Il est connu de tous pour n’avoir pas la langue dans sa poche. M. Hamadoun Amion Guindo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, vient de rompre le silence après un moment très agité dans le regroupement qu’il dirigeait(COPAM). A cœur ouvert, il s’est mis à notre disposition le samedi 15 décembre à son domicile. Des raisons de la division de la COPAM, à ce que pensent les Etats Unis, les Organisations africaines et internationales quant à la résolution de la crise malienne via le changement de Premier ministre et les concertations nationales. Il nous a tout dit dans un franc parlé. Interview.
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Hammadoun amion Guindo, secrétaire général CSTM[/caption]
La Nouvelle Patrie : depuis un certains temps, le mouvement pro-putschiste dont vous étiez le président a été victime d’une division. Malgré ce coup dur, vous êtes resté dans le silence.
Pouvez nous nous dire les raisons de cette division ?
Hamadoun Amion Guindo : je vous remercie bien. Je tiens d’abord à rectifier un mot. Quand vous parlez de pro-putschistes, au Mali je ne pense pas qu’il ait de pro-putschistes y compris ceux là que vous considérez comme pro-putschistes. Il y a eu un coup d’Etat qui semble amener un changement par rapport à ce que nous avions en son temps connu et nous, nous avons soutenu ce changement, mais pas les putschistes. Il faut que cela soit très clair.
Maintenant c’est de là effectivement qu’il y a eu des divergences au niveau du groupe que j’ai eu personnellement à diriger pendant des mois. C’est partant de la mise à jour ou de la signature disons d’un règlement intérieur. Et effectivement, nous en tant que société civile avons pensé que nous ne pourrions signer un règlement intérieur avec des partis politiques, bien que nous soyons d’accord que pour la circonstance, qu’ensemble nous pouvons nous engager pour soutenir ce changement. Les camarades n’étaient pas contents. Nous avons respecté leur décision de se retirer pour former un autre groupe. Donc la divergence essentielle vient du fait qu’en tant que société civile, nous ne pouvons signer un règlement intérieur avec des partis politiques.
Il y a des moments où le silence il faut savoir le garder. Il exprime mieux la pensée de ceux qui gèrent pour un moment donné une organisation pour ne pas aussi comme on le dit mettre de l’huile sur le feu. Aujourd’hui encore, nous essayons de garder la même ligne pour soutenir le changement dans ce pays.
N. P : M. Younnouss Hameye Dicko est considéré aujourd’hui comme le nouveau président de la COPAM. Et vous, avez-vous jeté l’éponge ?
H.A. Guindo : Bon il peut se considéré comme le président de la COPAM. Une COPAM qui n’existe pas à nos yeux. S’il y a une COPAM, c’est celle que nous avons créée et que nous entretenons avec le récépissé de l’administration.
N P : Quelles sont vos relations avec vos anciens compagnons de lutte. Je veux parler du MP22 et de la COPAM de M. Dicko ?
H.A. Guindo : nous avons les mêmes objectifs, nous avons les mêmes visions par rapport au changement qui a prévalu au Mali depuis mars 2012. C’est de dire aller à une concertation nationale souveraine ; mettre des organes en place et donner une feuille de route à un gouvernement qui sera mis en place. Donc à ce niveau, nous partageons sincèrement les mêmes objectifs.
N. P : Et vos relations avec les autres regroupements ?
H.A. Guindo : Nous entretenons les mêmes relations de contact et d’échange avec tous les autres regroupements, de la société civile, aussi bien que des organisations politiques.
N. P : Le Mali vient de connaître une autre page sombre de son histoire, avec la démission en quelque sorte forcée, du Premier ministre de la transition. Quand pensez-vous ?
H.A. Guindo : Je ne pense pas d’abord que ce soit une page sombre pour le Mali. L’histoire continue, les hommes se succèdent et l’histoire continue. Si un autre est venu, pour moi c’est une continuité de la gestion des affaires de l’Etat. A priori il n’y a rien eu pour qu’on condamne disons le départ de Cheick Modibo Diarra. Il faut considérer que c’est une continuité de l’Etat qui doit prévaloir.
