En l’absence de Dioncounda Traoré, président intérimaire et mis de facto hors jeu par les textes de la transition, la haine sécrète entre les deux hommes (IBK et Soumaila), par- delà les fausses apparences naïvement destinées à tromper l’opinion --constituera la principale énigme de la prochaine élection présidentielle. Ceci expliquant bien cela, ces trois principales forces politiques ne sont même plus à l’abri de nouvelles secousses telluriques. La politique n’est-elle pas devenue sous nos tropiques un véritable jeu de massacre ?
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El Hadji Ibrahim Boubacar Keita, Président du Rassemblement Pour le Mali (RPM)[/caption]
« Etre candidat à la magistrature suprême, c’est un honneur. Y être élu serait un destin » Mais y’a-t-il vraiment des hommes taillés ou prédestinés pour la fonction ?A l’image du leader incontesté du parti des tisserands et qui n’est autre que Ibrahim Boubacar Keita. Signe particulier : Ancien premier ministre du président Konaré pendant six ans, un record de longévité jamais égalé dans la sous-région. En plus de ce suprême privilège, il cumulait également les fonctions de président du parti, ce qui faisait virtuellement de lui, le candidat naturel de cette formation majoritaire. Mais comme vous le savez surement, la suite du psychodrame est largement connue. En 2002 ces mêmes scrutateurs assisteront médusés et interloqués à l’impensable création de la fameuse coalition Espoir 2002 regroupant le RPM, le Cnid et le Mpr, , deux partis membres du COPPO, ce farouche regroupement politique de l’opposition dite radicale. Faisant fi de toute considération psychologique et passionnelle, ils acceptèrent par pur « réalisme politique » de s’allier avec le « diable », ( le mot n’était pourtant pas trop fort ), histoire de survivre dignement aux conséquences combien désastreuses d’un boycott consécutif à la douloureuse crise.
Pour faire court, après les tentatives infructueuses de 2002 et 2007, le patron du RPM peut-il (enfin !) croire à l’accomplissement de son destin ? Quant on sait qu’à la faveur du coup d’Etat, son capital de sympathie a visiblement augmenté d’un cran, une belle bouffée d’optimisme pour celui qui reste à première vue celui qui conserve ou incarne encore le plus de chance de devenir le cinquième président démocratiquement élu de notre pays. Pour une raison aussi simple que Dioncounda Traoré l’ex-candidat issu des primaires du parti majoritaire est désormais mis hors jeu à cause de son poste de président intérimaire. Mais attention ! Même s’il ne peut plus être candidat il conserve néanmoins ce redoutable privilège d’être un vrai faiseur de rois, tant au niveau de sa propre formation (pour le choix d’un prochain candidat du parti, que sur le plan national. Avec cependant cette certitude qu’aucune formation politique prise individuellement ne peut gagner seule les futures élections présidentielles. Du coup, la mise en place effective des alliances électorales s’avère indispensable pour pouvoir remporter un prochain succès électoral.
Que va-t-il se passer si Soumaila Cissé revenait aujourd’hui au bercail ? Serait-il encore inquiété pour sa sécurité? De nombreuses spéculations vont bon train à ce sujet, sans que l’on sache vraiment à quelle sauce il sera mangé. Toutefois on peut dire sans le moindre risque de se tromper, que la rupture parait définitivement consommée entre les principaux auteurs du coup de force du 22mars et l’enfant de Niafunké. La simple idée de voir Soumaila Cissé accéder à la tête de la magistrature suprême de notre pays continue encore de hanter le sommeil de quelques trublions de la junte l’ayant contraint à un exil forcé sur les bords de la seine. Mais si « Soumi champion » n’est pas candidat, son élimination pourrait bien profiter à qui ? Quant on sait que ni Dioncounda Traoré, ni Cheick Modibo Diarra ne peuvent plus (tout au moins en théorie) se présenter à la future élection présidentielle. Le coup de force du 22mars est passé par là, et au regard des différentes péripéties qui ont rythmé cette période assez particulière de notre pays, l’on est en droit de penser à une très probable alliance au sommet entre l’Adema et L’URD en vue des prochaines élections présidentielles. Voilà en somme un scenario presque catastrophe, qui mettrait un violent et irrémédiable coup d’arrêt à toute ambition présidentielle d’IBK, tout au moins par la voix des urnes. , il sonnerait également le glas à sa carrière politique, dont le summum aura été sa présidence à la tête de l’Assemblée nationale de 2002à 2007, la même année ou il accepta sans grande conviction d’aller aux élections contre ATT. Cinq ans plutôt, ce grand « démocrate » avait pourtant fait le choix pour le moins « réaliste »ou « diplomatique »(le piston de Bongo Odimba) de soutenir un indépendant en la personne d’ATT contre le candidat officiel et légitime du parti de l’abeille Soumaila Cissé. La raison tenait plus à des considérations purement psychologiques que politiques .Une inimitié presque viscérale a toujours existé entre ce prince du Mandé et ce puissant clan CMDT, dont l’une des têtes de proue n’est autre que Ousmane Sy, promu récemment secrétaire général de la présidence.
Ce proche de Dioncounda ne manque pas d’ambitions, ni d’ailleurs d’idées novatrices pour revitaliser le parti de l’abeille, mais à quel prix ? Très proche de Soumaila Cissé, il pourrait éventuellement jouer un rôle éminent dans le rapprochement entre les deux formations politiques au cas ou…... C’est ce même Ousmane SY qui en sa qualité de ministre chargé des élections avait organisé les élections présidentielles de 2002. La suite est abondamment connue.
IBK peut-il compter sur le soutien combien important de Modibo Sidibé, ce proche de l’ex président ATT et de Alpha Oumar Konaré? Car si à la différence de Soumaila , il ne dispose pas encore d’une grande formation politique assez représentative sur la plan national ( même si secret de polichinelle , de nombreuses formations lilliputiennes avaient émergé (ex-nihilo) du paysage politique , pour le soutenir), ce peulh du Wassoulou ne manque pas de partisans, ni d’ailleurs de soutiens assez discrets et tapis dans les plus hautes sphères de l’Etat . En l’absence d’aucune poursuite judiciaire diligentée contre sa personne, rien n’interdirait à ce grand commis de l’Etat, à la carrière ministérielle riche et exceptionnelle, de vouloir monter à l’assaut de Koulouba sur ces terres qui lui sont si familières .
Le soutien des religieux à IBK : un couteau à double tranchant ?
Devant ce nouveau big bang crée par le coup de force militaire du 22 mars, IBK est sans doute le leader politique qui espère tirer le plus grand profit de cette situation quelque peu « Abracadabrantesque » comme le dirait si bien l’autre .Car en plus de l’énorme capital de sympathie dont il jouit auprès de la soldatesque ,il dispose également de grands relais de soutien au sein du haut conseil islamique .Un privilège à relativiser néanmoins car partageant celui-ci avec le lumineux Me Mountaga Tall, président du parti du soleil levant et premier leader politique à vouloir réclamer la légalisation du mariage religieux dans notre pays.
L’initiative paraissait (si) précoce et hardie à cette époque-là, que les contempteurs du célèbre avocat l’accusèrent subrepticement de vouloir ainsi instrumentaliser la religion à des fins électoralistes ou de faire plutôt usage d’un pernicieux mélange de genres. Rappelez-vous, ce parti a été aussi le premier à créer un site internet dans notre pays. Le désir de montrer toujours l’exemple?
L’autre malheur d’IBK, c’est d’être aussi l’ami de Laurent Gbagbo (A suivre !)
Bacary Camara