Immixtion du CNRDRE dans la gestion du pouvoir : Un autre coup d’Etat en gestation

Avr 26, 2012 - 18:50
Avr 27, 2012 - 03:40
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L'Accord Cadre conclu entre la junte malienne et la CEDEAO  octroie l'amnistie aux militaires qui ont mené le coup d'Etat contre le Général ATT le 22 mars 2012. Le capitaine Sanogo, qui a dirigé cette junte, doit désormais se retirer au profit du président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, qui a été investi le 12 avril dernier, président par intérim de la République du Mali. Mais, voilà qu’après une période de crispation avec le coup d’Etat et l’embargo total de la CEDEAO, on est passé à une décrispation avec le retour à l’ordre constitutionnelle. Revoici le pays crispé, sidéré et ahuri par la vague d’arrestations des hommes politiques par les membres du CNRDRE. La période intérimaire que dirige aujourd’hui le Professeur Dioncounda Traoré, doit s'achever, selon la Constitution de février 1992 dans les 40 jours suivant son investiture, par la pacification du pays, l’organisation des élections présidentielle et législatives. Cette  mission assignée au Professeur Dioncounda, relève pour le moment de l’utopie étant donné que les trois villes du nord (Gao, Tombouctou et Kidal) demeurent aux mains des rebelles et que le retour au bercail des refugiés n’est pas pour demain. Dans cette condition, le président par intérim, Dioncounda Traoré va-t-il conduire la Transition avec son Premier Ministre Cheick Modibo Diarra, après les 40 jours qui lui sont accordés ? A cette question, le Front pour la sauvegarde de la Démocratie et la République répond par l’affirmative. Ce Front estime qu’il faut accorder le temps  nécessaire au président de la République intérimaire pour résoudre les problèmes de la Nation, notamment celui du Nord et organiser les élections avant de rendre le pouvoir au nouveau président qui sera démocratiquement élu par le peuple malien. Les autorités intérimaires ont donc pour mission de tenter de pacifier le Nord, qui a achevé de tomber aux mains de rebelles touareg, d'islamistes armés et de divers groupes criminels après l'entrée en scène des putschistes, qui prétendaient pourtant en finir avec "l'incompétence" d'ATT sur ce dossier.   Mais le hic aujourd’hui, c’est que la junte militaire soutenue par le MP-22 présidé par Oumar Mariko n’entend pas regagner les casernes. Pour elle, il faut rester dans le cadre strict de la Constitution de février 1992. Or, cette Constitution n’a pas prévu ce genre de situation que vit actuellement notre pays. La junte militaire entend récupérer le pouvoir après les 40 jours de Dioncounda Traoré, certainement une fois encore par la force, pour gouverner le pays. De toutes les façons, les tractations se poursuivent après celles de Ouagadougou qui ont permis la nomination d’un Premier Ministre en la personne de l’astrophysicien Cheick Modibo Diarra qui a été suivi de la nomination des ministres moins de 10 jours après. Il est donc fort à craindre que l’on ne retombe dans le triste scénario du 22 mars 2012 qui a conduit à la chute du régime d’ATT et l’embargo total de la CEDEAO qui failli asphyxier le Mali. Fort heureusement, celui-ci a été levé après que la Communauté internationale ait sommé le putschiste Sanogo à mettre tout en œuvre pour le retour à l’ordre constitutionnel. Chose qui a été faite aujourd’hui. Le Capitaine Sanogo et ses acolytes doivent savoir écouter la Communauté internationale, notamment la CEDEAO, en regagnant les casernes. Au risque de nouvelles sanctions qui risqueront de sombrer le Mali dans le chaos. En effet, on se rappelle encore que lors de la dernière conférence de presse avec la presse nationale, le chef des putschistes, Amadou Haya Sanogo s'était personnellement engagé «à respecter dans son intégralité» l'Accord Cadre signé avec la CEDEAO et avait promis une  «tolérance zéro» à ceux qui chercheraient à entraver son exécution. Et du côté de la médiation, menée par le Burkina Faso au nom de la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), on espérait que le premier Conseil des Ministres allait se tenir avant le week-end dernier pour que les choses rentrent définitivement dans l’ordre. Mais, selon certains observateurs de la scène politique malienne, le CNRDRE n’est pas prêt à s’effacer. Toujours est-il qu’avec le retour à l’ordre constitutionnel, l’investiture du président de la République du Mali par intérim et la nomination d’un Premier Ministre, la junte doit s’effacer au sommet de l’Etat. Pourra-t-elle opter pour cette voie de la sagesse et sortir par la grande porte ? Nous le saurons dans les jours et semaines à venir ! Bruno LOMA

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