.[/caption] Contre qui la France est-elle entrée en guerre? Des "mouvements terroristes", se bornent à dire François Hollande et le gouvernement, quand les médias et les autres partis parlent de "groupes islamistes". Plongée dans la sémantique. "Eradiquer le terrorisme, où qu'il se trouve." C'est ainsi que le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, résume l'objectif del'offensive militaire française lancée au Mali vendredi, contre les "groupes terroristes" qui contrôlaient le nord du pays. Depuis, c'est ce mot, "terroriste", qui s'impose lorsque le pouvoir cherche à qualifier ses ennemis, évitant soigneusement d'autres termes comme "islamistes" ou "djihadistes". "Nos adversaires", "ces éléments terroristes", se contente ainsi d'expliquer François Hollande dans ses déclarations officielles. "Le terroriste, ce vrai fléau", répond son ministre de la Défense aux journalistes. Il faut attendre de nombreuses questions plus poussées pour que le ministre de la Défense marque un temps d'arrêt avant de lâcher, dimanche dernier: "C'est un mélange dangereux entre des fondamentalistes islamistes et des gangsters." Sur l'ensemble du gouvernement, l'élément de langage est globalement respecté... mais parfois nuancé. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, évoque ainsi des "groupes terroristes et criminels". Et seul Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, parle de "groupes qui se réclament du djihadisme global", lundi, se démarquant au sein du gouvernement. Les médias et les autres partis politiques, eux, n'hésitent pas à manier ces termes. "La France en guerre contre les islamistes au Mali", titrait en Une Le Monde ce week-end. Interrogés respectivement sur Europe 1 et France Info, les anciens ministresClaude Guéant et Alain Juppé parlaient lundi de "djihadistes" et de "combattants islamistes".

Eviter tout amalgame avec l'islam

En quelques mois, les appelations "islamistes" et "djihadistes" semblent avoir disparu du vocabulaire gouvernemental. Pourtant, Jean-Yves Le Drian lui-même dénonçait en juillet dernier, les "troupes de rebelles islamistes" sévissant dans cette région sahélienne, à l'instar de Jean-Marc Ayrault qui parlait de "terroristes islamistes" dans l'émission "Des paroles et des actes" en septembre. Pourquoi cette évolution lexicale? Pour le journaliste Jean-Dominique Merchet, spécialiste des questions militaires àMarianne, il est ici question de ne pas "stigmatiser les musulmans". En distinguant les groupes rebelles armés de l'islam radical, le gouvernement veut prévenir tout amalgame. Mais cette stratégie peut s'avérer potentiellement dangereuse: en ne ciblant pas directement l'adversaire, elle atténue, selon Jean-Dominique Merchet, les enjeux d'une situation, en réalité bien plus complexe. "Car nos ennemis ne se battent pas au nom du 'terrorisme', mais bien d'une vision de l'islam", selon lui. Il estime préférable de pas s'arrêter au simple terrorisme qui reste une "méthode", mais plutôt de s'intéresser à l'idéologie pour mieux combattre les actes criminels qui en découlent. "Faisons l'effort de les écouter, de les comprendre, ne serait-ce que pour mieux les combattre!" recommande-t-il. Par Emmanuelle Drouineau, publié le 15/01/2013 à 18:07 lexpress.fr

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