IBK : le mythe se délite !

Fév 27, 2013 - 03:00
Fév 27, 2013 - 04:52
 0  15
Les grecs des bords des mers se précipitaient, les jours de tempête, vers  un point élevé de la côte pour observer à leur aise les naufrages et le désespoir des naufragés engloutis par les flots. Certains parmi eux  jouissaient du malheur des naufragés, pas parce qu’ils les haïssaient, mais parce qu’ils se l’étaient évité.  Chez nous, il suffira d’un transistor à côté, pour sourire, froncer les sourcils ou franchement désapprouver les aventures heureuses ou malheureuses contées sur les hommes et femmes qui font l’actualité. À l’écoute, on reçoit toujours avec une perception positive, négative ou neutre ce qu’il se raconte sur untel ou untel. [caption id="attachment_56415" align="alignleft" width="437"]Ibrahim Boubacar Keita Ibrahim Boubacar Keita[/caption] Noyade : Et il se passe toujours quelque chose, surtout dans les versions en bambara, dans la presse malienne.  Tenez : en ce moment, celui que Bako Dagnon a surnommé «Kankeletigui» et qui s’en est autoproclamé est  en train de sombrer, victime de… ses ambitions, celles de monter à Koulouba par des chemins étroits. Certains de ses sbires, à coups de brûlots visiblement désespérés, tentent dans la presse nationale de le sauver là où tous les faits l’accablent. Car, terribles et têtus sont les faits qui accablent Ibrahim Boubacar Keita, président du Rassemblement pour le Mali, parti dit des «Tisserands».  De toute évidence, IBK vient de filer du mauvais coton, au propre sens du terme car on n’a pas bien compris certains tours et retournements  au lendemain du coup d’Etat du 22 mars dernier. La première incompréhension ne peut en aucun cas être niée : c’est la visite d’IBK  aux putschistes. Vue et filmée par l’ORTM, cette visite s’était effectuée au moment même où certains étaient injustement retenus contre leur gré à Kati par Sanogo et compagnies.  La seconde incompréhension se situe au niveau de la rumeur qui attribua au  «Kankeletigui» le rôle de contributeur au coup d’Etat, du moins ayant  versé quelque chose pour que les mutins s’achetassent du gas-oil. Cette rumeur, qu’IBK est apparu très vite, à l’ORTM pour jurer la main sur cœur, l’index pointé dans la  boue, appuyé sur le front, dirigé vers le ciel et de la tête disant non, lui avait été pardonnée par des partisans. Certains, les plus circonspects, déboussolés par la nouvelle donne,  s’interrogeaient déjà : pourquoi après le 22 mars, IBK n’a-t-il pas été inquiété là où Modibo Sidibé a été arrêté 3 fois, Soumaïla Cissé blessé et évacué ; que dire de Dioncounda Traoré laissé pour mort ?  Même Adama Sangaré, élu municipal et le Nouhoum Sidibé, directeur de la Canam eurent droit à leur part incompréhensible d’arrestation. Pourquoi IBK se la coule douce et serait même bien gardé à son domicile ? Déception en phase terminale : Ils n’avaient toujours rien vu venir même quand le RPM, sous l’impulsion de son président, se démarquait des anti-putschistes résolus et unis au sein du FDR. Ils avaient mis ça au compte d’une lubie passagère ou d’une volonté imbue, vaniteuse, orgueilleuse, ancrée  et  bien à IBK, de prouver qu’il se suffisait à lui seul, nous confiaient récemment 4 d’entre eux que nous avons rencontrés. De sortie de route ? «On n’y avait jamais pensé» ! Pour autant qu’on s’y attarde un peu, c’est un plan diabolique qui se montait en épingles. Dans la nuit du 10 au 11 décembre dernier, le capitaine Sanogo «prenait ses responsabilités» et éjectait en sa façon Cheick Modibo Diarra, Premier ministre. L’argument servi sur le plateau de l’ORTM était que le «rugbyman raté» constituait un point de blocage pour la bonne marche de la transition. Personne, hormis certains caciques de CMD, ne regrettera que ce point de blocage fût levé même si la méthode n’y était pas ! Mais personne n’osait aussi croire, malgré certains articles de presse explicites et des rumeurs de plus en plus insistantes, que la suite de ce scénario devait se prolonger sur l’éviction de Dioncounda Traoré pour Ibrahim Boubacar Keita. Autant personne ne croyait à un coup d’Etat contre ATT en 2012, quelques jours avant son départ programmé, autant on n’osait imaginer qu’IBK se rallierait aux Copam d’Amion Guindo ou de Younouss Hamèye Dicko, au MP22 d’Oumar Mariko ou des outranciers réunis au YèrèWoloton pour marcher, paralyser toute la capitale Bamako, le jour même où chaque Malien digne de ce nom s’angoissait  plutôt de la possible chute de Konna entre les mains des fous de Dieu. Passe encore que les manifestants de la Copam, du RPM, du MP22 et YèrèWoloton réclament, à cor et à cri, des concertations nationales. Mais que dire de scander le nom du président des «Tisserands», parti en France? Devait-il rentrer en triomphateur pour diriger notre transition après la levée du second point de blocage, Dioncounda Traoré, déclaré et jugé mou, incapable de prendre une décision ? La question est pertinente d’autant plus que le soir de l’intervention de l’armée française, c’est un Ibrahim Boubacar Keita, visiblement torturé par l’échec de ce scénario, défiguré, méconnaissable qui est apparu sur TV5, incapable de s’exprimer, bafouillant en boucle  dans ses réponses, ne se contentant que de remercier François Hollande sans jamais prononcer une seule fois le nom de Dioncounda Traoré, que nous avons découvert à notre grande surprise : on aurait dit que c’est une sosie d’IBK sans le verbe et la verve, celui qui alignerait le latin-grec à tous les coups. Depuis, on s’est forgé une idée sur lui, le «Kankeletigui». Depuis, certains internautes le surnomment «Kantiamantigui», celui qui a plusieurs paroles, qui a son dit et son dédit, ou le «Kankarilen», celui qui s’est brisé le cou. Et depuis, à force d’avoir joué avec le feu, lâché par Daba Diawara et son PIDS, déclaré «grande déception de l’année 2013» par ses militants d’un peu partout, comme en France, c’est un IBK qui se  consume et qui  s’emmure dans un silence manifestement empreint de gêne. Peut-être devrions-nous le laisser, nettoyer seul, lui-même, sa honte ? HAIDARA Mamadou Lamine Magnambou

Quelle est votre réaction ?

like

dislike

love

funny

angry

sad

wow