Le mouvement insurrectionnel opéré par le peuple malien en mars 1991, ayant abouti au renversement du régime militaro-fasciste, dirigé par Moussa Traoré, a fait rêver la nation malienne d’un lendemain meilleur : «Nous ne voulons plus de l’ancien mais nous aspirons au renouveau».
![IBK](http://www.maliweb.net/wp-content/news/images/2013/08/IBK2.jpg)
Cependant, les attentes du peuple malien ont-elles été comblées ? Certainement pas. L’esprit du 26 mars 1991 fut trahi par les soit- disant démocrates de la 25è heure, les anciens UDPMISTES qui ont vite changé de vestes et les opportunistes, qui n’avaient nullement le sens de l’Etat car n’étant pour la plupart que de simples profiteurs et jouisseurs.
Alpha Oumar Konaré, bavard plus que bâtisseur et Amadou Toumani Touré (ATT), le prototype du dirigeant populiste, n’ont jamais été à la hauteur dans l’exercice de leur fonction de président de la République. Les deux grosses erreurs commises par le peuple malien, c’est d’avoir choisi ces deux messieurs. Sous leurs règnes, le pays est tombé dans la déchéance, car aucun des deux n’avait ni une vision claire, ni un projet de société, encore moins de programme pour le Mali. Malheureusement, ils ont bénéficié de l’accompagnement, du soutien, de la bénédiction et de la complicité des hommes d’Etat et politicards ne voyant pas plus loin que leur nez.
Alpha échoua lamentablement aux niveaux de l’école et de l’armée. N’importe qui était accepté pour enseigner ; l’armée fut clochardisée et fortement bureaucratisée avec des officiers de salon.
Au nom d’un consensus
politique prôné par A.T.T, fondé sur la démagogie, l’hypocrisie et le mensonge, ces fossoyeurs de deniers publics ont voulu faire du Mali leur chasse-gardée, cherchant ainsi à sauvegarder leurs intérêts sordides et égoïstes au détriment de ceux du peuple.
Ayant mis le pays à genou, car tous comptables de la gestion scandaleuse, ils devraient, au nom de la conscience humaine et au nom du respect pour le peuple, faire leur mea-culpa et quitter pour de bon la scène politique malienne. Ils auraient ainsi fait œuvre utile à la nation. Sans cette espèce de racaille de politiciens, le Mali gagnera.
Il est grand temps de faire la politique autrement au Mali, au nom du renouveau. Peut-on y arriver, l’espoir est-il permis ? Le peuple malien, souverain, vient de porter son choix sur Ibrahim Boubacar Keïta, allias IBK à la tête de l’Etat, un produit du système mafieux (conseiller à la présidence de la République, ambassadeur, ministre, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale).
Alors ce
questionnement s’impose à nous : IBK sera-t-il l’homme de la rupture et du changement, l’homme de la providence, autrement dit le sauveur de la nation ? IBK qui a su lier des alliances aux intérêts antagonistes pour arriver à Koulouba, sera-t-il à la hauteur pour relever les grands défis qui l’attendent et qui sont entre autres, la restauration de l’Etat, la réconciliation des cœurs et des esprits, les questions sécuritaire et alimentaire, la lutte contre la corruption et l’impunité, la bonne gouvernance, la refondation du système éducatif, la bonne distribution de la justice, l’emploi des jeunes, la santé, la reconversion des mentalités et des comportements, etc. ? Pourra-t-on bâtir le nouveau à partir de l’ancien ?
Mais puisque la pourriture est parfois le laboratoire de la vie, comme le disait Karl Marx , nous osons espérer que IBK sera capable de distinguer la bonne graine de l’ivraie lors du choix des hommes et des femmes qui auront la lourde tâche de conduire le Mali pendant son quinquennat. Que IBK fasse beaucoup attention pour ne pas tomber dans le même piège que ATT, qui au nom d’un consensus politique honteux et faux, a échoué parce que le propre du médiocre, c’est de vouloir gouverner avec tous. Peut- on mettre dans un même enclos des hyènes et des chèvres ?
La réussite ou l’échec du nouveau président élu avec un score confortable et légitimateur, dépendra en partie de la qualité des hommes et des femmes qu’il aura choisis. Alors que IBK sache raison garder, car les «
fauves politiques» et les politiciens «
CUBE JUMBO» ayant ni foi, ni loi sont déjà aux aguets pour les postes ministériels et autres. Le bourgeois malien réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ? Les jours, les mois et les années à venir nous édifierons certainement. IBK doit pouvoir s’assumer pour ne pas décevoir un peuple trahi par ses propres enfants.
Au nouvel homme fort, la partie saine du peuple souhaite bonne chance et plein succès pour la réalisation d’un Mali épanoui, libre et démocratique. Dans ce monde de tumultes, où rien ne reste ce qu’il était, là où il était et comme il était, mais où tout se meut, change et devient, le Mali tanguera mais le Mali ne chavirera jamais.
N’Golo Marc DEMBELE, Enseignant au LBAD