Impasse autour de la candidature à la présidentielle du 29 avril : Lassitude et démotivation dans les rangs du parti
Si le parti pour lé développement économique et la solidarité (PDES) s'est, le plus tôt, prononcé clairement pour une mobilisation massive en vue du oui au référendum du 29 avril, par rapport à sa participation à la présidentielle de la même date,c’est l’indécision voire la confusion. Il semble que c'est le prix à payer à une certaine loyauté au président de la République, le maître incontesté à bord du navire PDES.
Le mentor du PDES, qui se trouve être le président de la République, Amadou Toumani Touré, a fini par calmer les ardeurs dans le débat de positionnement au sein de ce parti par rapport à sa candidature à la présidentielle du 29 avril prochain.
C'était à la veille de la convention nationale de cette formation politique, tenue à Bamako les 17 et 18 décembre 2011. En sifflant de la sorte la fin de ce qui était apparu comme une guerre larvée entre trois pôles de leaders conduits par le premier vice-président Jeamille Bittar, le président d'honneur Hamed Sow et le président du parti Ahmed Diané Séméga, ATT a seulement eu le mérite de décréter un stand by avant la reprise des hostilités à l'approche du 29 avril.
De sources dignes de foi, l'actuel locataire du Palais de Koulouba a clairement intimé aux cadres du PDES de mettre balle à terre et faire, pour le moment, l'impasse autour de la question de la candidature à la prochaine présidentielle. " Pour le moment " ! Puisque, assure-t-on, l'horizon politique va nécessairement se dégager et, "les simples faits et gestes " du faiseur de roi qu'ATT est, devraient situer les uns et les autres sur sa supposée sympathie envers tel ou tel candidat déclaré ou potentiel.
Or, des objections d'impatience et de lassitude fusent déjà de part et d'autre du PDES. Des récriminations du genre "on ne saurait créer un parti et attendre qu'un timonier donne des instructions pour tout ce que le parti doit faire " résonnent déjà comme des reproches d'un excès de paternalisme qui paralyse le parti.
Certains députés et plusieurs jeunes décidés à faire entendre leur voix et peser de tout leur poids dans les prochaines joutes électorales piaffent d'impatience et n'hésitent pas à dénoncer en sourdine «une prise en otage de la formation politique qui revendique le mieux l'héritage politique du soldat de la démocratie».
«Si à trois mois de l'élection présidentielle, notre parti n'a encore aucune position et ne sait d'ailleurs pas sur quel pied danser, nous croyons simplement qu'on essaie de nous gruger ", protestent plusieurs militants. Ceux-ci, assistant à la fièvre de la précampagne électorale avec meetings et autres rentrées politiques de différents états-majors politiques sur le terrain, semblent désabusés par l’attentisme observé par le Comité directeur national du PDES. Ces états d'âme poussent, en effet, à s'interroger sur les raisons profondes de ce que certains observateurs appellent «une infantilisation du parti présidentiel».
Il semble que le seul souci du président ATT en tapant du poing sur la table devant Jeamille Bittar, Ahmed Diané Séméga et Hamed Sow est sa volonté de " ramener l'unité et la cohésion au sein du parti ". C'est du moins ce qu'a affirmé Amadou Koïta, le président de l'Union des mouvements et associations pour le Mali (UMAM), un lieutenant de Bittar, dans une récente interview dans nos colonnes. Mais, certains analystes laissent entendre que par cette prise de responsabilité, ATT renvoyait dos à dos les trois prétendants dans leur désir d’être le porte-étendard du parti.
En clair, le mentor n'est ni pour une candidature du président du parti, Ahmed Diané Séméga, encore moins pour celles du premier vice-président Jeamille Bittar ou du président d'honneur Hamed Sow. En d'autres termes, le locataire de la colline du pouvoir serait dans la logique d'une candidature externe au parti sur la base d'une alliance politique susceptible de gagner cette élection. Qui pourrait être le candidat susceptible de bénéficier de la confiance d'ATT pour qu'il instruise ses héritiers de l'épauler ? Les plus audacieux citent les noms de Soumaïla Cissé de l'URD, Ibrahim Boubacar Kéita du RPM, Modibo Sidibé et Pr Dioncounda Traoré de l'Adéma.
Il semble donc que le chef de l'Etat est lui-même indécis et devrait d'abord passer au crible un faisceau d'indices avant de se livrer éventuellement aux fameux " faits et gestes " équivalents à des consignes au PDES concernant la prochaine présidentielle. Mais, d'ici là, les caciques du l'ancien clan Bittar pourraient céder à la tentation de voler de leurs propres ailes… C'est dans ce sens qu'on annonce une possible déclaration de candidature de Jeamille Bittar avant le 15 février prochain. Une annonce qui, à bien l'analyser, ressemble plus à un ultimatum qu'à autre chose.
Bruno D SEGBEDJI
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