N. P : Pour ne pas causer un arrêt dans les processus de sortie de crise, le Président de la République par intérim, Pr Dioncounda Traoré, a nommé, quelques heures après, un nouveau Premier ministre en la personne du Dr Diango Cissoko, Médiateur de la République. Que pensez-vous de ce choix ? Peut-il faire l’affaire du Mali en crise ?
H. A. Guindo : Bon le Mali fera lui-même ses affaires. C'est-à-dire ce sont les maliennes et les maliens qui doivent prendre conscience davantage de la situation qui prévaut, les défis à relever et peut être accompagné le Premier ministre. Sinon à lui seul quelque soit sa capacité, il ne pourra relever lui-même les défis. Je le reconnais que c’est un homme d’une grande capacité, un homme d’expérience, mais il a besoin des uns et des autres aujourd’hui pour qu’ensemble nous sortions de cette crise.
N. P : Les concertations nationales dont vous avez sans cesse réclamé ont été à maintes fois reportées. Quelles sont les vraies raisons ?
H.A. Guindo : Les raisons, c’est ceux qui reportent qui trouveront certainement les réponses.
Nous, nous estimons qu’elles sont indispensables et quelles doivent se tenir.
N. P : Du moment où les fils de la nation n’arrivent pas à s’associer, les concertations ne risqueront-elles pas de nous ramener à la case départ au cas de leur tenue ?
H.A. Guindo : c’est normal que nous allions chacun avec des opinions peut être un peu contradictoires, mais quelques soient les positions des uns et des autres, ce qui est fondamental, c’est que
les maliens puissent se rencontrer et aussi minime que soit une majorité se dégage pour une feuille de route et des organes de la transition. Sinon, ne cherchons pas l’unanimité dans ces assises là. Cela n’est pas possible actuellement.
N. P : Suite à cette chronique de la semaine, que pouvez-vous nous dire à propos de la position toujours rejetée par la population : Les Etats-Unis qui proposent les élections avant la reconquête du nord ?
H.A. Guindo : c’est aux maliens de faire les élections et non pas un autre pays. Que ce soit des Etats-Unis ou d’ailleurs. Nous estimons qu’il n’y aura pas d’élection au Mali tant que nous n’aurions pas recouvrés l’ensemble du territoire. C’est un point de vue fortement partagé par les maliennes et les maliens. Et Je pense que c’est ce qui doit prévaloir.
N. P : Et les cas des organisations africaines et internationales qui prônent le dialogue et qui ont toujours considéré comme obstacle à leur assistance la confusion entre les dirigeants du Mali ?
H.A. Guindo : Je pense que s’il y a confusion, nous aussi nous constatons que quelque part au sommet de l’Etat le message n’était pas assez clair. Ça, nous même nous le reconnaissons et je pense que c’est ce qui a prévalu au départ de Cheick Modibo Diarra. Mais si les Maliens ont conscience de cela nous devons faire de telle manière que le message soit toujours lisible. Autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Quant aux partenaires sous régionaux ou internationaux, ça c’est un autre problème que nous aurons à gérer quand nous aurons
des organes légitimes issus des concertations nationales.
N. P : Q
uel appel lancez-vous à l’endroit des fils du pays et aussi à l’endroit du conseil de Sécurité de l’ONU dont les maliens attendent qu’il se prononce pour la résolution de la crise.
H.A. Guindo : que les défis à relever au Mali sont à relever par des maliennes et des maliens. Nous n’avons pas à attendre d’appui quelconque de l’extérieur. C’est notre problème, c’est nous qui devons trouver des solutions quelque soient nos divergences. Donc nous avons intérêt à nous entendre et aller nous asseoir pour parler du problème malien.
Propos recueillis par Boubacar Yalkoué